ImprimerA Bergerac, Zigou dessine des tables, des chaises ou des étagères pour meubler les caveaux de dégustation. Serge de Conti les forge. Leurs pièces sont féeriques ou baroques.
'Etre artiste, c'est donner de la beauté ' : Zigou en est persuadée. Aussi donne-t-elle dans des disciplines aussi différentes que la peinture, le design, la création de mobilier ou la création tout court, au gré de son inspiration. Native de Bergerac et bien connue dans la ville, elle suit d'abord une carrière de styliste dans la mode. Elle travaille vingt ans à Paris, Londres et New York, avant de revenir, il y a douze ans, sur ses terres.
Toujours en quête d'idées nouvelles, elle se fie à la loi de l'instant. Un beau jour, Line Allamagny, du château de la Renaudie, ' sa bonne fée ', lui conseille de travailler sur le thème de la vigne et du vin, l'une des richesses de la région. En 2002, elle lui commande sa première oeuvre, un ensemble de dégustation constitué d'une table et d'une chaise en fer forgé, ornées de ceps de vigne. Des pièces de mobilier aux noms évocateurs suivront. Le souffle des vendanges est une table avec une poignée de feuilles de vigne collées au pied, car ' tout vient s'agglomérer avec le vent '. L'arbre de vie est un chandelier dont les pieds sont en ceps de vigne et Le reflet de vérité, un miroir sur pied. Zigou ne baptise pas ses oeuvres au hasard. La porteuse d'ivresse, une étagère ornée, s'appelle ainsi car ' à un certain degré d'ivresse, on atteint la connaissance, paraît-il ', relève l'artiste.
Ces meubles sont des pièces uniques, numérotées et signées. Zigou dessine les modèles au gré de ses inspirations, tantôt baroques, tantôt féeriques. Elle les soumet ensuite à Serge de Conti, un artisan-ferronnier réputé, de 54 ans, patron de la forge du Moulas, à Saint-Pierre d'Eyraud. ' Avec son très beau sens de la réalisation , dit-elle, il leur donne vie dans l'espace en forgeant, gravant et moulant le fer ou l'acier. ' Serge de Conti s'imprègne d'abord du dessin. Il réfléchit à la manière de le matérialiser le mieux possible. Ensuite, il trace une épure sur une tôle ou une tige de fer. Puis il chauffe le métal au feu ' rouge sombre ', le forge, façonne lentement mais sûrement sa forme. Dans le monde viril de la forge, ' il redonne une douceur, une féminité au fer, par ses arrondis, ses courbes, ce qui confère aux meubles leur légèreté, affirme Zigou. Il a toujours un sens et une finition proche de celle de l'orfèvrerie '. Lui se prête au jeu par plaisir, et peut-être aussi parce qu'il est fils de viticulteur, heureux pour un instant de s'échapper des grilles et des rampes qui font son quotidien.
Spécificité et fierté de la forge du Moulas : on ne voit absolument jamais les jointures. Une fois le meuble élaboré, il est patiné. Serge et Zigou conjuguent leurs talents pour créer tout un mobilier en fer forgé, digne ' des belles salles de dégustation ' et ' des vins de classe '.
A 52 ans, Zigou déborde d'énergie. En novembre 2003, elle a monté Vin et art, une exposition de meubles et de sculptures en hommage à la vigne et au vin, ' pour célébrer la fin des vendanges ' . Elle a été présentée au Comité interprofessionnel des vins de Bergerac, et fait partie du Mouvement artistique international des nouveaux surréalistes (Mains). ' Le chemin de mes passions m'a conduite à la création de meubles-sculptures, insolites, baroques ou contemporains ', commente-t-elle. Elle rêve maintenant de réaliser avec son ferronnier favori, une pièce sur le thème du vin ' complètement folle ' !
