Des viticulteurs se chauffent aux sarments pour réaliser des économies d'énergie. Ils les broient ou les pressent en balles pour les brûler.
Les Chevallier, à Jongieux (Savoie), se sont équipés d'une chaudière à sarments il y a huit ans. Pour Sylvain Chevallier, viticulteur, le but était de sortir les sarments de la vigne, pour éviter les maladies du bois, et d'utiliser de la matière première gratuite, sans produire de gaz à effet de serre. Ils ont acquis une chaudière à bois chez Energie Système. Elle fonctionne de manière automatique et continue. Pour cela, il faut l'approvisionner en copeaux de bois.
Cette chaudière a été subventionnée, à 70 %, par la région Rhône-Alpes, par l'Europe et par l'Ademe. Sur ses 10 ha, Sylvain Chevallier n'en utilise que 8 pour se chauffer. Après avoir tiré les bois de la vigne, il les sort avec des griffes et les stocke jusqu'à l'été pour les faire sécher, car s'ils sont broyés verts, les sarments risquent de fermenter.
En juillet, il loue un broyeur à couteaux, qui coupe nettement les sarments. Ainsi, les morceaux s'écoulent de manière plus fluide et risquent moins de boucher l'alimentation de la chaudière.
Sylvain Chevallier prépare 40 m 3 en deux jours, ce qui suffit pour chauffer tout l'hiver les 200 m² de la maison. Une fois réduits en morceaux de 3 à 4 cm de longueur, les sarments sont amenés dans le lieu de stockage près de la maison. Un silo est situé au-dessus de la chaudière. Il a une capacité de trois jours, et Sylvain Chevallier le remplit à l'issue de ce laps de temps. Ce système fonctionne très bien.
Beaucoup de viticulteurs, intéressés par cette technique, contactent les Chevallier. Mais il semble qu'il y ait deux freins à son extension : les aides ne sont pas similaires dans toutes les régions et l'installation revient souvent cher. De plus, il faut trouver une solution pour broyer les sarments de façon à ne pas boucher l'alimentation de la chaudière. Ainsi, Alain Ménétrier, viticulteur champenois, mélange ses sarments avec des copeaux de bois classiques dans sa chaudière traditionnelle, alimentée en continu. ' Il faut un très bon calibrage pour obtenir une bonne fluidité des combustibles . Comme j'ai un souci avec mon broyeur à marteaux à ce niveau-là, je les mélange à du bois ', note-t-il.
Un autre système consiste à utiliser une presse à sarments pour faire des balles et à les insérer dans une chaudière. C'est l'option choisie par André Durrmann, viticulteur alsacien, qui souhaitait sortir les sarments de sa vigne à cause des maladies du bois. Il s'est équipé d'une presse à sarments DCMA, réglable en largeur. Il peut ainsi faire des balles qui rentrent dans sa chaudière. Les fagots n'étant pas trop compactés, l'air peut passer entre les sarments, évitant toute fermentation.
André Durrmann stocke les balles sous une bâche, mais souligne qu'il faut bien aérer. Il se chauffe avec un mélange de sarments, parfaits pour lancer la chaudière ou la cuisinière, et de bûches. Une technique économique et écologique !