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Nous avons fusionné nos exploitations

La vigne - n°164 - avril 2005 - page 0

Jusqu'en 2003, Jean-Martin Dutour et Christophe Baudry exploitaient chacun 40 ha en appellation Chinon. Ils ont décidé de fusionner pour se spécialiser dans leur domaine de prédilection.

'Je déteste la commercialisation alors que Christophe s'en occupe très bien, explique Jean-Martin Dutour (à gauche sur notre photo). En revanche, j'adore le travail dans les vignes. ' ' Tout ce que l'un n'aime pas faire, l'autre le fait très bien ', complète Christophe Baudry. Las de devoir être tour à tour cultivateurs, vinificateurs et commerciaux, ces deux vignerons décident de fusionner en juillet 2003. Ils sont à la tête de deux exploitations voisines, situées dans l'appellation Chinon.
Le domaine de La Perrière, à Cravant-les-Coteaux, est la propriété familiale des Baudry. Le domaine du Roncée, à Panzoult, est dirigé par Jean-Martin Dutour. Désormais, l'exploitation et la commercialisation des deux domaines se font ensemble. Ainsi, chacun a pu se spécialiser et trouver sa place : Jean-Martin est responsable des vignobles, Christophe de la commercialisation. Ils se retrouvent au chai. Ils vinifient séparément les récoltes, mais décident ensemble de la conduite des vinifications. Chaque domaine continue donc de proposer ses vins. Et pour bien marquer la nouvelle façon de travailler, les étiquettes portent la signature des deux vignerons.
En 1993, Jean-Martin Dutour prend la direction du domaine du Roncée. Il a fait des études d'ingénieur et d'oenologue à Montpellier. Il a terminé une première vinification à Châteauneuf-du-Pape. Christophe Baudry est le premier à l'accueillir : ' Avec Jean-Martin, j'ai découvert une autre philosophie de travail dans les vignes. '

Le nouveau venu insiste sur l'ébourgeonnage et introduit la vendange négative sur le domaine du Roncée. Désormais, il applique ses principes sur les 80 ha exploités en commun. Partout, il veille à des rendements stricts. Mais cela ne lui suffit pas. ' Le souci n'est pas seulement la quantité de vendange, mais surtout la répartition des grappes sur le fil. La taille est un problème d'architecture, et pas un moyen de réguler le rendement : on taille long, puis on répartit la charge par ébourgeonnage. Et, sauf les années exceptionnelles, on fait peu de vendanges en vert. '
Estimant que l'ébourgeonnage est plus important qu'une taille soignée, Jean-Martin a fait baisser de 80 à 50 h/ha le temps de taille sur le domaine de La Perrière. En contrepartie, le temps d'ébourgeonnage a progressé d'environ 50 h/ha.
Les ' vendanges négatives ' sont l'autre spécificité de ces domaines enherbés et conduits de manière raisonnée. Elles sont effectuées après véraison sur toutes les vignes. ' En quinze jours ou trois semaines, on fait tomber toutes les grappes vertes ou pourries. Ce qui permet ensuite de vendanger à la machine l'esprit tranquille . ' Hormis 20 ha de vieilles vignes vendangées à la main, toute la récolte est mécanisée.
Côté vinification, la SARL Baudry-Dutour s'apprête à investir 1,5 million d'euros dans un nouveau chai de vinification et de stockage de 600 000 bouteilles. ' Grâce à un pont roulant qui transportera la vendange, dans de petits chariots, jusqu'aux cuves, il n'y aura plus aucune pompe à vendange. Le marc aussi sera transporté vers le pressoir par les chariots. ' Là encore, c'est la fusion qui permet des investissements qu'une seule exploitation ne pourrait pas assumer. Mais c'est la commercialisation qui en a le plus profité. ' Nous avons craint un certain tassement , avoue Christophe Baudry. Mais notre chiffre d'affaires 2004 est passé à 3 millions d'euros, alors que la somme des deux ne représentait au départ que 2,5 millions d'euros. '
L'explication de cette performance est simple : la commercialisation s'est améliorée. ' Avant la fusion, je la sous-traitais totalement à des agents avec des résultats moyens ', reconnaît Jean-Martin Dutour. ' Et moi, je ne trouvais plus le temps pour aller voir de nouveaux clients. J'étais trop occupé à la vigne ', ajoute Christophe Baudry. Libéré de ce travail, il a prospecté et décroché des marchés plus rémunérateurs. Depuis toujours, il est persuadé que la commercialisation nécessite un engagement fort du vigneron. ' J'ai un VRP pour les restaurants de l'agglomération tourangelle, mais j'y vais quand même chaque semaine. J'ai besoin du VRP pour quadriller le terrain, mais ma présence reste indispensable. '

Christophe Baudry a plus de temps pour rencontrer les acheteurs de la grande distribution, où les domaines réalisent 30 % de leurs ventes. Avec quelques réussites. L'an dernier, en sélection nationale de Foire aux vins, il a vendu un chinon Coteaux des Chenanceaux 2002 vieilles vignes à 7,95 euros, alors que le prix moyen de l'appellation dans ce circuit est de 4 euros. ' En 2005, nous mettons en place un système de codes-barres sur les palettes pour la traçabilité du stock. Un système que la grande distribution utilise et qu'elle va nous imposer en 2006. '
Il reste aux deux hommes à développer l'exportation, qui représente déjà 8 à 10 % des ventes. ' Avant la fusion, nous sommes allés chacun aux Etats-Unis. Mais si c'est pour vendre 5 000 bouteilles, ce n'est pas rentable... ' A deux, Christophe Baudry et Jean-Martin Dutour veulent engager une action commerciale durable et efficace à l'exportation.


LES EXPLOITATIONS EN DATES
1964 *Création du domaine du Roncée (20 ha)
1982 Installation de Christophe à La Perrière (20 ha) avec son père
1990 Reprise du domaine par Christophe (+20 ha)
1991 *Création d'un négoce
1994 Négoce
2003 Fusion du Roncée et de La Perrière
2005 Construction d'un chai



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