'Si je suis vigneron en 2004, c'est parce que cela fait un siècle que des vignerons manifestent dans la rue , estime Philippe Vergnes, président du Syndicat des vignerons de l'Aude. S'il n'y a pas de rapport de force, sans violence, avec les pouvoirs publics, on n'avance pas. ' Cet état d'esprit, jusqu'ici réservé à une minorité de vignerons, gagne du terrain avec la crise qui met en péril un grand nombre d'exploitations. Pendant deux décennies, la viticulture a toujours mis en avant le partenariat avec l'administration, la gestion en bonne intelligence, à l'opposé du déversement de lisier devant les préfectures. Elle a toujours souligné l'absence d'aides publiques - ce qui est partiellement vrai - à l'opposé des autres productions agricoles. Seulement, depuis quelques années, la donne a changé. La santé est devenue un objectif majeur dans notre pays, avec son corollaire d'attaques contre le vin. Le lobby viticole a perdu de son lustre, au profit des puissantes associations antialcooliques. La campagne médiatique, à la suite de l'assouplissement de la loi Evin, en est la plus éclatante démonstration.
De nombreux vignerons se sentent isolés et incompris par leur syndicat et leur comité interprofessionnel. Pour des raisons historiques, ils ne se retrouvent pas non plus dans les syndicats à vocation générale, même si la FNSEA fait des efforts de rapprochement. Reste donc la rue pour s'exprimer et obtenir des gestes des pouvoirs publics.