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Trois opérateurs se lancent dans l'' allégé '

La vigne - n°165 - mai 2005 - page 0

Les vignobles Bayle-Carreau proposent un produit proche du vin, de faible degré, pour contrer la désaffection des consommateurs. Les négociants Donatien Bahuaud et Maison Malesan ont conçu des cocktails à base de vin pour développer la consommation des jeunes.

'Notre clientèle particulière est fidèle, c'est-à-dire qu'elle commande toujours mais de moins en moins ', constate Marie Bourdillas, des vignobles Bayle-Carreau, à Cars (Gironde). Elle redoute les méfaits de l'alcool et les contrôles routiers. Les vignobles Bayle-Carreau, ont décidé de réagir en proposant un produit proche du vin, mais allégé en alcool.

Ils ont recouru à la lirisation, mise au point par la société bordelaise Michael Paetzold et présentée lors du dernier Vinitech. Cette technique, tenue secrète par son concepteur, consiste en une désalcoolisation partielle du vin par un procédé physique, pour atteindre 6 % vol. Le produit n'a alors plus droit au titre de vin, on l'appelle Lir. Son volume en bouche est légèrement augmenté par l'ajout de glycérol issu de vin.
Pour le lancement de leur Lir, les vignobles Bayle-Carreau ont choisi un rouge du domaine, dont ils ont produit 11 200 bouteilles. ' Nous avons commencé la commercialisation début avril, en envoyant des mailings à notre clientèle particulière régulière, explique Marie Bourdillas. Pour l'instant, nous n'avons aucune cible spécifique. Plusieurs clients ont déjà passé des commandes pour essayer ce nouveau produit, par curiosité. ' Fin avril, environ 2 000 bouteilles étaient expédiées, pour un prix de 4,50 euros/col en carton de six, au départ de la cave. ' A terme, nous ciblerons peut-être plutôt les jeunes et nous modifierons sans doute notre packaging pour mieux le différencier du vin ', poursuit Marie Bourdillas.
Actuellement, le Lir de Bayle-Carreau est conditionné dans une bouteille de vin classique, fermée par un bouchon synthétique. ' Nous envisageons aussi de proposer le Lir aux restaurateurs. ' Cela pourrait répondre aux attentes de leurs clients, qui boudent le vin pour des questions de sécurité routière.
Pour cibler les jeunes, deux opérateurs ont choisi une autre voie. Ils leur proposent des cocktails à base de vin.

Début avril, Donatien Bahuaud et Maison Malesan (groupe Castel) ont lancé leurs prêts-à-boire : Masaï chez le premier, Zebra Colors chez le second. Tous deux veulent profiter de la croissance phénoménale de ce segment : ' Le marché actuel est estimé à 70 millions de cols par an. Dans certains pays, comme au Royaume-Uni, les prêts-à-boire (NDLR : segment des boissons alcoolisées aromatisées) enregistrent des croissance à deux chiffres ', rappelle Franck Crouzet, directeur de la communication chez Castel. ' Nous devons aller chercher les jeunes là où ils se trouvent, estime Jean-René Bahuaud, directeur commercial chez Donatien Bahuaud. Leur consommation de vin est en chute libre alors qu'en parallèle, le segment des prêts-à-boire est en pleine croissance. '
Avant de se lancer, chacun des deux opérateurs a mené une étude auprès des consommateurs, pour définir le packaging et la marque. Et tous deux surfent sur la notion ethnique, jugée fédératrice pour leur cible. ' Nous avons joué le côté tribal : les jeunes qui aiment l'originalité aiment également se retrouver au sein de leur tribu ', poursuit Franck Crouzet. ' Ils se retrouvent autour de signes distinctifs, et la façon de boire et de manger sont des signes qui ne trompent pas ', complète Jean-René Bahuaud.
La Maison Malesan fait élaborer la gamme Zebra Colors chez un partenaire italien, de la région d'Asti, qui aromatise les vins effervescents locaux, titrant 4,5 % vol. Zebra Colors est décliné en trois parfums : Red Zebra à la fraise, Green Zebra pomme verte-cannelle et White Zebra citron-gingembre. Ils sont présentés en packs de trois bouteilles de 25 cl. Ces cocktails à base de vin échappent à la surtaxation imposée aux premix (mélanges d'alcool fort et de soda), ce qui sauve leur viabilité sur le marché.
Dans un premier temps, Zebra Colors vise la grande distribution. Cora et Système U Ouest l'ont déjà référencé. La gamme devrait apparaître prochainement dans leurs rayons. La Maison Malesan envisage de la proposer à la restauration et à l'exportation, notamment en Allemagne, en Corée et dans les Dom-Tom, mais ne vise pas spécifiquement les boîtes de nuit. La promotion de Zebra Colors passera tout de même par des partenariats pour l'organisation de soirées à thème ou étudiantes.
Chez Donatien Bahuaud, on reste plus discret sur l'origine des vins. La base est un blanc tranquille. Il est aromatisé et gazéifié. Il est présenté dans des petites bouteilles capsulées de 27,5 cl, par packs de trois, à un prix public de 3,60 euros. Masaï titre 5 % vol. Pour son lancement, Donatien Bahuaud ne propose qu'un parfum : poire-mangue. Deux autres doivent être dévoilés en juin, au cours du salon Vinexpo.

' Nous ne voulions pas d'arômes basiques, de type citron, citron vert ou pomme verte. Nous nous différencions en proposant une association entre un fruit traditionnel, la poire, et un arôme nouveau, la mangue ', détaille Jean-René Bahuaud. La Maison Bahuaud vise la grande distribution, les bars et les boîtes de nuit via les grossistes. Masaï est déjà référencé par certains distributeurs et devrait prochainement faire son apparition dans les linéaires.
Les Brasseurs de Gayant (Nord) ont précédé ces deux opérateurs du vin. Ils produisent notamment les bières La Goudale et Abbaye Saint-Landelin. En début d'année, ils ont lancé la gamme Alexandre Dimitroff. Elle titre 5,6 % vol. ; elle est élaborée à partir de blanc tranquille gazéifié. Elle est proposée en 25 cl à 0,99 euros/unité dans trois variantes : verde (arôme pomme verte), red (fruits rouges) et ice (citron). Cette dernière version est également disponible en 75 cl, fermée par un bouchon à vis, à 2,79 euros/col. Le brasseur a préféré se tourner vers les cocktails à base de vin plutôt que vers les malternatives (boissons à base de bières), dont le marché est déjà très encombré. D'autres suivront sans doute.

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