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Etiquetage : empoignade autour du cépage

La vigne - n°181 - novembre 2006 - page 0

Les négociants veulent libéraliser l'étiquetage avec la mention du cépage pour informer le consommateur. Les producteurs tiennent à réserver cette mention valorisante aux vins qui s'imposent des règles de production.

Depuis dix ans, les négociants demandent un espace de liberté pour lutter à armes égales avec les autres pays producteurs. En 2002, ils semblaient avoir été entendus. Le rapport Berthomeau préconisait la création d'un vin de cépage de France. Cette nouvelle catégorie devait permettre le lancement de gammes reposant sur un cépage, un pays ? la France ? et une marque. De quoi s'adresser aux consommateurs qui ne connaissent pas grand-chose au vin.
« Indiquer le nom du cépage, ce n'est pas afficher un signe de qualité, mais simplement donner une information sur le goût du vin. Sur le marché international, c'est indispensable », affirme Bruno Kessler, président de l'Afed, l'un des deux syndicats de négociants.
Quatre ans plus tard, l'idée n'a pas abouti. Les projets Val de France, puis Vignobles de France ont échoué devant le refus de la production. Las d'attendre, Bruno Kessler affirme en avoir fait son deuil. Désormais, il dit avoir franchi un nouveau pas. « Nous voulons mentionner le cépage sur les vins de table, à côté de la marque. Nous sommes prêts à attendre la réforme de l'OCM pour obtenir cette possibilité. Cela correspondrait mieux aux règles que se sont déjà fixées les Espagnols, avec leur dénomination Viñ edos de España. L'agrément serait réalisé par les entreprises. Elles sont les mieux placées pour sélectionner des profils gustatifs adaptés à chaque marché », souligne-t-il.
Bruno Kessler souhaite que cette liberté soit encadrée. « Nous devons offrir des garanties aux consommateurs. Avec l'assurance qualité, c'est possible pour un coût abordable. »

Mais les organisations de producteurs ne veulent pas de la mention du cépage sur les vins de table. « Les vignerons qui s'imposent des règles doivent se différencier sur l'étiquette avec des mentions qui leur sont réservées. Sinon, le consommateur n'a aucune chance de s'y retrouver », affirme la Cnaoc.
Contrairement aux vins de pays et aux appellations, les vins de table n'ont pas de règles de production définies dans un décret, ni de procédure d'agrément. Sous un même nom de cépage, on pourrait donc trouver des qualités totalement différentes. « Cela conduirait à une banalisation des cépages, et détruirait les efforts réalisés par les producteurs de vins de pays. Les problèmes des vins de table ne seraient pas réglés pour autant, car la concurrence serait accrue en entrée de gamme », estime René Moréno, président de l'Anivit.
« Dans la catégorie des vins de table, les négociants peuvent assembler des vins issus de l'Union européenne. Rien ne les empêcherait de s'approvisionner hors de l'Hexagone pour trouver des cépages moins chers, ce qu'ils ne peuvent pas faire avec les vins de pays. Ce serait une pente dangereuse », affirme Jacques Gravegeal, président du Syndicat des vins de pays d'Oc.
« Mieux informer le consommateur, cela relève du bon sens. Mais s'il n'y a aucune labellisation qui accompagne la mention du cépage, comment lui garantir qu'il trouvera ce qu'il attend dans la bouteille ? Nous avons décidé de relancer le projet Vignobles de France. Nous pourrions ainsi répondre à la demande des négociants, et gagner avec eux de nouvelles parts de marché. Nous éviterions dans le même temps d'aller vers la mention du cépage sur les vins de table, qui ne peut rien nous apporter », déclare Michel Servage, président du Syndicat Vignobles de France.

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