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L'esprit des guinguettes : retour d'un art de vivre français

La vigne - n°178 - juillet 2006 - page 0

Une association redonne vie aux guinguettes, ces cabarets des faubourgs parisiens où le peuple venait boire du vin blanc et danser.

Ah, les guinguettes ! Doivent-elles leur nom au guinguet, cet infâme brouet produit par les vignerons du Val de Marne au XVII e ? A guiguer qui signifie sauter ? A guincher ? Gouailler ? Partir en goguette ? Toujours est-il qu'elles véhiculent un imaginaire haut en couleur : celui des faubourgs, du peuple qui s'amuse. Les impressionnistes et les cinéastes ont saisi ces ambiances, ces premiers loisirs populaires, cet art de vivre à la française.
A l'origine, les guinguettes étaient des endroits où l'on buvait un vin blanc bon marché. Au XIX e siècle, elles deviennent des lieux de danse populaire. Celles de Paris n'ont pas bonne réputation, car elles attirent petits malfrats, bandes rivales, prostituées et réunions syndicales.

Parallèlement, sur les bords de la Marne et de la Seine se développent d'autres guinguettes, dans un cadre verdoyant. Elles sont fréquentées par des familles de petits employés. Les Parisiens s'y précipitent pour se détendre. Ils se restaurent copieusement de matelotes d'anguilles, de fritures de goujons, de moules frites. Ils boivent le vin blanc local. Ils s'adonnent aux joies du canotage. Ils dansent au son de l'accordéon, chantent ou écoutent des chansonniers.
Vingt ans plus tard, quelques passionnés leur redonnent vie. Ils fondent l'association Culture guinguette en 1993. Mais hormis certaines comme Gégène et Le Petit Robinson, à Joinville-le-Pont, les autres peinent à survivre.
En 1997, la charte Guinguette de pays voit le jour. Jean-Yves Dupin, le président, également propriétaire du Martin Pêcheur, à Champigny-sur-Marne, la définit ainsi : ' C'est la garantie d'une guinguette au bord de l'eau. On y trouve un orchestre, on y danse. On est parti de l'époque un peu mythique de l'entre-deux-guerres, véhiculée par les différents photographes et les peintres. '
Le label est censé garantir aux aficionados, une assiette remplie, un vin de qualité autour de 15 à 25 euros la bouteille, un bon orchestre, une programmation renouvelée et des animations. Une dizaine d'établissements en région parisienne et une centaine en France en bénéficient. Un logo a même été créé. L'association édite une feuille L'Echo des guinguettes. Selon Jean-Yves Dupin, de nombreuses guinguettes ont vu le jour ces dernières années dans toute la France avec l'envie de recréer une atmosphère conviviale et culturelle.

Les municipalités redécouvrent aussi leur patrimoine. En 1979, la mairie de Chatou a racheté la Maison Fournaise, célèbre car Renoir y a peint quelques-unes de ses toiles. Depuis 2002, on y trouve un restaurant et un musée avec des expositions sur les impressionnistes.
Autre démarche, la mairie de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) a financé la reconstruction d'une guinguette, La Pergola, qui existait jusqu'en 1964. Michel Miersman, premier adjoint, inscrit ce projet dans la recherche des racines d'une ville nouvelle ayant eu un passé viticole au Moyen Âge. La guinguette ouvre en septembre.
Les séniors sont une clientèle fidèle. Comme ils seront de plus en plus nombreux, ils constituent la meilleure garantie d'avenir des guinguettes. Mais les jeunes y viennent aussi pour le côté décalé et chaleureux, surtout lors d'animations (élection de miss guinguettes, la sortie du muscadet nouveau...)

www.culture-guinguette.com
www.guinguette.org

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