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Mélanges : la réglementation bouleverse les habitudes

La vigne - n°162 - février 2005 - page 0

Avec la nouvelle réglementation, beaucoup de mélanges d'antimildious et d'antioïdiums, souvent appliqués, ne sont plus possibles aujourd'hui. Cela risque de pénaliser des antioïdiums récents, comme Legend, Prosper ou Flint.

'La réglementation va dans le bon sens pour l'utilisateur et l'environnement. Mais comme tout changement important, elle complique la vie de nombreuses personnes ', considère une firme phyto. Rappelons qu'elle impose une liste positive. Il est interdit de réaliser les mélanges qui n'y figurent pas. Avec un tel principe, on n'a pas fini de s'arracher les cheveux. D'abord refroidies par la lourdeur de la procédure, les firmes se sont pourtant mises au travail. Avec les instituts techniques, elles ont rempli les dossiers de demande d'enregistrement. Résultat : début janvier, 8 432 mélanges vigne étaient autorisés provisoirement. La liste est consultable sur le site internet du ministère.

Pour une bonne part, il s'agit d'associations antimildiou-antioïdium et d'associations antibotrytis-insecticide vers de la grappe. L'année 2005 sera consacrée, en priorité, à l'enregistrement d'une nouvelle série de mélanges : d'une part, ceux composés d'herbicides et, d'autre part, d'antimildiou-antioïdium-insecticides cicadelle de la flavescence dorée.
Du fait des règles établies par le ministère, de nombreux mélanges sont exclus. Dès lors qu'un produit est classé T + (très toxique), il ne peut être mélangé à aucun autre. Pareil si l'une des substances actives est classée CMR 2 au niveau européen (substances devant être assimilées à des substances cancérigènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction). Par ailleurs, le ministère a exclu tous les produits classés T (toxiques) de ses listes. Pour l'instant, ils ne peuvent pas être mélangés à d'autres. De même, on ne peut pas mélanger deux produits classés R 40 (effet cancérigène suspecté : preuves insuffisantes), R 43 (peut entraîner une sensibilisation par contact avec la peau), R 61 (risque pendant la grossesse d'effets néfastes pour l'enfant), R 62 (risque possible d'altération de la fertilité), et R 63 (risque possible pendant la grossesse d'effets néfastes pour l'enfant). Avant d'autoriser de telles possibilités, le ministère veut connaître l'avis de la commission des toxiques.
Pour les firmes, les distributeurs et les vignerons, cette nouvelle réglementation est un vrai problème. Elle risque même de bouleverser certains marchés et bien des habitudes. Les antibotrytis et les insecticides vers de la grappe ne devraient pas trop en pâtir. En effet, 75 % des antibotrytis sont appliqués seuls. Pour les antimildious et les antioïdiums, c'est une autre histoire. 60 % des antimildious - dont ceux contenant du folpel et du mancozèbe - et 30 % des antioïdiums possèdent la phrase de risque R 43.

Près d'un tiers des antioïdiums ne seront plus mélangeables avec les antimildious. Or, cela correspond à un marché de deux millions d'hectares traités. Par exemple, les produits à base de quinoxyfen (Legend, Elios), de spiroxamine (Prosper, Hoggar) et de trifloxystrobine (Flint, Consist) sont R 43. Ils ne pourront pas être associés au Valiant flash (fosétyl + cymoxanil + folpel), au Mikal (fosétyl + folpel), au Rhodax (fosétyl + mancozèbe), au Panthéos (diméthomorphe + folpel), à Acrobat (diméthomorphe + mancozèbe), à Odena, Sirbel (iprovalicarbe + folpel), à Mandore, Yorel (iprovalicarbe + mancozèbe), à Electis pro, Roxam combi (zoxamide + mancozèbe), à Eperon Mix pépite (méfénoxam + folpel)... qui sont aussi R 43. La liste est longue.
Dans la majorité des régions, où l'antimildiou détermine le choix du programme, le quinoxyfen, la trifloxystrobine et la spiroxamine risquent d'être freinés. A moins que grâce à leurs performances, ils trouvent quand même leur place dans les vignobles septentrionaux, du fait de la forte pression oïdium de 2004. Si l'oïdium n'est pas une maladie majeure, les distributeurs et les vignerons risquent de se focaliser sur du soufre ou des IBS, dont la plupart sont exempts de R 43. Toutefois, à terme, cela réduira l'alternance et compliquera la gestion des résistances. A contrario, dans le Sud-Est, c'est l'antioïdium qui sera choisi en premier. S'il est R 43, il faudra y associer un antimildiou qui ne l'est pas.
Les produits polyvalents (Cabrio, Quadris Max) tirent leur épingle du jeu. Mais en tant que QoI, ils sont soumis aux restrictions de cette famille, à savoir deux à trois applications par parcelle et par an. Toutes les sociétés phytos sont logées à la même enseigne. Et elles ne sont pas au bout de leur peine. Avec la transcription en droit national de la directive 99/45, qui définit les principes d'étiquetage et de classification des substances dangereuses, de nombreux produits auront un classement plus sévère.

Une forte proportion va passer en T + et les phrases de risque R et S vont augmenter. D'autres produits sont susceptibles d'être classés CMR 2. C'est le cas par exemple du dinocap (Karathane...). Or, le ministère de l'Agriculture a enregistré des mélanges contenant cette matière active. Ils restent encore autorisés, mais les listes de mélanges vont évoluer. Un vrai casse-tête !
L'autre point qui chagrine les firmes est que le travail sur certains segments n'a pas été fait de manière exhaustive. Certains mélanges sont enregistrés provisoirement, alors que d'autres sont encore en attente d'évaluation par le ministère. Cela engendre des distorsions de concurrence entre les firmes, car les distributeurs modifient leur référencement en conséquence. ' L'Union des industries de protection des plantes et ses sociétés adhérentes souhaitent contribuer efficacement au bon déroulement de la procédure, mais dans un cadre acceptable et raisonnable pour les différentes parties ', estime Jean-Charles Bocquet, directeur général de l'UIPP.


EN SAVOIR PLUS
La liste des mélanges enregistrés provisoirement est disponible sur le site internet du ministère de l'Agriculture : www.agriculture.gouv.fr/spip/IMG/xls/Synthese_melanges.xls

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