ImprimerGrâce aux relevés par GPS, le vigneron connaît la superficie exacte à planter. Il peut définir le nombre de pieds, le nombre de rangs et leur longueur, en fonction de la densité et de l'orientation des rangs.
Le GPS (global positionning system) ou, en français, géolocalisation par satellites délivre les coordonnées géographiques d'un point en temps réel. Ses applications en agriculture et en viticulture sont nombreuses. La première est l'arpentage des parcelles et la détermination des surfaces réellement plantées. Une fonction particulièrement intéressante pour préparer les chantiers de plantation. ' Un vigneron fera une bonne plantation, s'il part d'éléments précis ', considère Cédrik Ferrero, géomètre-expert de la société Géosat (Gironde), qui travaille en partenariat avec Lamouroux. Pour ce faire, ce prestataire réalise un relevé sur la parcelle préparée et en détermine précisément les limites, grâce à un GPS différentiel qui donne une précision centimétrique.
Dans un deuxième temps, il réalise un maillage régulier à l'intérieur de la parcelle, afin de relever l'altitude en différents points. Puis, il demande au vigneron la largeur de tournière désirée, afin de définir la zone intérieure, qui sera plantée. Le vigneron intègre ces données dans un logiciel de traçabilité, comme Lavilog, qui possède une fonction de simulation de la plantation. Cet outil dessine les rangs en fonction du relief, de la densité et de l'exposition souhaités. Il calcule le nombre de pieds nécessaires et édite un rapport de simulation.
A partir de ces informations, le vigneron optimise sa plantation et sa commande de fournitures. C'est ce que fait Jean-Luc Zell, directeur du château d'Agassac (Gironde), depuis 1998.
' L'utilisation du GPS dans le cadre de la plantation m'a permis de bien budgéter les frais et de faire du prévisionnel. Par contre, cela ne m'a pas procuré de gain économique, au niveau des fournitures car, même si j'achète trop de piquets ou de fils, ils ne sont pas perdus. Je m'en sers plus tard. Là où ça pourrait avoir un avantage, c'est pour l'achat des plants, mais comme je fais venir un pépiniériste, il ne me facture que ce qu'il plante. Sur le plan technique, le GPS permet de positionner les chemins aux endroits les plus opportuns, afin de limiter leur surface, et d'avoir un minimum de rangs courts . '
Jérôme Margnat, propriétaire du château La Borie (Vaucluse), confirme l'intérêt de l'outil. ' Les relevés GPS permettent de connaître précisemment les superficies. Lavilog propose plusieurs hypothèses de plantation, sans que cela soit fastidieux. C'est une base de données réelles. Grâce à elle, j'optimise ma commande de fournitures. Au lieu d'avoir une tolérance de 10 %, j'ai une tolérance de 1 % . '
Jean-Pierre Dulout, de la société Satplan, émet toutefois des réserves. ' Il faut qu'avec le logiciel, le vigneron puisse paramétrer différentes distances entre les rangs et entre les pieds. Or, à ma connaissance, tous les logiciels ne le font pas . '
Au-delà de la préparation des chantiers, le GPS est également très avantageux lorsqu'il équipe les planteuses. Lors du salon Vinitech, Wagner Pflanzen Technik GmbH (Allemagne) présentait l'une de ses machines équipées de l'IPS-Drive, un GPS avec une précision centimétrique. Elle est commercialisée à partir de 97 000 euros. L'utilisateur programme la machine en rentrant l'espace interrang et intercep qu'il souhaite, ainsi que les coordonnées de deux points de la parcelle pour aligner tous les rangs. La machine crée ainsi une parcelle virtuelle, sur laquelle elle se base pour planter les pieds. Ce système permet de s'affranchir du laser, qui présente plusieurs inconvénients. Il nécessite un prétraçage au sol, n'aligne que dans un sens, doit être déplacé à chaque ligne et est peu adapté aux parcelles en dénivellé ou longues.
Le GPS peut équiper toutes les planteuses existantes. La société Trimble France est, depuis sept ans, spécialisée dans le guidage automatique des tracteurs. Elle a mis au point des systèmes permettant l'entière automatisation de la plantation. Ils déclenchent un cycle de plantation (plantation du tuteur, du plant de vigne et de l'arrosage pour les plus sophistiqués), lorsque la machine arrive au bon endroit.
Le chauffeur peut démarrer la plantation où il veut. A l'aide d'un écran de contrôle, il visualise la parcelle virtuellement. Le contrôleur de navigation, qui gère le tangage de l'antenne satellite, assure une précision parfaite.
Georges Mandrafina est entrepreneur en Dordogne. Il a fait équiper ses planteuses d'un GPS RTK de la société Trimble, pour un coût de 65 000 à 70 000 euros. ' Il se compose d'une base que l'on positionne au sol, d'une base embarquée sur la machine, et d'un système qui fait la relation entre les deux. Lorsqu'on veut planter une parcelle, il suffit de positionner la base dans un endroit dégagé, autour de laquelle on peut travailler dans un rayon de 30 km. Ensuite, on fait le tour de la parcelle avec la planteuse, pour établir le tracé. On enregistre les coordonnées du terrain et les écartements. Il n'y a plus besoin de prendre des mesures manuelles. Avant, il fallait 1 h 30 à 2 h en fonction des parcelles pour tracer un hectare planté à 3 m. Maintenant, cela prend 5 min. En plus, lorsque l'on faisait un tracé manuel, tout était fonction de la personne qui le faisait. Des erreurs étaient possibles. Là, avec le GPS, le risque d'erreur est nul. On peut aussi travailler la nuit ou par temps de brouillard. On augmente le temps et la capacité de travail ', témoigne Georges Mandrafina. Bref, le retour sur investissement est rapide. La dernière application du GPS est d'assurer l'alignement des piquets de palissage.
Denis Monnier est entrepreneur dans le Vaucluse. Il a acheté un porte-outils enjambeur Portil, sur lequel il a fait monter un enfonce-pieux Yanigav et un GPS RTK Leica, qui donne une précision au centimètre. Un logiciel informatique gère le système. L'investissement est de 150 000 euros. ' Ce dispositif me permet d'avoir un alignement des piquets parfait. Je plante au centimètre près sans cordeau, sans laser. Je gagne en temps et en qualité de travail. Mon souci était d'aligner des piquets là où des pieds avaient déjà été plantés à la main. C'est le logiciel qui permet de le faire ', déclare-t-il.
