Les grappes traitées avec ce nouveau produit (à gauche sur la photo) s'allongent. L'air et les produits y pénètrent mieux. Des expérimentations menées dans différentes régions françaises ont montré son intérêt en complément des antibotrytis.
Bérélex est un activateur de croissance à base de gibbérelline, une hormone naturellement présente dans les plantes. Philagro France indique que son application sur la vigne permet d'obtenir des grappes plus allongées, donc moins compactes. Les baies sont plus aérées. Elles sont moins sujettes au botrytis et les fongicides y pénètrent mieux.
Bérélex se présente sous la forme de comprimés solubles dans l'eau. La bouillie, dosée à deux comprimés par hectare, soit 2 g de matière active, s'applique lorsque les grappes mesurent entre 2,5 et 4 cm de long. Le coût d'un traitement est de 20 euros par hectare.
En Languedoc, Jacques Rousseau, de l'ICV, a mené des essais sur le cépage syrah, en 2004, année de forte pression du botrytis. Il a comparé Kimono (procymidone), appliqué seul au stade C, à Kimono appliqué avec Bérélex au stade grappe séparée. Avec la seconde modalité, il a enregistré un effet significatif sur la compacité des grappes. Malgré cela, Bérélex n'a pas renforcé statistiquement l'action du fongicide sur la maladie. ' C'est juste une tendance ', déclare-t-il. On retrouve cette réduction de l'intensité du botrytis lorsque l'activateur de croissance est utilisé seul. ' On obtient un effet complémentaire non négligeable de type prophylactique ', conclut Jacques Rousseau, qui conseille l'utilisation du produit, le jugeant d'un excellent rapport qualité/prix.
A l'Inra de Bordeaux, Marc Fermaud a étudié les mêmes programmes de protection sur le merlot, dans un contexte de pression relativement forte du botrytis. Il tire des conclusions comparables : ' On retrouve cette même tendance dans toutes les modalités. La répétitivité des résultats montre l'efficacité de Bérélex. ' Marc Fermaud estime que ' c'est un produit intéressant et prometteur qui pourrait limiter le nombre de traitements phytosanitaires '.
Jacques Rousseau souligne son intérêt lors des vinifications. ' On ne relève aucune influence sur la fermentation alcoolique. Par contre, la fermentation malolactique s'est déroulée en seulement dix jours avec la modalité Bérélex et Kimono, alors qu'elle a duré trente jours avec Kimono seul. Avec le témoin, nous avons été confrontés à un blocage qui nous a contraints d'ensemencer. ' Le chercheur ne donne aucune explication à ce phénomène, si ce n'est peut-être ' une amélioration de la qualité sanitaire de la récolte '.
Bérélex a également tendance à réduire le titre alcoolique de 0,4 à 0,5. ' C'est une caractéristique appréciable lorsque l'on recherche une maturité phénolique avancée qui pose des problèmes d'alcool ', apprécie Jacques Rousseau. Un effet positif s'est manifesté sur les caractéristiques organoleptiques des vins. ' Nous avons constaté des notes plus fruitées, de la fraîcheur et une structure tannique plus équilibrée et plus souple. '
Au terme de quatre ans d'observations, la coopérative Les Hauts de Gironde, à Marcillac, recommande le produit à tous ses adhérents sur les parcelles de sauvignon blanc. L'an passé, 400 ha ont été traités selon le programme suivant : Bérélex sur les grappes de 2,5 à 4 cm, Switch au stade nouaison et Kimono au stade véraison. ' Les résultats sont spectaculaires. Nous avons clairement noté un allongement de la grappe au moment de la fermeture et nous n'avons plus constaté de point d'éclatement des baies ', explique Jérôme Ossard, responsable technique de la cave. Selon Pascal Armengaud, de Philagro, ' le produit agit certainement sur l'élasticité de l'épiderme des baies '. Cette hypothèse reste à démontrer.
Séverine Chouloux, de la chambre d'agriculture du Haut-Rhin, est plus réservée. Selon elle, il est prématuré de conseiller Bérélex aux viticulteurs. ' Nos résultats de l'an dernier sur le pinot noir avec Bérélex, puis Ronilan n'ont révélé aucune différence par rapport à Ronilan seul, aussi bien en ce qui concerne la compacité des grappes que le taux de botrytis. ' La faible pression de la maladie sur le vignoble alsacien, en 2004, explique peut-être ces résultats. Cette technicienne estime qu'il serait utile d'étudier, sur le long terme, ' les éventuelles conséquences d'applications répétées de cette hormone sur la physiologie de la vigne '. Pour Marc Fermaud, ' c'est une question que l'on peut se poser '.