Les ventes de rosés et d'effervescents progressent. Pour autant, le négoce n'achète pas les vins plus chers. La vente directe aux particuliers se porte bien.
Il a une dizaine d'années, l'Anjou était empêtré dans ses vins rosés, sans aucun débouché, ni valorisation. Il y a cinq ans, Saumur ne savait plus que faire de ses bulles. Aujourd'hui, les rosés et les effervescents tirent le vignoble vers le haut.
Avec 400 000 hl sortis des chais en 2005-2006, les rosés demi-secs (cabernet et rosé d'Anjou) ont encore progressé de 4,5 %. Ces vins rencontrent un succès auprès des jeunes consommateurs, leur sucrosité leur permettant de faire les premiers pas dans le monde du vin.
Le syndicat et l'interprofession ne s'y sont pas trompés en organisant, tous les ans, quatre foodings (Lyon, Marseille, Montpellier et Paris). Ces pique-niques branchés ou familiaux accueillent 1 500 à 2 000 personnes à chaque édition.
« Nos vins se vendent mieux depuis environ sept ans, analyse Olivier Lecomte, président du syndicat. Mais nous poursuivons nos efforts de communication. Nous investissons sur deux appellations 1 million d'euros en France, aux Pays-Bas et en Belgique surtout. »
Si les ventes progressent, la valorisation stagne. Le prix d'achat offert par le négoce pour le cabernet et le rosé d'Anjou n'a pas bougé en un an. Au moins, il n'a pas baissé, diront les plus optimistes. Les réalistes constatent que les marges ne progressent pas. Et le négoce ne laisse guère entrevoir d'évolution de ce côté-là. « Nos rosés sont bien dans la tendance, mais pour conserver les marchés, surtout à l'exportation, il faut être prudent sur les prix. Il faut rester raisonnable », explique Bernard Jacob, directeur d'Ackerman. Sur le marché anglais en particulier, le rosé d'Anjou se situe dans les premiers prix.
Ce constat se vérifie aussi dans les effervescents. Les négociants commercialisent 80 % du saumur mousseux et 70 % du crémant-de-loire. Et si le saumur s'est stabilisé autour de 85 000 hl sur les deux dernières campagnes, les chiffres du crémant donnent un peu le tournis : 33 000 hl sortis des chais en 2004, 42 600 hl en 2005 et 62 700 hl en 2006.
« En crémant-de-loire, on n'est pas inquiet sur les volumes, mais sur les prix », souligne Christian Pauleau, président du Syndicat des producteurs devenu, en novembre, président de la Fédération des crémants de France. Là aussi, le cours est resté stable à 128,50 euros/hl. Profitant de la croissance continue des ventes, le président espère cependant positionner l'appellation sur un segment vacant. Il y a une place à prendre dans un créneau de 7 à 10 euros/col. Actuellement, en grande distribution, le prix est plutôt à 5 euros. Les effervescents ont donc du chemin à faire.
Bernard Jacob est confiant : « Le marché français est solide, mais attention sur certains pays où des opérateurs ont tiré vers le bas. Il faut maintenir la valorisation des AOC effervescents, d'autant qu'on se place dans la mouvance de la Champagne qui va plutôt bien. »
En Anjou-Saumur, 45 % de la production sont vendus directement par les producteurs. Les vignerons qui ont une forte proportion de clientèle particulière, ont maintenu leurs chiffres, voire progressé. Pour ceux qui étaient bien implantés en restauration, la situation est plus tendue. « Pour vendre le même volume, il faut être deux fois plus actif », confie un vigneron.
Du côté des rouges, sur les deux dernières campagnes, les sorties de chais sont en baisse de 3,5 % en anjou, et de 7 % en saumur. Seul le saumur-champigny a retrouvé son niveau de 2003 lors de la dernière campagne, à 75 000 hl.
Le marché de ces vins est franco-français à 95 %. Pour tenter de développer l'exportation, un groupe de vignerons a commencé à oeuvrer avec un consultant néo-zélandais, Sam Harrop. L'objectif est de produire des rouges de cabernet franc plus ronds pour les marchés anglo-saxons. Et les premières dégustations du millésime 2005, organisées par Inter-Loire à la London Trade Fair, l'an dernier, ont été encourageantes. Il reste aux vignerons et aux négociants à établir de réels courants d'affaires.