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La vitrine virtuelle commence à faire vendre

La vigne - n°163 - mars 2005 - page 0

La fréquentation des sites de vignerons augmente et la vente en ligne fait une timide percée. Pour une réelle efficacité, il faut être attractif et maintenir le lien avec les internautes.

'Nous avons créé notre site internet pour avoir un outil de communication visible par de nombreuses personnes, partout dans le monde ', expose Valérie Baudoin, du château Croute Charlus, à Bourg-sur-Gironde. La remarque est récurrente. Pour la majorité des vignerons qui ont choisi de se doter d'un site, intégrant ou non la vente en ligne, internet est un outil de plus dans la panoplie des moyens de communication existants. Il s'ajoute aux dépliants, plaquettes et autres publicités... avec, comme principaux avantages, sa rapidité et son côté pratique. ' Lorsque je me déplace sur des salons professionnels, je montre le site à mes clients, ajoute Valérie Baudoin. Ils peuvent visualiser le domaine, sa situation géographique, la gamme de vin... C'est un argument commercial supplémentaire. '
A Chablis, Jean-Paul Durup, de la SA Jean Durup, ajoute : ' Notre site nous a permis de toucher un public qui n'aurait pas eu forcément connaissance de nos vins. '
Et cela devrait se poursuivre. Les internautes sont de plus en plus nombreux en France. ' C'est très sensible depuis l'année 2003 , note Philippe Hugon, directeur associé de Vinternet, spécialisé dans la création de site. Le nombre de visites s'est accru de 40 % par rapport à 2002, sur la moyenne de nos clients. '

Des freins ont sauté. L'accès à internet est moins coûteux et, parallèlement, les Français s'équipent davantage en ordinateur personnel. ' Internet nous a permis de trouver de nouveaux clients, confirme ainsi Virginie Amat, responsable de l'espace dégustation au château Calissanne, à Lançon-de-Provence. La preuve : ils viennent au caveau avec la liste des vins imprimés à partir de leur ordinateur. '
Bref, les retombées existent, à condition d'être bien positionné dans les fameux moteurs de recherche.
Lorsqu'un internaute recherche un vigneron au hasard, il tape par exemple ' vigneron à Bordeaux ' et une liste de sites s'affiche sur son écran. Mieux vaut être dans les tout premiers. ' Quand nous avons mis en place notre site il y a deux ans, nous arrivions en tête de cette liste , dit Valérie Baudoin. Cela a généré pas mal de ventes. Les internautes appelaient directement, car nous n'avons pas de boutique en ligne. Aujourd'hui, nous sommes moins bien placés et cela s'en ressent, les ventes ont diminué. '

Avec l'augmentation de la fréquentation des sites, l'achat en ligne fait une timide percée. ' Depuis deux ans, nous avons davantage de demandes, observe Jean-Paul Durup. Mais cela reste limité. Les clients recherchent encore le contact avec le vigneron. ' La vente en ligne ne dépasse pas, en moyenne, 1 à 2 % des ventes d'un domaine. D'ailleurs, de nombreux vignerons rechignent à ouvrir ce type de prestation. ' Il faut définir une stratégie de prix qui ne concurrence pas les distributeurs du domaine, fait valoir Sylvie Coulon, de l'agence Terre Neuve. Il faut savoir quelle gamme on veut mettre en ligne : celle commercialisée en grande distribution, au caveau... Enfin, il y a tout l'aspect logistique à prendre en compte : expédier six cols à l'autre bout de la France, gérer et suivre la prise de commande en ligne... '
Malgré les contraintes, certains n'hésitent plus à se lancer dans la vente en ligne. ' Nous sommes sur le point d'intégrer le paiement sécurisé, afin que les internautes puissent passer leurs commandes par carte de crédit , annonce Cyril Janisson, vigneron à Epernay (Marne). Nous espérons ainsi développer les ventes. Aujourd'hui, elles représentent 1 %. Nous souhaitons parvenir à 3 à 4 % d'ici à la fin de l'année, car nous allons surtout faciliter la vie à nos clients existants. Jusqu'à présent, ils devaient téléphoner ou, s'ils passaient par le net, ils devaient télécharger le bon de commande, le remplir et l'expédier par la poste avec leur chèque. '

Dans la foulée, Cyril Janisson va revoir de fond en comble son site pour le rendre plus attractif. ' Il constitue l'un des vecteurs de notre image de marque. Nous voulons lui donner un côté plus moderne , argumente Cyril Janisson. Les sites sur le vin sont nombreux, il est donc nécessaire de se démarquer. ' Etre attractif ne fait pas tout. ' On peut avoir le plus beau site du monde, si on ne le fait pas vivre, il ne sert à rien ', résume Sylvie Coulon.
Pour éviter l'écueil des moteurs de recherche, il faut s'atteler à sa promotion. ' Le nom de notre site est indiqué sur nos plaquettes, nos papiers à en-tête, nos publicités... mais aussi sur nos étiquettes de vin, nos cartons d'expédition... De nombreuses personnes se connectent ainsi directement. '

Une fois mis en ligne, le site internet exige aussi un travail de fond, et c'est souvent là que le bât blesse. ' Notre rubrique 'Actualité' n'est pas toujours à jour, confie Jean-Paul Durup. Dès qu'un événement intervient, une médaille, une récompense, une nouvelle cuvée... il faudrait le signaler, mais nous ne le faisons pas systématiquement, par oubli ou par manque de temps . ' Ces mises à jour intéressent et attirent l'internaute.
D'autres techniques permettent d'entretenir les contacts. C'est le cas des mailing on line, équivalents des mailing postaux. ' Nous allons demander à nos clients leur adresse e-mail. Dès que nous en aurons suffisamment, nous leur adresserons régulièrement des informations sur l'actualité du domaine et des offres promotionnelles à certaines périodes, comme la Saint-Valentin, la fête des pères... ', signale Cyril Janisson. Internet, c'est aussi un apprentissage à la vente... virtuelle.


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