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Au Château Pichon-Longueville, Sabine Raymond veille à économiser l'eau en cave

La vigne - n°175 - avril 2006 - page 0

Nous avons moins d'effluents, nous protégeons l'environnement

Au Château Pichon-Longueville, situé à Pauillac (Gironde) et propriété d'Axa Millésimes, ' les économies d'eau en cave ont été initiées par Jean-René Matignon, le directeur technique. L'objectif est de préserver des infiltrations salines, la nappe phréatique Eocène du Médoc, tout en diminuant le volume des effluents ', explique Sabine Raymond.

Les premiers pas dans ce sens datent de 1997. ' Au départ, on pensait recycler les eaux de rinçage mais, rapidement, on a pris le problème à sa source en limitant la consommation d'eau ', complète Jean-René Matignon.
En 1996, la première étape consiste à évaluer les volumes d'eau consommés au cours de l'élaboration du vin. Les estimations chiffrent cette consommation à 8 l d'eau pour 1 l de vin.
L'année suivante, les premières mesures sont prises. Les systèmes mis en place ' sont assez simples et évidents ', avertit Sabine Raymond. La cave disposait déjà d'une cuverie en Inox, et des revêtements de sols facilitant les nettoyages et les écoulements. Elle équipe les tuyaux d'eau de pistolets-poussoirs ou de lances à eau. Ces dispositifs sont fixés par des raccords en métal de type jardinerie : Ils sont rapidement amovibles en cas de besoin de débit, pour le remplissage d'un bac par exemple.
En 1997, le château passe au nettoyage haute pression systématique. Aujourd'hui, il dispose d'une centrale de pressurisation de l'eau qui circule ainsi jusqu'à des bornes spéciales, sur lesquelles il ne reste plus qu'à brancher un embout haute pression. Ce dispositif est moins encombrant que les pressurisateurs mobiles. Il permet d'alimenter d'autres appareils, comme ceux de nettoyage des barriques. ' Rien qu'avec ces premières mesures, les résultats sont là. La consommation est tombée de façon miraculeuse. ' En un an, elle est passée de 8 à 4,75 l d'eau pour 1 l de vin.

Il s'agit ensuite de cerner les opérations gourmandes en eau. En 1999, le Château Pichon-Longueville mène donc une campagne de mesures pour identifier les postes clés au moyen de compteurs volants. Les résultats pointent les opérations de nettoyage. Un système de minuteur pour le rinçage des barriques complète les installations, permettant ainsi d'optimiser le volume d'eau nécessaire. En 2000, le nettoyage et la désinfection de la chaîne de mise en bouteilles sont automatisés, et des protocoles optimisés de rinçage, détartrage, nettoyage et désinfection sont mis en place. D'autre part, le château s'équipe d'un système de chasse des vendanges à l'air remplaçant la chasse à l'eau.
' Un autre point important, c'est la sensibilisation du personnel , signale Sabine Raymond. Pendant les vendanges, les compteurs sont relevés tous les jours. On affiche les résultats et on les présente au personnel. On explique également l'impact des prélèvements d'eau sur l'environnement. On insiste sur le niveau des nappes phréatiques et leur fragilité, mais aussi sur la production et le traitement des effluents. ' Ces réunions sont complétées par l'affichage des protocoles et la distribution, à tout nouvel arrivant, de livrets rappelant les bases des économies d'eau.
De plus, les employés participent à l'affinage des procédures de nettoyage, en contribuant à l'évaluation des temps de rinçage optimaux. ' Le personnel impliqué, informé et motivé peut entraîner une baisse de la consommation d'eau qui atteint au moins 10 %. '

A force, la consommation d'eau tombe à 2,5 l d'eau pour 1 l de vin. Ce n'est pas assez pour un vin élevé en barriques. ' Sous prétexte d'économie d'eau, il ne faut pas oublier les bases de l'hygiène. On ne peut pas se permettre un nettoyage insuffisant ', souligne Sabine Raymond. C'est pourquoi dans les protocoles de nettoyage, les quantités d'eau sont revues à la hausse. Le Château Pichon-Longueville s'est fixé un seuil maximum de 4 l d'eau pour 1 l de vin, qu'il respecte sans trop de difficultés depuis 2002.

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