L'appellation régionale Languedoc devrait débuter avec le millésime 2006. Les interprofessions d'AOC et de vins de pays se sont fédérées. Elles vont présenter leurs vins sous une même bannière à l'étranger et dans les supermarchés français.
En novembre, le Comité national de l'Inao a donné son accord au projet d'appellation régionale Languedoc. Celui-ci repose sur une extension de l'aire des Coteaux du Languedoc aux aires de Corbières, Fitou, Minervois, Côtes du Roussillon, Cabardès et Limoux. ' Il nous reste à modifier nos décrets. Les vignerons pourront encore utiliser la dénomination Coteaux du Languedoc durant une période transitoire. Les autres appellations doivent se mettre au moins au niveau des Coteaux du Languedoc pour les conditions de production et préciser leur hiérarchisation. Nous espérons lancer la nouvelle appellation pour le millésime 2006 ', explique Jean-Benoît Cavalier, président du Syndicat desCoteaux du Languedoc.
L'objectif est de constituer une appellation au profil gustatif bien calé proposant d'importants volumes. ' Pour l'instant, nos appellations sont marginalisées. Nous nous concurrençons entre nous, sans intéresser les négociants. Nos volumes sont trop dispersés pour constituer des marques. '
L'Inra de Montpellier (Hérault) a réalisé une étude sur l'appellation régionale. ' Des négociants sont intéressés. Ils ont déjà une stratégie. Les distributeurs sont également demandeurs, car ils veulent clarifier leur offre. Les deux parties sont d'accord sur un positionnement en grande surface à 3 euros/col, qui permettrait de rémunérer les vignerons entre 90 et 100 euros/hl. C'est un minimum ', précise Jean-Benoît Cavalier.
' Avec cette appellation régionale, nous allons établir une référence en termes de qualité et de prix, les autres appellations devant se repositionner au-dessus. Notre pyramide sera plus cohérente, et nous pourrons communiquer plus efficacement ' , explique Philippe Coste, le nouveau président du Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL). Au niveau des vins de pays d'Oc, qui ont agréé 4,7 Mhl en 2004-2005, une réflexion est également en cours au sujet d'une segmentation.
En parallèle, les quatre interprofessions (le CIVL, le CIVR, InterOc et le Comité régional de l'Anivit) se sont regroupées dans une fédération. Elles se retrouvent aux côtés des syndicats au sein du comité de bassin. ' Nous avons passé du temps sur l'arrachage. Maintenant, nous allons nous concentrer sur des dossiers plus constructifs ', promet Jean-Benoît Cavalier, qui préside ce comité de bassin.
Pour donner plus de visibilité aux vins de la région, les quatre interprofessions veulent les regrouper dans un linéaire commun. Des tests ont montré que les consommateurs se repèrent mieux. Invités à l'assemblée générale des vins de pays d'Oc le 15 décembre, les représentants de Carrefour et de Monoprix ont affirmé qu'ils étaient partants. ' Nous attendons du gouvernement qu'il débloque les aspects réglementaires ', souligne Jean-Benoît Cavalier. ' En 2006, nous allons élaborer des propositions concrètes pour un linéaire régional ', précise Christophe Jammes, du CIVL.
A l'export, les quatre interprofessions ont opté pour une bannière commune, South of France (Sud de la France). Le visuel est prêt. Sa première apparition officielle est prévue pour Vinisud. Des actions communes seront ensuite programmées pays par pays. Le conseil régional, qui vient de voter un budget de 10 Meuros pour la promotion des vins, a promis d'apporter son aide pour South of France et pour le linéaire commun.
Ces chantiers n'avanceront qu'en impliquant l'aval. ' Ceux qui se lèvent tous les matins pour vendre du vin ont une fonction importante. Nous voulons donner plus de place à l'analyse économique, à la prospective et à la concertation avec les entreprises. Notre communication doit devenir plus opérationnelle et moins institutionnelle ', explique Philippe Coste.
Des actions sont également prévues pour poursuivre la restructuration des coopératives autour de pôles industriels performants, et pour favoriser l'installation de nouveaux négociants. ' Nous cherchons des partenaires pour créer un fonds collectif de développement, pour aider les entreprises dynamiques à renforcer leurs fonds propres ', précise Philippe Coste.
Par ailleurs, le comité de bassin veut développer les partenariats entre la production et le négoce. ' La contractualisation intéresse les négociants qui sont fragilisés par les cours en dents de scie. Mais il est difficile pour une entreprise de s'engager sur des prix, quand ses concurrentes conservent toute leur marge de manoeuvre. Nous devons trouver un cadre collectif ', souligne Jean-Benoît Cavalier. Pour que le partenariat se concrétise, ' nous envisageons la mise en place d'engagements parcellaires. Nous réfléchissons aux possibilités d'affecter, rapidement après la récolte, des volumes à une catégorie de vins. Les vins de pays d'Oc ont utilisé avec succès un système qui donne la priorité pour l'agrément aux volumes prévendus. Nous voudrions l'appliquer partout afin de mieux gérer les marchés ', ajoute Jean-Benoît Cavalier.