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La grêle m'a fait mal !

La vigne - n°162 - février 2005 - page 0

Le domaine Romanesca a subi de plein fouet un orage de grêle en 2003, alors que sa situation financière était déjà tendue. Pour passer ce cap difficile, Guy Chastel a fait appel au contrat Qualité plus mis en place en Bourgogne.

'Digérer les difficultés financières. ' Voilà les voeux, pour 2005, exprimés par Guy Chastel, du domaine Romanesca. Il a 53 ans, son épouse Ferréole 48 ans. Ils ont huit enfants. L'exploitation comporte 7,14 ha de vigne en appellation Moulin-à-Vent à Romanèche-Thorins. En juillet 2003, elle a subi de plein fouet un orage de grêle, alors que leur situation financière était déjà tendue.
Guy Chastel a créé son domaine de toutes pièces en 1979. Il n'est pas fils de vigneron. Il est né en Allemagne. Il a vécu toute son enfance à l'étranger. En 1979, après une formation au CFPPA de Davayé, complétée par un stage pratique au château de Pizay, il s'installe vigneron dans le Beaujolais. Il reprend en métayage 4,7 ha en Moulin-à-Vent. Jusque-là, ils étaient gérés par un grand oncle. Guy Chastel commence immédiatement la mise en bouteilles, en petites quantités (2 000 cols). Aujourd'hui, il vend le quart de la production (100 hl) en bouteilles. 1996 marque un vrai tournant. Guy Chastel achète 2,4 ha de vigne en AOC Moulin-à-Vent et les bâtiments actuels du domaine pour 183 000 euros. Les 4,7 ha passent en fermage.

En 1997, il installe huit cuves en béton (500 hl) et des cuves de stockage en acier recouvertes d'époxy (130 hl). La facture atteint 46 000 euros, auxquels s'ajoute un système de refroidissement (6 100 euros) et un pressoir Vaslin de 32 hl. Le fermage s'élève à l'équivalent de 12 hl/ha/an.
A partir de cette époque, l'endettement de l'exploitation devient lourd. Il atteint 35 % du chiffre d'affaires. Les charges de remboursement s'élèvent à 38 000 euros par an, jusqu'en 2008.
En 1998, pour assurer ses débouchés, Guy Chastel établit un ' vrai partenariat ' avec la maison Pellerin (groupe Boisset). Il signe un contrat triennal, renouvelable tous les ans par tacite reconduction. Ce contrat ' de traçabilité ' porte sur tout son vrac. Le négociant lui achète 300 hl/an, au prix moyen du marché enregistré par l'interprofession, complété d'une prime ' traçabilité et domaine ' de 10 euros/hl. ' J'ai adhéré en toute conscience ', précise-t-il. Il notait déjà toutes ses interventions. Il apprécie les échanges avec l'oenologue qui assure un suivi pendant les vinifications.
En 2000 et 2001, il ' passe au travers ' des tensions sur le marché et commercialise tout son vrac à la moyenne des cours, comme convenu. Mais ' les annuités du foncier pèsent '. C'est dans ce contexte, le 16 juillet 2003, que la grêle s'abat sur sa commune, suivie de la canicule qui détruit le peu qui restait. Guy Chastel récolte 27 hl en tout et pour tout, au lieu des 400 hl attendus (56 hl/ha en moyenne). Une catastrophe ! La situation financière devient tendue. Guy Chastel se demande s'il doit réorganiser son domaine, repenser la structure de l'exploitation.

En septembre 2003, il sollicite le contrat Qualité plus. Il bénéficie d'un report de paiement du solde des cotisations MSA. Il devait régler 6 100 euros à la fin du premier trimestre 2004. Il aura jusqu'à septembre pour le faire. En 2003, il a payé 17 600 euros de cotisations au total. Il obtient aussi des facilités pour le règlement des 13 600 euros de solde de la TVA. Il devait verser cette somme en mai 2004. Il pourra rembourser sur neuf mois, de janvier à septembre. De plus, l'administration lui accorde une remise de 60 % sur les pénalités de retard de paiement de la TVA, mais il doit débourser, à ce titre, 600 euros supplémentaires. Il touche une subvention de 400 euros pour le remboursement d'intérêts d'emprunt sur du matériel.
Enfin, fin juillet 2004, il contracte un prêt de trésorerie de 15 000 euros, au taux préférentiel de 2,5 % pour lever la récolte, payer les vendangeurs et les fournisseurs. En outre, en raison de la canicule, il bénéficie d'un dégrèvement de 100 % sur les taxes foncières sur le non-bâti et d'une indemnité de 8 000 euros touchée en deux fois (janvier et juin). Chat échaudé craint l'eau froide : depuis 2004, il s'est assuré contre la grêle sur l'ensemble de ses parcelles pour 3 000 euros/an en contrat triennal. Toutes ces aides lui apportent une bouffée d'oxygène pour passer le cap.
Guy Chastel se prépare à gérer une rupture de stocks en 2005. Il ne lui reste guère que 6 000 bouteilles de 2002, plus rien en 2001 et 2003. Il a immédiatement prévenu ses six importateurs de la situation. Un temps, il s'est demandé s'il n'allait pas vinifier le millésime 2004 de manière plus souple, mais il a préféré ' faire le pari de la continuité ', désireux d'offrir le même type de vins à ses clients. Il supprimera l'un des trois salons auxquels il participe tous les ans.

En revanche, le prix de vente aux particuliers restera identique. ' Le consommateur n'est pas responsable du fait que je n'étais pas assuré contre la grêle ou de la canicule. C'est un risque du métier. Lorsqu'on est paysan, on est soumis aux aléas de la nature . ' Dès que possible, il réduira ses coûts de revient en 1999, une étude comptable a montré qu'il était ' nettement au-dessus de ce qu'il pensait ', à 1,37 euros/bouteille TTC. Pour cela, il envisage de diminuer la densité de plantation, de passer au cordon de Royat, et de pratiquer l'enherbement naturel maîtrisé. ' La grêle nous a fait mal, mais on continue d'avancer . '


L'EXPLOITATION EN DATES
1979 : Création du domaine sur 4,7 ha de vigne en métayage
1982 : Création de la Cuma
1996 : Fermage sur 4,7 ha. Achat de 2,4 ha et de bâtiments
1997 : Réaménagement d'un chai
1998 : Partenariat avec Pellerin
2003 : Grêle contrat Qualité Plus
2004 : Récolte normale, échelonnement des dettes.




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