En quelques mois, Maurice Barbette a abandonné son métier de formateur pour devenir sculpteur. Il anime la face cachée des fûts. Bien lui en a pris : on le demande partout !
Il aime se définir comme un ' relookeur ' de barriques. Et de fait, le sculpteur Maurice Barbette, installé à Saint-Selve (Gironde), s'inspire en partie de l'univers du vin. Il rend ' hommage aux vignerons du monde entier ' à travers ses ' douellemen ', des visages stylisés sur des douelles de barriques. En plus des douelles, il emploie de l'acier inoxydable provenant de cuves, et du verre. Avec humour et élégance, de manière originale, il met ainsi en lumière ce qu'il appelle ' la face cachée des barriques. J'assemble les matériaux comme les vignerons assemblent leurs vins, l'Inox pour l'esthétisme, le bois pour la chaleur, le verre pour la transparence et l'éclat '.
En fait, il donne une deuxième vie à tous ces matériaux. Le clin d'oeil au milieu du vin s'arrête là. Ses sculptures s'inspirent directement des rêves du monde contemporain et de la vie quotidienne : une mission sur Mars, des personnages dans le métro, des scènes simples comme un homme qui renoue sa cravate, refait ses lacets ou boit un petit noir à la terrasse d'un café.
Son parcours est un vrai conte de fées. Jusqu'en 2001, Maurice Barbette est responsable d'un centre de formation en automobile. A l'en croire, il n'a jamais sculpté, ni même mis les pieds dans une exposition. Et lorsqu'il le fait, le 13 juillet 2000, il a ' une révélation '. Dans la foulée, il bricole dans son garage une sculpture monumentale avec des matériaux de récupération. L'oeuvre fait l'unanimité auprès de ses amis. Des voisins, Michael et Patricia Paetzold, patrons d'une entreprise de matériel vinicole, reconnaissent en lui ' un vrai talent de créateur '. Michael Paetzold lui propose de travailler dans ses ateliers, à Cadaujac (Gironde).
En quelques mois, Maurice Barbette devient sculpteur. Ses premières vraies pièces sont un mur de fûts de 3 × 3 m, qui symbolise les quatre saisons de la vigne et les ' douellemen '. Il apprécie l'Inox, sa pureté, sa douceur ' que l'on n'a pas dans le métal oxydé. Il permet de travailler vite et bien '. Il aime sa résistance. C'est ' un duel, un combat. Je ne peux pas travailler l'argile, c'est trop mou. Le marbre, c'est trop dur '. Il prend une plaque, la dessine directement, la découpe avec un disque électrique, la tord, lui donne la forme, assemble les morceaux, les soude, les meule, les ponce, les polit... la routine quoi ! ' Le plus long, c'est la finition . '
Côté bois, il démonte les barriques qu'on lui donne, sélectionne les meilleures douelles, les plus larges. Il découpe les autres en petits morceaux, qui serviront à réaliser les ' bouilles '.
' J'aime créer la surprise lorsque les amateurs visitent mes expositions. J'entends développer au moins deux collections différentes par an, façon haute couture . ' Il participe à des festivals de sculptures, des galeries le demandent à Megève, à Deauville, il expose au salon d'Automne à Paris, en Andorre, à Shanghai, à Rotterdam, à Anvers... ' Tout s'est enchaîné avec une facilité déconcertante , reconnaît-il, convaincu qu'en partant de rien et en n'y connaissant rien, on peut arriver à ses fins . '