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Alsace La relance par les prix

La vigne - n°183 - janvier 2007 - page 0

La région a refait une partie du chemin perdu en 2004 et 2005, au détriment de son prix moyen de vente.

En 2005, l'Alsace a eu une frayeur : les ventes totales du vignoble sont tombées à 1,05 Mhl en rythme annuel. Ces chiffres, communiqués cet été, avaient provoqué un vent de panique. En 2006, rien de tel. Durant toute l'année, les ventes ont été bien orientées. Sur douze mois, à fin octobre 2006, le vignoble a vendu 1,1 Mhl, soit + 4,4 % en un an. Ce score reste toutefois inférieur au record de 1,2 Mhl, établi en 2000.
En raison de l'embellie, le prêt à taux zéro, proposé aux vignerons vendant en vrac, a eu un succès mitigé. L'Association des viticulteurs d'Alsace (Ava) l'a obtenu en avril, afin que les producteurs puissent retarder le moment de vendre. Elle espérait ainsi bloquer 30 000 hl pendant six mois. Mais les viticulteurs n'ont souscrit que 14 000 hl.
Le redressement intervient parce que « les entreprises sont allées à la bataille commerciale », explique Georges Wespiser, président du Civa. Beaucoup ont fait preuve d'une « agressivité tarifaire » dans les négociations. En clair, elles ont revu leurs prix à la baisse, ce que les statistiques confirment. Le prix moyen de vente en France, hors grandes et moyennes surfaces, perd 0,30 euros. Il tombe à 4,71 euros, contre 5,02 euros TTC en 2005 (années mobiles arrêtées fin août). En grande distribution, ce prix recule de 3,86 à 3,62 euros/col.
L'érosion est plus marquée en hard discount, où le prix passe de 3,19 à 2,73 euros/col. Mais les consommateurs ont réagi : les achats de vin d'Alsace sont passés de 3,05 l/an/ménage à 4,05 l en hard discount.

Désormais, le panel Secodip montre une présence significative des vins d'Alsace dans les rayons des discounters. 15 % des ventes y sont réalisées. Les entreprises se sont procurées des munitions pour progresser sur ce circuit en 2005, lorsqu'elles ont acheté du vrac à vil prix.
Une analyse optimiste fait dire que le hard discount est un marché « d'écoulement », qui se développe au gré des disponibilités. Selon ce point de vue, la progression récente demeurerait un épisode sans lendemain. Dans le cas inverse, la menace est double. L'Alsace risque une moindre valorisation de ses vins. Elle risque aussi de pousser le riesling en première ligne. Car selon le panel, ce cépage noble apparaît de plus en plus souvent à côté de l'edelzwicker et du sylvaner, les entrées de gamme traditionnelle dont les volumes déclinent. « La position d'un riesling écartelé entre des premiers prix à 2,50 euros/col et un haut de gamme à 10 euros n'est pas bonne pour l'image de marque des vins d'Alsace », reconnaît Jean-Louis Vézien, directeur du Civa.
Les professionnels mettent aussi en garde contre la destinée qui pourrait guetter le crémant, un fleuron de l'appellation. Avec 188 707 hl vendus sur douze mois à fin octobre 2006, il progresse de 6,3 %. A 4,63 euros TTC tous circuits confondus, son prix moyen de vente résiste. Mais près de la moitié du volume commercialisé trouve preneur entre 3,50 et 4 euros. « Plusieurs metteurs en marché importants affichent de grandes ambitions sur le crémant. On a touché le fond en matière de propositions tarifaires. Les opérateurs doivent se ressaisi r », avertit Georges Wespiser.

« La France a opté pour une politique de limitation de la consommation de vin. Par ailleurs, la pression exercée par les distributeurs pour faire baisser les prix produit ses effets en Alsace comme ailleurs », constate Jean-Louis Vézien. De ce fait, tous les regards se tournent vers l'exportation. Plusieurs grandes entreprises ont revu leurs plans d'action à l'étranger. Leurs efforts ont porté leurs fruits. Les ventes sur douze mois, à fin octobre 2006, sont en hausse de 5,4 %. Surtout, les vins d'Alsace résistent mieux en valeur à l'étranger qu'en France. Sur les neuf premiers mois 2006, les vins tranquilles ressortent à 4,30 euros/l HT contre 4,32 euros un an auparavant, et le crémant à 4,77euros/l HT contre 4,87 euros. L'exportation représente 25 % des ventes du vignoble. « Si nous exportons plus, nous seront moins dépendants du marché français », observe Georges Wespiser.

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