ImprimerTrois firmes ont appliqué des herbicides foliaires à dose réduite sur l'enherbement. Elles ont économisé une ou plusieurs tontes mécaniques. Le meilleur moment pour intervenir est quinze jours à trois semaines après la première tonte.
Ces dernières années, l'enherbement des vignobles s'est considérablement développé. ' C'est un premier pas pour freiner la vigueur et limiter les rendements ', rappelle Guy Blanc, responsable technique de la filière vigne chez Bayer Cropscience.
Mais souvent, il s'avère fortement compétitif à une période où la vigne est en forte croissance. Il est nécessaire de le contrôler par des tontes mécaniques. Dans les grosses exploitations, cette opération peut s'avérer un vrai casse-tête pour l'organisation du travail. Plusieurs firmes ont donc testé la ' tonte chimique ', c'est-à-dire l'application d'herbicides foliaires à dose réduite.
De 2002 à 2004, Syngenta a testé l'effet de Touchdown système 4, un systémique, à des doses variant de 0,75 à 1,25 l/ha sur des enherbements composés de graminées. En désherbage, ce produit s'utilise à raison de 3 à 7 l/ha. La firme l'a appliqué à dose réduite en avril, après la reprise végétative de l'enherbement, sur des parcelles dont une partie avait été tondue quinze jours avant.
L'application de 1 l/ha a suffi pour maîtriser la pousse de la plupart des herbes. Par contre, pour avoir un bon contrôle du ray-grass et de la fétuque, il a fallu passer à 1,25 l/ha. Syngenta a remarqué que la date d'intervention était primordiale. La firme a obtenu les meilleurs résultats au stade montaison à début épiaison des graminées, quinze jours après la première tonte.
Grâce à ce seul traitement, ' entre une et trois tontes ont pu être économisées selon les sites et les conditions climatiques ' , rapporte Philippe Bandiera, chef de marché herbicides chez Syngenta.
Dans le même esprit, Nufarm a étudié en 2004, sur six sites, l'effet du Weedazol TL, un autre herbicide foliaire systémique à base d'aminotriazole. En désherbage, il s'applique à la dose de 10 à 15 l/ha. Dans l'essai, Nufarm l'a testé à 2,4 et 6 l/ha, à deux époques différentes : début février en phase de repos végétatif, et début mars à début avril en phase de redémarrage de la végétation. Sur deux sites situés dans le sud de la France, la firme a renouvelé l'application en juin avec 3 l/ha.
Quinze jours à un mois après les applications, le couvert de graminées a blanchi. L'effet a été plus rapide sur les traitements réalisés lors du redémarrage du couvert. Et plus la dose était élevée, plus les décolorations étaient importantes. Cependant, seule la dose de 6 l a partiellement altéré l'enherbement. Les autres doses ont montré une bonne sélectivité. La dose de 4 l/ha a permis d'éliminer les dicotylédones présentes, notamment le crépis à feuille de Nîmes, le pissenlit, le géranium et la vesce, sans détruire les graminées.
Les observations sur les enherbements à base de ray-grass montrent que cette dose a réduit la hauteur de l'herbe de 21 % trois mois et demi après l'application de février. L'application plus tardive a eu un effet plus limité, avec une réduction du couvert de l'ordre de 15 %. L'application additionnelle de juin a permis de bloquer le développement du couvert jusqu'aux vendanges.
'L'application de 4 l/ha de Weedazol TL (960 g/l d'aminotriazole) lors de la reprise de la végétation, du 15 février à fin mars, selon les régions et les années, permet de conserver les enherbements propres et de les pérenniser, en détruisant les dicotylédones qui envahissent les couverts, mais aussi de limiter la vigueur de l'herbe et de retarder la première tonte de quinze jours à trois semaines ', estime Bernard Tombu, chez Nufarm.
Bayer CropScience est la dernière firme à s'être lancée sur ce créneau. En 2005, elle a mis en place cinq essais avec Basta F1, un contact à base de glufosinate d'ammonium. Elle a testé des doses de 1 l, 1,5 l, 2 l, 2,5 l et 3 l alors que le produit s'utilise à 5 l/ha pour le désherbage. Les applications ont été réalisées quinze à vingt jours après la première tonte au printemps, lorsque l'herbe recommençait à pousser. Deux mois plus tard, les expérimentateurs ont fauché les parcelles et ils ont mesuré la réduction du poids de la biomasse tondue. En moyenne sur deux essais, cette dernière a été de 26 % pour la dose de 1 l, de 35 % pour 1,5 l, de 41 % pour 2 l et de 51 % pour 2,5 l.
Selon la firme, ces premiers résultats tendent à montrer que les doses de 2 à 2,5 l conviennent mieux pour les enherbements composés de dicotylédones, et les doses de 2,5 à 3 l pour ceux à base de graminées. Les essais seront poursuivis en 2006 pour valider la technique, confirmer les doses et définir la date d'application optimale après la tonte.
