La donne change

Le Nouveau Monde, c'est la France. Certes, cela n'apparaît pas encore très clairement. Mais on le sent venir. Un vent se lève. Il décape les vieilles idéologies. Il balaie les postures syndicales stéréotypées. Il emporte les raisonnements hérités d'une époque où l'Etat avait les moyens et le droit de redresser les cours en achetant les vins. Dès le début de l'année, on l'avait senti souffler du côté des Vignerons indépendants. Ils avaient refusé de participer à une énième manifestation, jugeant que descendre dans la rue pour invectiver les pouvoirs publics n'était pas le meilleur moyen d'agir. Dernièrement, ils n'ont pas poussé de cris de douleur feinte lorsque la Commission européenne a présenté son projet de réforme de l'OCM (organisation commune des marchés). Ils savent qu'il faut changer la donne et ils le disent. A son échelle, la CCVF (Confédération des coopératives vinicoles de France) a procédé à une révision encore plus radicale. Lors de leur congrès, les leaders de la coopération ont reconnu la nécessité ' du changement des mentalités pour conduire les coopératives vers la culture d'entreprise, tournées vers la satisfaction des besoins de ses clients '. Même le Midi viticole réussit à mettre en sourdine ses divisions, emporté par la fougue de Georges Frèche.
Reste au monde des appellations à faire sa révolution copernicienne. Il a longtemps vécu dans la méfiance à l'égard de l'innovation et dans l'idée qu'il se définit dans la tradition.
Mais les yeux s'ouvrent. On se rend à l'évidence : pour remplir son contrat unique au monde, une appellation doit apporter la garantie d'une origine, d'un style et d'une qualité. Tenir ces trois promesses suppose déjà suffisamment de rigueur et de contraintes pour qu'il ne soit ni nécessaire, ni souhaitable de vouloir devenir en plus un musée.