Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2007

Gascogne Retour à la normale après l'euphorie

La vigne - n°183 - janvier 2007 - page 0

Sur le marché du vrac, les prix sont en baisse. Beaucoup de producteurs se lancent dans la bouteille avec succès.

Après une année d'emballement autour de la récolte 2004, la Gascogne a de nouveau les pieds sur terre. La première zone de production de vin de pays blanc accuse des chiffres en baisse. Le volume des côtes-de-gascogne blancs vendus en vrac, en 2005-2006, a baissé de 29 % et le prix moyen de 6,6 %, par rapport à la campagne précédente. Pour autant, dans le Gers, on refuse de parler de « crise ».
« Je n'aime pas trop ce mot , commente Alain Desprats, directeur du Syndicat des vins de pays des Côtes de Gascogne. C'est vrai, les indicateurs de base sont en baisse. Mais en fait, nous avons retrouvé les niveaux d'il y a deux ans. »
Si l'exercice 2005-2006 donne cette impression défavorable, c'est uniquement par comparaison avec une campagne 2004-2005 qualifiée d'« euphorique » par Alain Desprats. Cette année-là, la production s'est emballée, agréant un million d'hectolitres de vins de pays, pour un marché de 900 000 hl seulement.
L'exercice bouclé dernièrement a permis de rectifier le tir. « Nous sommes retombés sur notre marché », se réjouit le directeur du syndicat. Il se dit par ailleurs rassuré par la bonne tenue de l'appellation sur le début de la campagne 2006-2007. « Les chiffres sont supérieurs à l'an dernier. »
Reste que cette bonne reprise ne doit pas cacher certaines fragilités. Les stocks portent toujours la trace de cette fameuse récolte 2004. Au 31 juillet 2006, on totalisait 450 000 hl de vins de pays invendus, toutes couleurs confondues. « En rouge, nous avons un an de stocks. Et en blanc, 35 % à 45 % d'une année , précise Alain Desprats. Je pense qu'il y a 60 000 à 70 000 hl de stocks en trop. »
La distillation a résorbé une partie de ces excédents. Le syndicat planche également, avec Viniflhor et le ministère de l'Agriculture, sur la mise en place d'une caducité des certificats d'agrément. « Nous sommes les seuls en France à envisager une telle solution. Mais c'est parce que nous produisons essentiellement des vins blancs, qui doivent connaître une rotation rapide. »
L'autre mal qui ronge l'appellation, c'est l'érosion du cours du vrac : de 68,59 euros/hl en 2004-2005, il est descendu à 64,07 euros/hl en 2005-2006, puis à 62,63 euros/hl en novembre l'an dernier. « C'est le signe d'une fragilité », admet Alain Desprats.
Par comparaison, le marché en bouteilles résiste mieux : prix stables et volumes en légère progression, même si le phénomène est loin d'être homogène. Toujours est-il que ces performances font réfléchir de nombreux vignerons indépendants, et même des coopératives.

Partant du constat que le vrac n'est plus rémunérateur, beaucoup de jeunes vignerons font le pari de créer leur marque et de consacrer une part croissante de leur vignoble au marché de la bouteille. Avec des résultats rapides et encourageants.
Les coopératives n'échappent pas au phénomène, comme les vignerons de la cave de Vic-Fezensac. Non seulement la cave a sa propre marque, Tentation, mais elle a fait le pari de créer une marque internationale, Chamarré, avec de gros moyens de marketing, rejoignant le groupement OVS (Opéra vins et spiritueux). Elle veut concurrencer les vins du Nouveau Monde sur les grands marchés d'exportation.
Pour le directeur de la cave de Vic-Fezensac, Frédéric Raynaud, c'est la solution d'avenir : « Pour arriver à exporter, il faut s'appuyer sur une grande marque internationale. » Le responsable de la cave vicoise souhaite devenir fournisseur d'autres grandes marques : « Pourquoi ne pas aller voir Gallo et lui proposer de faire un White bicyclette avec nous dans le Gers ? »
Pour basculer du vrac à la bouteille, indépendants et coopératives du Gers peuvent en tout cas compter sur le potentiel qualitatif de leurs produits. Lors de son assemblée générale, le 5 décembre dernier, le Syndicat des vins de pays affirmait qu'« en matière de qualité, les vins de pays des Côtes de Gascogne n'ont désormais rien à envier aux grandes régions productrices de vins blancs » .

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :