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Coopératives : des initiatives po ur conserver les surfaces

La vigne - n°167 - juillet 2005 - page 0

De nombreux vignerons, âgés de plus de 55 ans, n'ont pas de successeur, ce qui pose un problème aux caves coopératives. Quelques-unes d'entre elles mettent en place des actions pour faciliter les reprises, en créant des SCI ou des GFA et en assouplissant les règles.

Comme dans l'ensemble de la population viticole, de nombreux coopérateurs ont plus de 55 ans. La moitié d'entre eux serait, à ce jour, sans successeur. Cette démographie peut mettre en danger certaines caves coopératives. Ici et là, des actions se mettent en place pour sécuriser les apports. En partenariat avec le Cnasea de la Gironde, Univitis et la Cave des Hauts de Gironde ont mené une enquête sur le devenir des domaines exploités par des vignerons de plus de 55 ans.

Univitis est un groupement de producteurs. Les caves qui le composent comptent 223 adhérents. Ils exploitent 1 925 ha. Soixante-sept d'entre eux ont été interrogés par le Cnasea. Résultat : les deux tiers n'ont aucune perspective de transmission.
Dès 1995, Univitis avait développé des mesures axées sur le foncier, avec la création de sociétés civiles immobilières (SCI). ' Cette solution est adaptée quand un repreneur est intéressé par les vignes d'un adhérent proche de la retraite , mais qu'il n'a pas les moyens de les acheter, explique Thierry Fourcaud, président d'Univitis. Nous formons alors une SCI avec ce repreneur, sa cave coopérative et Univitis. Les trois sont détenteurs du capital. Souvent, la SCI souscrit un emprunt pour assumer le solde de la reprise. Le repreneur est fermier de la SCI. Dès la troisième année, il commence à racheter des parts. Au bout de cinq ans, il devient solvable aux yeux des banques. Il a tout intérêt à racheter la SCI. '
Depuis 1995, Univitis a créé vingt-cinq sociétés civiles immobilières couvrant 300 ha. Mais cette solution n'est plus adaptée à la situation actuelle : ' Avec la crise, les vignerons sur le départ, qui exploitaient leurs propres terres, n'ont pas envie de vendre, car le prix du foncier a chuté , poursuit le président. De plus, il y a peu de candidats qui désirent acheter. Nous avons donc mis en place une aide au fermage pour que les propriétaires puissent partir à la retraite, en attendant que le marché du foncier aille mieux. Pour aider le financement du fonds de roulement du fermier, nous avons signé une convention avec des banques il y a six mois. Le repreneur paie 1 % d'intérêts. Univitis prend en charge le reste ', explique Thierry Fourcaud.
A la Cave des Hauts de Gironde (619 adhérents sur 2 577 ha), le Cnasea a enquêté auprès de 88 vignerons de plus de 55 ans. Les deux tiers d'entre eux sont également sans successeur.
' En 1997, quand c'était l'euphorie, certains adhérents voulaient monter un chai, témoigne Stéphane Héraud, vice-président de la cave et de la Fédération des caves coopératives d'Aquitaine. Des vignerons du Médoc ou de Pessac venaient acheter du foncier pour récupérer des droits de plantation. Nous avions alors créé un GFA (groupement foncier agricole) de 25 ha, et les jeunes rachetaient petit à petit des parts. Il n'est pas exclu que nous en montions d'autres. A ce jour, 300 ha sont exploités par des vignerons de plus de 55 ans sans repreneur. Une commission vient d'être créée à ce sujet, et nous allons voir un à un les vignerons concernés. Nous essayons de trouver des voisins qui seraient intéressés pour reprendre une partie. '

A la Chablisienne, dans l'Yonne, la conjoncture économique est plus florissante, mais l'érosion des surfaces est un véritable souci. Une partie des enfants d'adhérents va monter un chai et quitter la cave. Il y a trois ans, le conseil d'administration de la cave a réfléchi sur les moyens à mettre en oeuvre pour sécuriser les apports. En février 2004, la cave a recruté Frédéric Gueugneau, un juriste qui conseille les adhérents. ' Avec la crise de 1992-1993, la cave avait connu un fort afflux d'adhérents , explique-t-il. Maintenant, nous vivons une période de stagnation et 30 % des vignes sont exploitées par des vignerons de plus de 50 ans. Il nous faut donc anticiper. Mon travail consiste à connaître leurs souhaits. Nous envisageons de monter des SCI dont le capital serait détenu par la coopérative, par l'adhérent et, éventuellement, par des investisseurs extérieurs qui souhaitent placer leurs fonds dans des biens sûrs . ' En attendant, la Chablisienne a aidé de jeunes ouvriers viticoles à devenir exploitants. ' Ces jeunes ont un profil coopératif ', explique Frédéric Gueugneau. Ils ont trop peu de terres pour qu'ils aient intérêt à vinifier leur récolte.
' Nous avons travaillé avec les différents syndicats d'appellation, la Mutualité sociale agricole, la DDA et la Safer pour qu'ils puissent eux aussi planter des vignes. Les syndicats ont accepté d'assouplir les critères d'attribution des droits. Cette concertation a abouti. Dix jeunes ouvriers viticoles vont pouvoir planter 1,5 ha chacun en cinq ans. Nous proposons aussi à nos adhérents des formations gratuites sur les baux ruraux ou la transmission, ce qui plaît beaucoup. Il est important d'être à l'écoute des plus de 50 ans pour mettre en place une réflexion commune. '

Dans l'Hérault, la cave coopérative de Montaud souhaite également faciliter l'accès au foncier à des acheteurs non issus du monde viticole. ' Un tiers du foncier n'a pas de repreneur, souligne Isabelle Ribes, chargée de mission à la Fédération des caves coopératives de l'Hérault. Il va bien falloir faire venir des personnes de l'extérieur . ' La cave de Montaud a créé un groupement d'employeurs avec des adhérents. Ce groupement a embauché un salarié qui projette de s'installer. Cet emploi lui permet de se faire connaître et de gagner en crédibilité auprès d'éventuels cédants.
Le maintien des effectifs passe aussi par l'adaptation des caves aux souhaits des vignerons. Des caves, comme celle des Hauts de Gironde, ont par exemple réduit la durée de l'engagement à cinq ans. D'autres révisent la règle de l'apport total.

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