Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2007

Touraine Le sauvignon porte tous les espoirs

La vigne - n°183 - janvier 2007 - page 0

Les exportations de touraine sauvignon sont en forte hausse. Les ventes en France progressent doucement, mais les cours restent extrêmement bas. Et les rouges continuent leur chute.

D'où viendra le salut ? De la transformation des vins de pays du Jardin de la France en VDP du Val de Loire ? De la création d'une marque Loire Sauvignon, comme le suggère un audit réalisé en Touraine par Ernst & Young ? De la reconnaissance de crus communaux Touraine-Chenonceaux et Touraine-Oisly ?
Durement touchés par la crise, les vignerons de la vallée du Cher cherchent encore la réponse. En attendant, la cellule mise en place par la Fédération viticole, la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher et de nombreux partenaires continue son travail ingrat. En 2005, elle a accompagné vingt-cinq vignerons. Ils sont désormais cinquante-deux, sur six cents vignerons au total. Et la moitié des exploitants suivis ne verront pas la sortie de la crise : sept ont été mis en liquidation judiciaire, six ont quitté la profession après un « départ amiable », dix ont été accompagnés en préretraite ou retraite, trois ont arraché la totalité de leur vignoble...

« Je suis inquiet, mais j'y crois encore », insistait Alain Godeau, président de l'AOC Touraine, lors de l'assemblée générale du syndicat. Et de fait, sans être tirée d'affaire, la Touraine peut se raccrocher à de nombreux signes d'espoir.
Sur la dernière campagne, les sorties de chai sont en progression de 4 %, à 232 196 hl. Cette hausse vient des vins blancs (8,4 %) et des fines bulles (30,8 %). Ces dernières représentent 12 % des volumes. Mais la baisse n'est pas enrayée pour les rouges (- 3,6 %) et les rosés (- 8,8 %). C'est surtout sur le sauvignon (plus de 30 % de la production) que les vignerons, les coopératives et les négociants placent leurs espoirs. « L'exportation semble repartir. On enregistre de bons résultats en Grande-Bretagne, et le groupe Delhaize devrait réaliser des achats importants pour la Belgique », se félicite Pierre Chainier, négociant et président d'Inter-Loire. De fait, sur les huit premiers mois de 2006, l'exportation a progressé de 51 % en volume et 30 % en valeur. Elle représente 27 % de la production de touraine-sauvignon. Une aubaine dans une région peu exportatrice. Et même dans les grandes surfaces françaises, le touraine-sauvignon progresse de 2,9 % en volume, au détriment de la valeur (- 1,2 %).
Habitués à une situation difficile sur les vins rouges, les vignerons ont donc espoir que le marché du touraine blanc se rétablisse. D'autant que les stocks sont stabilisés : au 31 juillet, avant même d'envoyer à la distillation 20 000 hl, ils étaient équivalents à treize mois de commercialisation. On est loin cependant de la situation d'avant-2004, où ils n'excédaient pas six mois de commercialisation.
Les bons résultats de l'exportation et des ventes dans les grandes surfaces françaises n'ont donc pas suffi à résorber la crise. Le cours reste inférieur au prix de revient : 75 euros/hl depuis le début de la campagne pour le touraine blanc, contre 118 euros/hl. « Il faut que le négoce comprenne qu'à ces prix-là, on aura une disparition importante du potentiel de production », prévient Alain Godeau.
Fin 2006, personne ne pouvait dire quelles surfaces allaient être arrachées durant l'hiver, mais tous pensaient qu'elles seraient en hausse. « 500 à 1 000 ha », avançait un observateur. Soit, au minimum, plus du double des 271 ha arrachés en 2006.

La transformation des VDP du Jardin de la France en VDP du Val de Loire va-t-elle offrir une porte de sortie pour la région ? Philippe Brisebarre, du Comité national de l'Inao, se demande s'il ne s'agit pas d'un « miroir aux alouettes », permettant au négoce de faire jouer une concurrence féroce entre les treize départements du bassin ligérien. C'est ce qui s'était passé en 2004, où les négociants étaient venus acheter du rosé de Loire à des cours inférieurs de 7 à 8 % par rapport à ceux d'Anjou.
Et l'an dernier, la concurrence a permis à une maison saumuroise d'acheter, en Touraine, des raisins pour la production de crémant-de-loire à 0,52 euros/kg, alors que le syndicat recommandait 0,74 euros/kg... « Dès que l'appellation est étendue, on ne peut pas tenir les prix », regrette Philippe Brisebarre.
Raison de plus pour les Tourangeaux de réclamer la reconnaissance rapide des AOC Touraine-Chenonceaux et Touraine-Oisly.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :