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DOSSIER - Les coops font place aux jeunes

Les coops font place aux jeunes

DOSSIER RÉALISÉ PAR CHANTAL SARRAZIN - La vigne - n°283 - février 2016 - page 16

Pour assurer le renouvellement de leurs adhérents et équilibrer leurs charges, les coops déroulent le tapis rouge pour les jeunes vignerons.
À MOULON (GIRONDE), le jeune  Olivier Videau inspecte ses vignes avec Serge Labat, d'Univitis, qui l'a assisté dans toutes ses démarches d'installation. © L. WANGERMEZ

À MOULON (GIRONDE), le jeune Olivier Videau inspecte ses vignes avec Serge Labat, d'Univitis, qui l'a assisté dans toutes ses démarches d'installation. © L. WANGERMEZ

« Nous avons besoin de rajeunir la pyramide des âges et d'anticiper les départs à la retraite de nos adhérents », indique Gérald Fons, responsable administratif des Vignerons de Gonfaron (Var). Dans cette coopérative, la moyenne d'âge des adhérents atteint 55 ans. Il est vital que les seniors aient des successeurs. « Moins il y a d'adhérents, plus les charges de vinification augmentent, poursuit Gérald Fons. Notre seuil de rentabilité se situe aux alentours de 25 000 à 30 000 hl. D'où la nécessité de remplacer les générations. » Les Vignerons Ardéchois font un constat identique. « Ceux qui vont partir à la retraite dans les cinq à dix ans à venir cultivent 25 à 30 % de notre superficie. Il faut trouver des repreneurs », souligne Claude Satgé, chargé de mission installation.

Les coopératives se mettent donc en quatre pour attirer des jeunes. Règlement de la récolte à l'avance, aide à l'installation, à la plantation, au fermage, mise en place d'un tutorat... Tout est bon à prendre, pour les coops comme pour les nouveaux venus, ravis de l'aide qu'elles leur apportent, preuve que l'on compte sur eux. Plusieurs viticulteurs en témoignent dans notre dossier.

Malgré leur coût, ces mesures sont facilement adoptées en assemblée générale. « La majorité des coopérateurs y est favorable, car il en va de l'avenir de la structure, souligne Hélène Basset, directrice de la Fédération des caves coopératives varoises. De plus, ils ont souvent des enfants ou des neveux en cours d'installation. » Les mesures en faveur des jeunes les touchent donc à double titre.

Des vignes achetées par la coop

Certaines coopératives achètent même des terres pour en confier l'exploitation à leurs adhérents. Une solution légale comme l'a confirmé le Haut Conseil de la coopération agricole (HCCA), dans un rapport rendu en 2014. Les coopératives peuvent en effet détenir du foncier agricole, jusqu'à 20 % de la superficie exploitée par leurs coopérateurs.

C'est ainsi que les Vignerons de Gonfaron ont acheté 4,5 ha de friches pour une valeur de 44 000 €. Ils les ont confiés à des jeunes qui vont les conduire en IGP Var. « Si d'autres terres se libèrent à des prix corrects, nous le referons », juge Gérald Pons.

« Dans le Var, des vignes plantées en Côtes-de-Provence coûtent entre 50 000 et 60 000 €/ha. C'est un réel obstacle à l'installation. Grâce à la cave, j'ai pu consolider mon exploitation », explique Clément Quaranta, 28 ans, à qui les Vignerons de Gonfaron ont remis 1,5 ha en fermage.

L'achat de tenues coûtant cher, en Gironde, la Safer Aquitaine Atlantique, associée aux collectivités locales, a pris le relais des coopératives telles qu'Univitis, en matière de portage du foncier. « Nous n'avons plus à bloquer de la trésorerie pour ces opérations », souligne Serge Labat, directeur technique des vignobles.

De son côté, la coopérative de Castelbarry (Aude) envisage de faire appel à des partenaires extérieurs. « Nous planchons sur la création d'une SCEA avec un de nos clients, commente Bernard Pallisé. Elle achèterait une parcelle de 6 ha et la louerait à un jeune adhérent. »

En échange, que demandent les coops ? Comment se protègent-elles du risque de voir partir trop vite un de ceux qu'elles ont aidés à mettre le pied à l'étrier ? Certaines, comme Irouléguy, leur demandent de s'engager sur de longues périodes. Mais la plupart n'ont pas d'exigences particulières. Elles font confiance à leurs nouveaux venus, chaque recrutement étant un pari sur l'avenir.

La viticulture, un secteur attractif

La viticulture est redevenue rentable. « Elle attire de plus en plus de jeunes qui ne sont pas issus du milieu viticole », souligne Stéphanie Piot, attachée auprès du président de la Confédération des coopératives vinicoles de France (CCVF). Les coopératives qui sont à la recherche de candidats à la reprise visent de plus en plus ce public qui les connaît mal. « Pour attirer ces jeunes, elles innovent et nous le faisons savoir », ajoute Stéphanie Piot. L'an passé, la CCVF a organisé le concours « Les caves coopératives installent les jeunes vignerons » dont les résultats sont présentés sur un site internet dédié, afin de faire connaître les meilleures idées. La CCVF va, par ailleurs, éditer un guide sur le foncier et l'installation en coopérative en 2016.

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