Le dernier vendredi de chaque mois, le restaurant, Le Ranquet, ouvre sa table à un vigneron du Languedoc ou des Côtes du Rhône. Il prépare des plats en harmonie avec leurs vins pour des amateurs ou des néophytes.
Le lieu, au coeur d'une forêt de chêne vert, est enchanteur. Depuis deux ans et demi, Anne et Jean-Luc Majourel, propriétaires du restaurant Le Ranquet, à Anduze (Gard), organisent, le dernier vendredi de chaque mois, un dîner rencontre avec un vigneron de la région. ' Nous cherchons à promouvoir les vins du Languedoc et des alentours. ' Avec le sommelier ' maison ', Anne et Jean-Luc Majourel choisissent un domaine parmi ceux qui figurent sur leur carte des vins. Le 31 mars dernier, c'est Diane de Puymorin, vigneronne dans les Costières de Nîmes, au Château d'Or et de Gueules, qui était l'invitée de ces dîners rencontres.
' C'est une bonne occasion de faire découvrir directement sa gamme de vins aux consommateurs, fait-elle savoir. De plus, la restauration constitue un excellent circuit de prescription de nos produits, car le vin est servi à table. '
Quelques jours avant le dîner, Anne Majourel, qui officie en cuisine, déguste les vins de Diane pour concocter des plats en harmonie. C'est ainsi que le vin de pays d'Oc, chardonnay 2003, sera servi à l'apéritif avec des toasts de saumon et de poisson gras. Le costières-de-nîmes rosé 2004 accompagnera un taboulé méridional. Son équivalent en blanc mettra en valeur des noix de Saint-Jacques grillées à la sauce cévenole. Le rouge 2001 partagera la vedette avec un filet de taureau de Camargue... ' Nous sommes allés crescendo dans la complexité des mets et des vins ', explique Diane de Puymorin.
Dès l'apéritif, elle présente aux convives le domaine qu'elle a racheté en 1998. Elle évoque ses 8 ha de mourvèdre centenaire, sa méthode de travail lors des vendanges et des vinifications. ' Mes vins sont le reflet de ce que j'aime : la puissance, la concentration et la longueur. '
Après ce préambule, les convives sont prêts à passer à table. Pendant le repas, les explications se poursuivent. La propriétaire du Château d'Or et de Gueules commente chaque vin : l'assemblage dont il est issu, le parti pris de vinification dont il a fait l'objet, et la pertinence de l'alliance avec le plat. L'ambiance est chaleureuse, décontractée. Et la formule séduit.
' Nous avons réussi à fidéliser une clientèle autour de ces rendez-vous. Les gens apprécient de plus en plus ces moments de grande convivialité. Certains sont même devenus amis ', sourit Jean-Luc Majourel.
Le public est limité à une cinquantaine de personnes par soirée. Le restaurant adresse un mailing à ses clients et dépose des tracts publicitaires dans des bars à vin de Nîmes, la ville voisine. ' Il y a des amateurs et des néophytes, indique Michaël Rieusset, le sommelier. Nous recevons parfois des professionnels, des cavistes ou des vignerons qui viennent découvrir le travail de leurs confrères. '
Comme cette luthière d'Anduze venue pour passer ' un bon moment : cela fait cinq ou six fois que je participe à ces dîners. On goûte de bons vins et on fait la connaissance du vigneron, nous nous sommes constitués un petit carnet d'adresses ' . Un jeune couple, venu d'Alès, a été ' attiré par la bonne réputation du domaine de Diane de Puymorin. J'avais eu l'occasion de déguster ses vins à Vinisud ', déclare le mari caviste.
Certains passent la nuit sur place. Le restaurant possède en effet une dizaine de chambres. La soirée leur revient alors à 125 euros, petit-déjeuner compris. Pour ceux qui rentrent chez eux, l'addition s'élève à 65 euros. Une idée originale, à prix raisonnable.