Parce qu'il est dans la vocation d'une coopérative de mutualiser les risques liés à l'installation, de nombreuses caves proposent un petit coup de pouce financier à leurs jeunes recrues.
Depuis quelques années, les initiatives fleurissent au sein des coopératives vinicoles pour aider les jeunes en phase d'installation. S'il appartient à chaque conseil d'administration de décider des mesures facilitant l'arrivée des nouveaux coopérants, la Confédération des caves coopératives vinicoles de France (CCVF) a néanmoins publié le guide d'accueil des vignerons coopérateurs pour insuffler une ligne directrice à l'ensemble des coopératives. Ce guide comprend un volet sur les aides, qui s'articule autour de plusieurs points.
Le point le plus fréquemment proposé consiste à améliorer la trésorerie des arrivants, en leur versant une partie ou la totalité du paiement de leur vendange par anticipation. Par exemple, à la cave de Frontignan (Hérault), 60 % de la récolte des jeunes coopérants sont rémunérés dès le mois de décembre de la même année ; les autres vignerons ne sont réglés que lorsque le produit est vendu, soit dix-huit mois après la vendange.
A la Chablisienne (Yonne), outre le règlement anticipé de la récolte, les nouveaux adhérents peuvent bénéficier du paiement différé des produits phytosanitaires, selon un échéancier à négocier avec le conseil d'administration. Au Centre vinicole de la Champagne (CVC-Nicolas Feuillatte), à Chouilly (Marne), les jeunes adhérents ont également accès à des aides très intéressantes, sous réserve qu'ils livrent au minimum 60 % de leur récolte pendant trois ans, qu'ils aient moins de 39 ans et qu'ils exploitent au moins 75 ares. Cette union de 83 coopératives propose de payer 100 % de la première récolte dès le 5 décembre, alors que le paiement s'effectue normalement en quatre fois (5 décembre, 5 mars, 5 juin et 5 septembre). La deuxième année, la moitié du paiement est effectuée le 5 décembre, l'autre moitié le 5 mars. La troisième année, 33 % sont réglés le 5 décembre, le 5 mars et le 5 juin. De plus, les frais de tirage sont payés par l'adhérent avec un différé de quinze mois pendant trois ans.
L'autre grand volet sur lequel les coopératives peuvent intervenir touche à l'accession au foncier. Elles prennent partiellement en charge, au minimum 2 %, les frais financiers liés à l'achat de terres. Par ailleurs, dans le cadre du fermage, il est possible que la coopérative se substitue au candidat en versant au bailleur une avance des loyers dus sur cinq ans. Le coopérateur verse alors le fermage à la coopérative pendant cette même période. L'aide est plafonnée à une superficie de 15 ha, atteinte en une ou plusieurs fois.
Les caves de Rauzan et de Lugon (Gironde) proposent un prêt de 1 525 euros/ha pour l'achat de terre, remboursable en dix-huit fois sans frais sur plusieurs années.
Des opérations de portage foncier sont parfois montées, plus particulièrement dans le Sud-Ouest et le Midi. La cave de Frontignan a ainsi acheté 5 ha il y a deux ans, en partenariat avec la Safer, la 5fédération des caves coopératives et une banque, pour un jeune qui a eu l'autorisation d'exploiter pendant sept ans. Chaque année, il laisse une partie de sa récolte à la cave et sera propriétaire au terme de ces sept ans.
Des coopératives choisissent de favoriser la plantation. Cette aide n'est pas exclusivement réservée aux jeunes, mais ce sont souvent eux qui en bénéficient le plus. A la coopérative de Berlou (Hérault), qui pratique aussi le portage foncier, le conseil d'administration propose un prêt à taux zéro pour la plantation, remboursable à partir de la troisième année.
En dehors des aides classiques, certaines caves facilitent le démarrage de la vie professionnelle de leurs adhérents. C'est le cas de la cave La Suzienne, basée à Suze-la-Rousse (Drôme) et adhérente au Cellier des 5Dauphins. Elle a racheté le château de l'Estagnol en 1996, qui comprend 84 ha de côtes du Rhône et côtes du Rhône villages. Sept jeunes vignerons se partagent les parcelles, dont ils s'occupent de la taille à la fin de la vendange. La coopérative leur fournit les produits phytosanitaires, le matériel végétal pour les plantations et gère les analyses de sol. ' Les jeunes vignerons sont rémunérés pour leur prestation de service , précise Michel Boudarel, directeur de la cave. Cela leur permet d'amortir leur matériel et de compléter leurs revenus. ' Ce contrat est renouvelable chaque année et comprend une réunion tous les deux mois et des visites dans les parcelles.
En marge des aides financières, des coopératives développent le tutorat entre les jeunes souhaitant être épaulés par un vigneron plus expérimenté. ' Il est difficile de passer du profil scolaire à celui de chef d'entreprise ', témoigne Dominique Saintout, directeur de la 5fédération des caves coopératives d'Aquitaine.
' Le tuteur peut aider le jeune coopérateur sur les plans technique et comptable. Il est à sa disposition. Le tutorat contribue à une meilleure connaissance entre les adhérents des différentes générations ', ajoute-t-il.
Des caves laissent également des jeunes vignerons assister en auditeurs libres au conseil d'administration. Ils ont le droit de s'exprimer, mais pas de voter. Cette formule permet une meilleure implication et une formation au rôle de membre du conseil d'administration.