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Le Vigneron cause des déceptions

La vigne - n°180 - octobre 2006 - page 0

Avec cet appareil, il n'est plus nécessaire de prélever des échantillons. Il mesure directement sur vin, moût ou grappe entière, différents paramètres analytiques à l'aide d'un rayon lumineux. Mais deux des trois premiers utilisateurs sont déçus.

La société Seppal distribue, en France, un analyseur capable de mesurer le degré alcoolique, l'acidité totale, le pH et bien d'autres paramètres. Fabriqué par la firme américaine Brimrose, Le Vigneron a été présenté, pour la première fois, au Sitévi 2005. Il est composé de deux éléments : un boîtier que l'on transporte dans un sac à dos, et un pistolet qui émet un rayonnement proche de l'infrarouge, lorsqu'on appuie sur sa gâchette. Il suffit de diriger le faisceau, pendant quelques secondes, vers une grappe, un moût, ou un vin fini pour effectuer les mesures souhaitées. Celles-ci sont immédiatement lisibles sur un écran à cristaux liquides. Cette méthode est rapide et non destructive. A ce jour, trois utilisateurs ont réalisé des mesures avec cet appareil, proposé à 35 000 euros.

En Languedoc, la coopérative de Roquebrun (Hérault), située sur l'aire d'appellation Saint-Chinian, l'a acheté au début des vendanges 2006. Alain Rogier, directeur et oenologue de la cave, s'interroge sur le bien-fondé de cet investissement. « Cet appareil n'est ni fiable, ni opérationnel. Nous n'avons pu l'utiliser que sur moût et uniquement sur trois paramètres. Pour le degré, nous obtenons un écart de 0°3, ce qui est satisfaisant. Mais nous obtenons une différence de 1,5 point pour l'acidité totale, et pas moins de 3 points pour le pH », déclare-t-il en ne remettant pas en cause le matériel lui-même, mais plutôt le fournisseur. « Je m'attendais à plus de réactivité de sa part », regrette-t-il. Visiblement, l'assistance technique et la mise au point laissent à désirer.
Dominique Morizet, responsable du laboratoire d'oenologie des champagnes Roederer, vient conforter cet avis. Elle a testé Le Vigneron sur grappes, puis sur moûts de chardonnay. « Les résultats sont très décevants. Nous étions conscients que cet analyseur portatif ne pouvait pas donner des résultats aussi précis que ceux du laboratoire. Nous avons relevé jusqu'à 2 points d'écart sur la mesure du degré. Dans tous les cas, les résultats étaient incohérents et variaient d'un jour à l'autre. Nous avions l'appareil en location. Nous l'avons restitué à Seppal. Mais nous restons intéressés. Nous attendons que les développeurs le rendent performant », explique-t-elle
A l'inverse de ses collègues, Christine Monamy, responsable de l'observatoire du millésime, au Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), se félicite des premiers résultats obtenus. « Nous l'avons testé sur des vins finis, avant mise en bouteilles. Nous avons observé une corrélation de 0,98 % sur la mesure du degré alcoolique par rapport à la référence, ce qui est excellent. Nous avons également évalué les sucres, l'acide malique, le potassium et le pH sur des moûts de pinot et de chardonnay. Je qualifierais les résultats de moyens, mais nous ne sommes pas trop exigeants, déclare-t-elle. Au chai, nous avons besoin de ce type d'appareil pour suivre les cuves en fermentation. C'est la tendance qui nous intéresse, plus qu'une précision de mesure très fine. Même chose pour les vins en cours d'élevage pour lesquels nous comptons suivre, dès cette année, l'acide malique, l'acide lactique et l'acidité volatile. Comparé à la méthode classique, avec des prélèvements et des mesures au laboratoire, cet outil améliorera considérablement le confort de travail dans les grands chais à barriques. » L'année prochaine, le BIVB va effectuer des essais sur grappes. « Ce sera un outil précieux pour positionner la date des récoltes », estime Christine Monamy.

Gérant de la société Seppal, Alaric de Portal explique les raisons des problèmes rencontrés par les utilisateurs. « Nous ne possédons pas encore une bibliothèque de calibration suffisante pour tous les paramètres. Nous allons rapidement l'enrichir, ce qui conduira à affiner la précision des mesures. Actuellement, cet appareil est mieux adapté au suivi de l'évolution des produits, plutôt qu'à des mesures précises. C'est ce que privilégie le BIVB, dont le laboratoire est dirigé par une grande professionnelle de l'analyse. »

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