Le nouvel arrêté sur les mélanges phytosanitaires ouvre de nouvelles possibilités. Dorénavant, tous les mélanges, non explicitement interdits, sont autorisés. Ce principe satisfait les distributeurs de produits qui voient s'ouvrir des moyens de lutte plus efficace.
'La nouvelle réglementation va notablement améliorer les possibilités de mélanges, déclare Philippe Mangold, de la coopérative agricole et vinicole de Beaune-Verdun-Seurre. Elle est plus adaptée au fonctionnement des utilisateurs. ' La réglementation précédente était basée sur une liste positive de mélanges. Tous étaient interdits, sauf ceux inscrits sur cette liste. Pour ne pas se tromper, il fallait la connaître. Or, elle était en perpétuelle évolution.
Concrètement, tous les mélanges contenant au moins un produit classé CMR II, toxique ou très toxique (T+), étaient exclus d'office, de même que ceux contenant au moins deux produits avec les phrases de risques R 40, R 43, R 61, R 62 et R 63.
Cette législation a influé sur les ventes de quelques produits. Certains ont profité de la situation, tel Stroby DF (krésoxim-méthyl) de BASF. Seule strobilurine non R 43, elle était associable à n'importe quel antimildiou.
Le nouvel arrêté, attendu depuis un an par les professionnels, a été signé par Dominique Bussereau le 13 mars dernier. Il est paru au Journal officiel le 5 avril. Le système se veut plus simple et part sur le principe de la liste négative. Tous les mélanges sont maintenant autorisés, sauf ceux interdits par l'administration, car ils présentent le plus de risques pour la santé et l'environnement.
Dans ce nouveau contexte, les mélanges prohibés sont ceux contenant au moins un produit étiqueté toxique ou très toxique, ou avec une zone non traitée (ZNT) supérieure ou égale à 100 m. De même, les associations de deux produits étiquetés R 40 ou R 68, de deux préparations R 48, ou encore de deux produits avec les phrases R 62, R 63 ou R 64 sont interdites. Par ailleurs, l'emploi de pyréthrinoïde avec imidazole ou triazole n'est pas autorisé en période de floraison ou d'exsudat.
' Grâce à cet arrêté, on peut remettre en avant certains produits, comme Elios, et développer de nouvelles stratégies de lutte ', déclare Philippe Mangold. En effet, Elios est un produit à base de quinoxyfen, étiqueté R 43, qui n'était pas mélangeable aux antimildious avec la même phrase de risque. Ce qui représente tout de même 60 % de l'offre, dont ceux à base de folpel et mancozèbe. ' Cela donne d'autres solutions, en particulier au niveau du désherbage où on était parfois dans l'impasse , déclare Pascal Meunier, d'Espace Vigne Sancerre . Je pense, par exemple, à des flores telles que le géranium et le ray-grass. Pour les traitements au printemps en postlevée, aucun produit n'est efficace à 100 %. Maintenant, on peut mélanger le Round-Up et l'aminotriazole. Maintenant, on peut moduler les doses et lutter plus efficacement. '
' Le seul bémol, c'est que cette décision arrive un peu tard. Tout le monde est pris de court ! souligne Pascal Meunier. Nous, distributeurs, n'avons pas l'organisation suffisante pour nous adapter et revoir toutes les préconisations. Nous les validons au coup par coup. ' Cependant, l'horizon n'est pas totalement dégagé. On attend d'autres évolutions de la réglementation. En particulier, la transposition de la directive européenne 99/45 sur la classification des préparations dangereuses prévoit un reclassement des produits phytosanitaires de façon plus sévère. Ceci risque de provoquer à nouveau des interdictions de mélanges. ' Tout doit être revu, les phrases de risques vont être modifiées. Pour l'instant, on agit dans l'attente que tout soit calé ', conclut Pascal Meunier.