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« Nous avons changé notre image, cela n'a pas de prix »

La vigne - n°183 - janvier 2007 - page 0

Objectif Faire venir les touristes dans l'arrière-pays et développer les ventes
L'oenotourisme ? Cela fait des lustres que les trente-deux vignerons de la Cave de Camplong (Aude) baignent dedans. « Quand on est une petite cave, il faut se battre et s'ouvrir aux autres. Nous avons voulu prouver que nous faisions de bons vins, tout en mettant en avant notre région et notre identité » , explique Odile Denat, directrice de la Cave coopérative de Camplong.
Tout commence dans les années 80. Niché dans l'arrière-pays, éloigné d'une cinquantaine de kilomètres de la mer, Camplong est un village typique des Corbières. Problème : les touristes n'y viennent pas. Alors, les vignerons décident d'aller à leur rencontre, sur les plages. Dans l'aventure, ils entraînent des producteurs de miel, de fromages et d'olives.
Dix ans plus tard, le mouvement s'essouffle : il ne fonctionne que sur le principe du bénévolat des coopérateurs. Mais la cave ne jette pas l'éponge. Elle crée une SARL, Authentis, avec une coop de producteurs de produits du terroir. Le but est d'offrir une prestation globale, incluant dégustation au caveau, hébergement et restauration. Tout le village fait front commun. Serge Lépine, viticulteur coopérateur, maire depuis 1983, en tête : « Nous avons été avant-gardistes. Dans les années 80, le Languedoc arrachait ses vignes, et on nous conseillait de faire des golfs ! Moi, je me disais qu'il fallait miser sur le tourisme social et rural en attirant des salariés chez nous pour qu'ils découvrent la culture du vin », explique-t-il. Du coup, en 1989, la commune réhabilite des bâtiments pour en faire un centre de vacances de vingt et un gîtes, dans le village. Le comité d'entreprise d'EDF le loue pendant l'été. Le reste de l'année, ce sont des classes vertes, des groupes du troisième âge, des familles ou des clubs de randonneurs qui viennent.

La SARL Authentis (4 salariés) gère cet hébergement qui enregistre 9 500 nuitées par an. Elle gère aussi l'auberge vigneronne (70 couverts). On y boit le vin des vignerons de Camplong, au prix du caveau. On y mange le Friginat, une sorte de cassoulet version Corbières et des fromages affinés au grenache de la haute vallée de l'Aude. On peut acheter du miel, des olives, des fromages au même prix que chez les producteurs.
En 1999, pour accueillir au mieux les importateurs, la cave a créé son propre gîte. Là encore, la mairie a donné un gros coup de main. Elle a investi 3 millions de francs dans la réhabilitation d'un bâtiment. Et pour que la mayonnaise prenne vraiment, un programme culturel anime le village tout l'été. Le matin : on déguste dans le chai, on randonne dans les vignes, puis on croque un casse-croûte. L'après-midi : spectacle sous les platanes. Le soir : apéritif vigneron et bandas pour finir en beauté.
Bilan 10 % des ventes réalisées au caveau
a cave produit 15 000 hl et enregistre un chiffre d'affaires de 2,5 Meuros HT en 2005, dont 40 % à l'exportation. Elle réalise 10 % de ses ventes au caveau, en augmentation de 3 % par an. Si l'on considère qu'elle a obtenu ces résultats après vingt ans d'efforts, la montée en puissance peut paraître très laborieuse.
Pour Odile Denat, au contraire, « c'est énorme. En Corbières, la proportion des ventes en direct au caveau ne dépasse pas 3 % ». Mais surtout, les efforts consentis par les vignerons ont été payés de retour. « Dans les années 80, nos appellations avaient une très mauvaise image de marque. L'oenotourisme nous a permis de la transformer. Cela n'a pas de prix. Chaque client venu dans le village est devenu un ambassadeur de notre appellation. Cela vaut tous les panneaux publicitaires et toutes les campagnes d'affichage. On a pu ainsi 'vendre' l'image de notre appellation de façon très positive. »

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