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J'aide ma coopérative à redresser les ventes

La vigne - n°175 - avril 2006 - page 0

Frédéric Saint Jean s'est installé en 2000, juste avant la crise. En 2003, les ventes de sa coopérative ont plongé. Pour l'aider à s'en sortir, il s'est engagé dans la commercialisation des vins avec une équipe de jeunes.

Lorsqu'il s'est installé, Frédéric Saint Jean ne s'attendait pas à devoir vendre du vin. Mais le sort en a décidé autrement. Aujourd'hui, en plus de cultiver ses 9,5 ha de vignes, il gère un caveau pour le compte de sa coopérative. ' J'y consacre du temps, mais cela me plaît. J'apprécie de sortir de mes vignes. Le temps où l'adhérent livrait ses raisins et attendait son chèque est bien fini. Nous devons nous investir si nous voulons nous en sortir. '
Frédéric Saint Jean a choisi le métier de vigneron pour la qualité de vie. ' Je ne me voyais pas travailler dans un bureau ', affirme-t-il. Après avoir obtenu un BTS pépinières et horticulture, puis un BTS espaces verts, il décide de créer une entreprise d'aménagement paysager. Mais en 1999, il a l'opportunité d'acheter des vignes à Lunel et Lunel-Viel, dans l'Hérault. ' A cette époque, avec un chiffre d'affaires de 7 300 euros/ha, la rentabilité de l'AOC Muscat de Lunel était bonne. J'ai saisi l'occasion. Je ne le regrette pas. Comme vigneron, j'ai plus de liberté que si j'étais devenu prestataire de services. '

La Safer mettait 15 ha de vignes en vente. ' Mon père possédait déjà 2 ha de muscat. Je les ai repris en fermage. J'ai acheté à la Safer 6 ha en appellation et 1,5 ha en vin de pays. Je n'ai pas voulu plus. Avec 9,5 ha, je pouvais rester au forfait, travailler seul et dégager un bon revenu. '
Pour démarrer, Frédéric s'appuie sur les conseils de son père, qui lui apprend à tailler la vigne. Avec la dotation Jeunes agriculteurs, il achète du matériel d'occasion. En 2000, il paye ses phytos et ses vendangeurs avec ses économies. En 2001, il commence à prélever 450 euros/mois. En 2002, il arrive au Smic. La progression de son revenu s'arrête là. En 2003, la coopérative, spécialisée dans le muscat de Lunel et dans les vins blancs, quitte le groupement de producteurs dont elle faisait partie. En 2004, le directeur prend sa retraite. ' Financièrement, la cave ne pouvait pas réembaucher. Le président, épaulé par quelques jeunes du conseil d'administration, a repris les fonctions du directeur. J'ai rejoint l'équipe et, en 2005, j'ai commencé à m'occuper d'un caveau de vente. '

La coopérative avait déjà un caveau sur son site de vinification. Elle en ouvre un deuxième dans le centre de Lunel, dans un local loué par la mairie. Là, elle touche une nouvelle clientèle. ' La première année, nous nous sommes relayés pour le tenir. Les ventes ont progressé. En 2006, nous avons pu embaucher une vendeuse à mi-temps. Pour vendre d'autres produits régionaux, nous avons créé une société, dont je suis le gérant. '
Pour faire connaître ce caveau, il organise une inauguration, puis une exposition de peintures. Il contacte l'office du tourisme pour attirer les locataires de chambres d'hôtes. Avec la coopérative oléicole de Sommières, il monte un circuit muscat et huile d'olive qu'il propose aux tours opérateurs. Le caveau bénéficie aujourd'hui du label Qualité Hérault. ' Nos vins ont une notoriété, mais ils ne sont pas assez connus commercialement. Heureusement, quand nous nous bougeons, nous trouvons des débouchés. Cela nous encourage à continuer. '
La coopérative produit 10 000 hl par an. En 2004, après le départ du groupement de producteurs, les ventes tombent à 4 000 hl. En 2005, grâce aux efforts de toute l'équipe, elles remontent à 8 500 hl. La cave a noué un partenariat avec un négociant. Elle a trouvé deux enseignes pour lesquelles elle embouteille sous marque de distributeur. Elle a développé les ventes aux particuliers, à la restauration, aux cavistes et à l'exportation. ' Lorsqu'il a fallu tenir un stand aux Rencontres internationales du muscat, à Perpignan, en novembre 2005, je me suis proposé. Ce n'était pas évident, mais nous avons noué des contacts avec un importateur américain. '
Pour son engagement commercial, qui lui prend en moyenne une demi-journée par semaine, Frédéric ne perçoit aucune indemnité. Son revenu d'exploitation a baissé. Fin 2004, la coopérative a diminué les acomptes versés aux adhérents de 30 %. En 2005, elle n'a versé que dix mensualités au lieu de douze. Le Syndicat de l'AOC Muscat de Lunel a réduit deux fois le rendement commercialisable, l'abaissant de 32 à 28 hl/ha, puis 23 hl. Le produit brut a chuté de 7 300 à 4 500 euros/ha.

Frédéric ne regrette pas son choix pour autant. ' En 2004, au moment de signer l'acte de vente, j'aurais pu renoncer. Mais j'avais déjà pris goût au métier ', affirme-t-il.
Malgré les difficultés, il garde confiance dans l'avenir du muscat. ' Nous avons relooké les bouteilles, revu les étiquettes et lancé une cuvée de printemps plus aromatique. Les clients ont bien réagi. Nous planchons sur une nouvelle boisson. Nous avons deux projets que nous espérons concrétiser d'ici à 2008. Nous devons tenir jusque-là. A nous de le vendre, même si le commerce n'est pas notre métier de départ. Nous sommes au fond du trou, nous ne pouvons que remonter ! '

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