Quelle est sa nuisibilité ?
Elle peut impacter la photosynthèse. La cicadelle verte (ou cicadelle des grillures) pique la feuille des vignes pour se nourrir, ce qui provoque, à partir de juin, des rougissements ou des jaunissements qui prennent un aspect grillé. « Un taux important de grillures peut bloquer la maturation », indique Alice Durand, conseillère viticole à la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher. Mais, généralement, les cicadelles vertes ne portent pas préjudice à la récolte. « Cet insecte ne fait pas l'objet d'intervention spécifique dans la région », indique Laurent Paupelard, responsable technique vigne chez Soufflet Vigne, en Bourgogne-Beaujolais. La cicadelle verte est considérée comme un ravageur secondaire. Sa présence est très variable selon les vignobles.
Quelles conditions lui sont favorables ?
La vigueur de la vigne favorise son développement. L'enherbement peut freiner cette vigueur, mais attention, « la fétuque ovine attire l'insecte », prévient Alice Durand. Celui-ci est également plus présent dans les vignes proches d'autres cultures ou de bois. Un été sec dope les populations. « Mais la viabilité des larves chute au-delà de 32 °C », précise-t-elle.
Quand traiter et avec quels produits ?
Un traitement ne se décide qu'une fois que les larves sous les feuilles ont été dénombrées, le matin, à partir du mois de juillet. Les larves de cicadelles vertes peuvent être blanchâtres, orangées ou vertes. Elles se déplacent en crabe, contrairement aux cicadelles de la flavescence dorée ou aux cicadelles Zygina rhamni, venues d'Italie et présentes dans le Sud-Ouest.
« En première génération, le seuil d'intervention est de 100 larves pour 100 feuilles, et en deuxième génération, de 50 à 100 larves pour 100 feuilles », explique Laurent Paupelard. Mais ces seuils sont en cours de révision. En effet, « la présence de plus de 100 larves pour 100 feuilles en été est supportable si la vigne ne subit pas un stress hydrique et ne présente pas de carence magnésienne », souligne Alice Durand. Selon l'IFV, plusieurs observations ont même montré que des populations de 200 larves pour 100 feuilles sont sans conséquence sur la qualité et la maturité du raisin. Si un traitement s'avère nécessaire, Jean-Luc Dedieu, chef du marché vigne chez Bayer, préconise d'utiliser la deltaméthrine (Decis Protech). « Si la cicadelle de la flavescence dorée est aussi présente, ce produit agira sur les deux ravageurs, mais la coïncidence des cycles est dure à prévoir. » De son côté, Laurent Paupelard recommande d'appliquer de l'indoxacarbe (Steward), « un produit mixte positionné à la deuxième génération de tordeuses et qui luttera aussi contre les cicadelles vertes ».
ET EN BIO ? L'ARGILE RÉDUIT LES POPULATIONS
- Il n'existe pas de produit homologué en bio contre les cicadelles vertes. Mais des essais en Val de Loire et en Aquitaine ont montré que la kaolinite calcinée avait une efficacité partielle. En Touraine, les techniciens préconisent donc cette argile depuis plusieurs années à la dose de 20 kg/ha. Elle s'applique au moment du pic de vol des adultes en deuxième génération puis toutes les deux à trois semaines. Elle permet en moyenne de réduire les populations de 50 %. L'argile rend la vigne moins appétente et forme une barrière face aux larves et adultes déjà présents. Elle peut être appliquée avec un fongicide. Elle n'a pas de conséquence sur la maturation ni sur les typhlodromes.