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Rosé : ' Il a conquis ses lettres de noblesse '

La vigne - n°170 - novembre 2005 - page 0

Pour Roselyne Gavoty, propriétaire d'un domaine en Côtes de Provence, les efforts sur la commercialisation ont fini par payer.

Il y a quinze ans, Roselyne Gavoty créait son propre réseau commercial. ' Avant, nous vendions surtout à des grossistes ', se souvient cette viticultrice, installée depuis 1985 sur le domaine familial, en plein coeur du Var. A l'époque, lorsque la jeune femme démarche de bons restaurants, elle se confronte à des sommeliers pour lesquels les rosés sont de ' petits vins '. ' Ils en avaient sur leur carte pour répondre à une demande, mais ils n'en attendaient rien. Ils n'avaient aucune exigence aromatique. Il fallait juste être buvable ! C'est dur à entendre lorsque l'on cherche à faire de la qualité. ' Aujourd'hui, sa cuvée Clarendon en Côtes de Provence rosé se vend 10 euros à la cave. Ces vins sont référencés dans plusieurs guides renommés, dont le Parker et le Fleurus. Ils sont servis à la table de grands chefs, comme Alain Ducasse. Bref, ' le rosé a conquis ses lettres de noblesse ', reconnaît-elle d'un sourire.

Et d'analyser : ' Ce n'est pas tant la qualité des vins qui a évolué. Il y a quinze ans, il y avait déjà de bons rosés. Sur notre domaine, je constate d'ailleurs qu'il n'y a pas eu de révolutions techniques, sur les deux dernières décennies. Notre façon de travailler est identique, si ce n'est que nous avons écourté les macérations et que nous nous préoccupons plus désormais de la température de la vendange. '
Les vrais bouleversements se sont opérés sur la commercialisation. ' Il a fallu chercher de nouveaux clients. Les convaincre que le rosé n'est pas un vin bâtard, mais un vin à part entière. Bien accompagné, il apporte un plus par rapport à un blanc ou à un rouge. ' Cette reconnaissance gastronomique, elle la doit à Jean-André Charrial, de l'Oustau de Baumanière, l'une des grandes tables provençales. En 1995, ce trois étoiles au Michelin crée une recette de loup au basilic pour s'accorder à la cuvée Clarendon. Le tout est consacré par la publication d'un article dans une revue gastronomique. ' Enfin, mon rosé était pris au sérieux ', pétille cette conquérante.

Il a fallu aussi changer l'image de la Provence. ' Quand j'ai débuté, cette indication avait une connotation négative. On l'associait au farniente, au dilettantisme. ' Pour lutter contre ces à priori, les belles paroles ne suffisent pas. Il a fallu du concret. ' J'ai multiplié les envois d'échantillons pour faire goûter mes vins. Au moins, mes interlocuteurs pouvaient me juger sur du réel ', raconte-t-elle.
Autre constat : ' C'est en présentant des rouges et des blancs de qualité que les viticulteurs de Provence ont gagné en crédibilité. ' Aujourd'hui, les rosés sont à la mode et la Provence est devenue un terme porteur. Chez les Gavoty, les années de galère appartiennent au passé. Certes, ' il faut continuer à se battre, car le marché est de plus en plus concurrencé '. Mais comme l'apprécie notre battante, ' désormais, si je monte à Lille rencontrer des clients, je n'hésite plus entre le train et l'avion '.

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