En 2001, Fabrice Rieu, Alexandre Rieu et Laurent de Besombes créent la maison de négoce Albéra. Ces trois passionnés oeuvrent depuis l'adolescence dans des clubs de dégustation et dans une association de jeunes amis du vin. ' Contrairement aux idées reçues, les jeunes s'intéressent au vin ! S'ils en boivent peu, c'est avant tout parce qu'ils le perçoivent comme un produit compliqué. Ils n'ont pas envie de passer pour des imbéciles, ni de recevoir des leçons. Ils ne trouvent pas d'occasions de consommation, le vin étant absent des lieux qu'ils fréquentent. Ils se tournent alors vers les bières et les alcools, qui sont portés par des marques ', analyse Laurent de Besombes, par ailleurs vigneron en cave particulière.
Forts de ce constat, les trois associés décident de passer à l'action. Ils s'installent à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) et élaborent un premier produit. Ils optent pour un vin doux naturel, un muscat-de-rivesaltes présenté dans un flacon carré, fermé par un bouchon à tête pour faciliter le service au verre. Les créateurs inscrivent la marque Nayandei, pour night and day, à la verticale en bleu sur une étiquette transparente, des options innovantes pour l'époque.
Les premiers résultats sont décevants. ' Le packaging ne fait pas tout. Ce muscat était trop sucré, trop alcoolisé et pas assez festif. Nous avons revu notre copie. A l'automne 2001, nous avons lancé Bubbles, un muscat sec pétillant de 11°5 ', raconte Fabrice Rieu. Avec son frère Alexandre, ils placent ce vin dans des bars de nuit, puis dans des discothèques et des restaurants. Les consommateurs apprécient et en redemandent. La mode prend et les ventes décollent.
Pour le jour, Albéra sélectionne trois vins de pays légers et fruités. Les ventes progressent, mais les cavistes locaux se demandent si cette nouvelle gamme ne va pas brouiller leur image et restent plutôt frileux.
En 2002, Albéra obtient le prix du développement pour l'entreprise agroalimentaire la plus innovante. Les retombées médiatiques suscitent une demande hors du département. Fabrice et Alexandre sillonnent la France et sont de toutes les fêtes pour faire déguster leurs vins. En 2003, les ventes atteignent 100 000 cols. En 2005, la gamme s'enrichit avec Nolita fraise, un blanc à 6°5, parfumé avec des extraits végétaux. En 2006, Nolita pêche suivra. ' Les bières aromatisées nous prenaient des parts de marché, et la réglementation sur l'alcoolémie au volant avait changé. Nous devions réagir ', commente Fabrice.
En 2005, les ventes atteignent 400 000 bouteilles, un beau résultat pour une entreprise qui n'a bénéficié d'aucun soutien public. ' Nous avons réussi parce que nous avons répondu à un besoin. Entre les bières et les spiritueux, en termes de degré d'alcool comme de prix, il y a une place à prendre avec un produit festif et démocratique. Le plus difficile est de trouver des distributeurs prêts à prendre le risque ', souligne Fabrice.
Les grandes surfaces ne représentent que 15 % des ventes. L'essentiel se fait chez les restaurateurs et les cavistes. Les vins trouvent également une place dans des lieux plus surprenants, chez des fleuristes, des coiffeurs ou des vendeurs d'objets design. Le positionnement n'est pas élitiste pour autant, et la gamme séduit toutes les tribus de jeunes. ' Nous avons créé une porte d'entrée qui leur permet d'accéder à l'univers du vin. Ils s'intéressent ensuite à des vins plus traditionnels. Ils ont des codes de communication différents, mais ils ne viennent pas d'une autre planète. Ce qui leur plaît peut séduire d'autres tranches d'âge. Réveillons-nous, le monde bouge, les repères changent ! ', lance Laurent.
Site : www.nayandei.fr