Les cours des beaujolais ont poursuivi leur chute au cours de l'année 2006. La profession s'organise pour restructurer le vignoble et proposer des solutions de commercialisation.
Malgré des millésimes 2005 et 2006 appréciés pour leur qualité, la situation économique du Beaujolais ne s'est pas améliorée. Les cours ont encore reculé. Pour les beaujolais, la chute est la plus rude : moins 30 euros à 123 euros/hl entre 2005-2006 et 2004-2005. Les crus n'ont pas échappé à la morosité. A l'exception du chenas qui a progressé à 169 euros/hl contre 155 euros la campagne précédente, toutes les appellations beaujolaises ont été dépréciées au cours de 2005-2006.
Le cours du beaujolais nouveau a baissé une fois de plus. A 139 euros/hl pour le beaujolais et 158 euros/hl pour le beaujolais-villages, le produit phare de la région n'a pas offert de prix rémunérateurs, malgré l'instauration d'une réserve individuelle de 3 hl/ha, libérée en fin de campagne. « Mais avec le 2006, nous avons créé l'agrément à la commercialisation. Cela a empêché l'effondrement des cours en fin de campagne », note Denis Chilliet, président du Groupement des beaujolais. Autre note positive, les volumes vendus en vrac sont stables par rapport à 2005 : un peu plus de 360 000 hl de beaujolais primeur.
Sur les marchés de la consommation, le beaujolais a maintenu ses volumes, mais pas ses prix. Ainsi, de janvier à septembre, les achats de la grande distribution française ont augmenté de 2,1 % en volume, mais ont régressé de 1 % en valeur.
A l'exportation, la situation ne s'arrange pas. Si les vins français progressent, le beaujolais accuse un recul de 2,2 % de janvier à septembre 2006, alors qu'en 2005, il avait déjà reculé de 5,7 %. Les caves coopératives ont dû réduire leurs acomptes. « Quelques caves, notamment sur l'appellation Beaujolais, ont des difficultés. Malgré les efforts sur la qualité, elles souffrent de l'absence de marché, après la vente des primeurs, et de la baisse des cours », confirme Paul Perrigeat, président de la Fédération des caves du Beaujolais et du Lyonnais.
Sur le terrain, la double activité des viticulteurs se développe comme pare-feu à la crise, alors que des propriétaires se retrouvent sans candidats pour exploiter leurs vignes. Plus d'une centaine de vignerons ont demandé à bénéficier du RMI en 2006. « Nous traversons le moment le plus difficile : celui où les premières mesures de restructuration n'ont pas encore porté leurs fruits », dit Bruno Matray.
Le Beaujolais a tenté de redresser la tête en 2006. Il a décidé un plan d'arrachage de 3 000 ha sur 22 000 d'ici à 2008. 430 ha ont déjà disparu. Viniflhor a enregistré des demandes à hauteur de 1 000 ha pour 2007. Des aides européennes et départementales ont porté la prime d'arrachage à un montant de 10 000 euros/ha.
Mais beaucoup de viticulteurs souhaitent une restructuration. « Nous devons nous rapprocher des 4 500 pieds/ha pour réduire les coûts de production et dégager du temps pour l'aspect commercial », explique Denis Chilliet.
Quant aux caves coopératives, elles ont jeté les bases de regroupements commerciaux. CVB (Caves et vignerons du Beaujolais) réunit six entreprises. Cinq autres caves (Viti-coops beaujolaises) se sont rangées derrière la marque Chamarré. « Nous souhaitons regrouper l'offre », déclare Paul Perrigeat, qui veut lutter contre l'atomisation de l'offre locale, unanimement dénoncée comme un facteur de faiblesse.
Enlisées dans une crise de représentativité en 2005, les organisations professionnelles disposent de plusieurs autres pistes de réflexion. Une réforme de la hiérarchisation des appellations est dans les cartons et attend les conclusions de la réflexion nationale menée par l'Inao, alors que la création du vin de pays des Gaules a permis d'écouler 3 000 hl de 2006, sans doute plus à l'avenir. De plus, un effort sensible va être entrepris en 2007 sur le marketing. Inter-Beaujolais réfléchit à une importante campagne de promotion pour les crus.