En Bourgogne, Didier Guénard maîtrise ' la subtile difficulté du travail de la courbe '. Il réalise des fauteuils, des coffres ou des tables à partir de foudres et de fûts.
Didier Guénard crée du mobilier en douelles
Didier Guénard pratique ' la métamorphose du tonneau ' : il crée du mobilier contemporain en douelles. Il transforme barriques, foudres ou cuves en fauteuils, tables de salon, salle à manger, guéridons, pupitres... Installé en pleine campagne, à Beaumont-sur-Grosne (Saône-et-Loire), à quelques kilomètres du vignoble bourguignon, Didier Guénard recycle les pièces que les vignerons lui cèdent ou lui vendent. Il donne une seconde noblesse aux matériaux bruts qui les constituent : le bois et le fer.
Cet ébéniste de formation a travaillé vingt ans chez un restaurateur de meubles anciens de tous styles et de toutes époques. En 2001, il se lance dans la création. Il défait les tonneaux et les recompose, tout en suivant fidèlement les règles de travail de l'ébénisterie.
' Les plus beaux tonneaux proviennent directement des caves, explique-t-il. Ils n'ont été exposés ni à la lumière, ni aux intempéries, sinon ils deviennent tout gris. ' D'abord, il les trie. Certains conviennent mieux que d'autres, car ils ont été travaillés ' lentement ' au niveau de la chauffe et du cintrage, qui courbe les douelles. Il élimine ceux qui ont des cloques, car elles signifient que la fibre est fendue. Puis il les démonte. Il conserve les cerclages de fer. Il classe les douelles en lots et les stocke, en attendant leur transformation au fur et à mesure de son inspiration. Il s'applique à trouver le bon mariage entre le fer et le bois pour ' que ce soit en harmonie '.
Non content d'assembler les différents matériaux, il joue également sur les nuances de couleur propres au bois, ou dues à la chauffe et aux réactions entre le vin et le bois. Ces nuances vont du rose pâle à l'amarante, en passant par des tons brunis.
En réalisant sa première pièce en douelles, une malle de corsaire, Didier Guénard prend conscience de ' la subtile difficulté du travail de la courbe '. C'est tout un art qu'il peaufine au fil des ans. ' Le plus difficile est de basculer en permanence du concave au convexe ', souligne-t-il.
Dans son atelier, ses oeuvres en cours de fabrication, recouvertes de poussière et de sciure, côtoient les machines à bois combinées, des scies électriques et des postes à souder. Didier Guénard emploie les techniques modernes et anciennes, comme les colles à chaud ou le racloir à l'efficacité redoutable. Créatif, il bricole ses propres outils, comme ce rabot rond, ' parfaitement adapté aux formes arrondies des douelles '. Didier Guénard termine ses oeuvres en appliquant une couche de vernis résistant ou, simplement, avec des finitions naturelles. Il choisit toujours des tons en rapport avec les couleurs du bois.
Didier Guénard est particulièrement fier d'avoir entièrement aménagé une pièce du bar La Billebaude, à Givry (Saône-et-Loire). Le comptoir, les chaises, les tables... sont en douelles de tonneaux. Ce travail a nécessité une quarantaine de fûts de vin et quelques cuves. L'ébéniste a déjà exposé ses oeuvres contemporaines dans le château de Pommard. Il aimerait les présenter dans d'autres bâtiments représentatifs du patrimoine. Il projette aussi de réaliser ' un temple du tonneau ', à Mercurey.