ImprimerL'interprofession a mis en place plusieurs volets de son plan : réduction de l'offre, redéploiement de la communication... D'autres mesures sont en attente comme, par exemple, la création d'un VDP d'Atlantique. Les syndicats viticoles planchent aussi, notamment sur l'agrément.
Le Plan Bordeaux a été présenté en mars 2005 par le président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), Christian Delpeuch. A ce jour, plusieurs mesures ont été lancées, même si le résultat n'est pas encore visible. Le premier volet concerne l'assainissement du marché, par le biais de l'arrachage ciblé de 10 000 ha, de la distillation et de la maîtrise des rendements. La filière a mis en place ces trois mesures en 2005. La distillation n'a concerné qu'un peu moins de 180 000 hl, contre 500 000 hl espérés par la filière. Parallèlement à cela, pour la récolte 2005, les rendements ont été baissés, à part pour certaines appellations. Le but est d'essayer d'enrayer la hausse des stocks, sans avoir recours à une réserve qualitative qui contient encore 400 000 hl des campagnes précédentes.
Mais la baisse des rendements n'est pas la panacée, puisqu'elle pénalise les entreprises les plus dynamiques. L'interprofession est donc en train de réfléchir à une ' régulation économique par la qualité ' pour la vendange 2006. Il s'agirait de faire une sélection plus pointue avec, entre autres, un renforcement du SAQ et des contrôles des conditions de production.
Par ailleurs, le CIVB pousse à l'arrachage raisonné, avec la mise en place d'un abondement, portant la prime totale à 15 000 euros/ha. Le ministre de l'Agriculture a confirmé que l'Etat cautionnerait l'emprunt du CIVB devant financer ce supplément de prime. Ce dernier attend de connaître le nombre exact de dossiers pour le contracter. Mi-décembre, les demandes reçues par l'Onivins étaient au nombre de 266 et représentaient 810 ha.
L'interprofession vise 10 000 ha, mais sur plusieurs années, car ' l'arrachage étant un choc culturel, il ne démarre généralement pas vite, explique Roland Feredj, directeur du CIVB . Nous ne nous attendons donc pas à des surfaces très importantes la première année '. Par ailleurs, pour venir en aide aux viticulteurs en difficulté, la chambre d'agriculture a lancé des audits d'exploitations en juillet 2003, financés par les conseils régional et général, l'interprofession, le Crédit agricole et la chambre. Le but est de voir où résident leurs lacunes ou faiblesses. Près de 400 exploitations ont déjà été auditées.
Le second volet du plan regroupe des mesures concernant l'offre, la principale étant la création d'un vin de pays d'Atlantique. Le projet avance. Le syndicat devrait être créé début 2006 et Pierre Cambar, président du conseil régional des vins d'Aquitaine, en charge du dossier, prévoit de présenter le projet au conseil spécialisé de l'Onivins le 5 avril, pour que les nouveaux VDP soient opérationnels pour la vendange 2006.
La filière souhaite aussi mettre en place une procédure d'agrément ' moderne '. Le Syndicat du Médoc et Haut-Médoc travaille déjà sur ce dossier depuis un moment (cf. La Vigne, n° 171, p. 14). Par contre, d'autres pistes n'ont pas encore été explorées, comme la mise en bouteilles dans la région de production et la défense du nom de château. Jean-Marie Garde, président du Syndicat viticole de Pomerol, est chargé de ce dernier dossier. Il devrait rendre sa copie en milieu d'année.
La troisième priorité de la filière est la promotion. Le budget de l'interprofession a été redéployé : de 70 % de communication et 30 % de promotion, il est passé à 70 % de promotion et 30 % de communication. Par ailleurs, elle a lancé l'Ecole internationale du vin de Bordeaux : des partenariats ont été créés au Japon, en Corée, en Grande-Bretagne, en Allemagne, etc. Enfin, un travail de rapprochement avec les organismes de tourisme est en cours pour réaliser des actions de promotion conjointes à l'étranger.
Les syndicats prennent eux aussi des initiatives, à l'image des cinq Côtes de Bordeaux (Côtes de Bourg, côtes de Castillon, Côtes de Franc, premières Côtes de Blaye, premières Côtes de Bordeaux) qui veulent se regrouper sous une bannière commune pour faciliter leur communication. Le Syndicat des Bordeaux et Bordeaux supérieurs tente, quant à lui, de séduire les jeunes, avec le lancement au mois de juin 2005 de l'e-motif (voir La Vigne n° 165, p. 64). Ce vin, conçu pour les jeunes, est associé à un site internet. Sa commercialisation est, pour le moment, en phase de développement, avec moins de 10 000 bouteilles vendues, mais l'objectif est de passer la barre des 50 000 bouteilles en 2006.
Enfin, le dernier volet du Plan Bordeaux concerne une clarification du rôle du CIVB et de son pouvoir, grâce à une réforme des statuts. Roland Feredj espère la sortie d'un arrêté ou d'un décret d'ici mars. L'interprofession ne souhaite pas uniquement travailler à court terme. Pour cela, elle a chargé Allan Sichel, président de la Fédération des syndicats de négociants, de définir la démarche stratégique de la filière à long terme. C'est le Plan 2015. ' La démarche ira très loin , prévient Allan Sichel. Il va falloir tout remettre en cause pour réimaginer le fonctionnement de la filière. Nous allons réfléchir aux produits, au mode de production, aux marchés cibles, à la communication, à l'image voulue et perçue du produit, au rôle du CIVB, etc. Le but est de fédérer la filière, pour définir et afficher la stratégie de Bordeaux à long terme . ' Un comité de pilotage vient d'être défini. Une première communication devrait avoir lieu à Pâques.
