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DOSSIER - PRODUCTEURS-NÉGOCIANTS : La tension monte - Enquête dans les régions

CORSE De bonnes affaires en rosé

Olivier Bazalge - La vigne - n°216 - janvier 2010 - page 39

Le négoce continental achète aux coopératives corses des rosés, dont le succès grandit. Les deux parties en profitent, mais attention au manque de volume.
Christophe Paitier, œnologue de la cave coopérative d'Aghione. « De nouvelles sociétés cherchent du vrac. Cela est dû au succès du rosé. » © P. JOUCK

Christophe Paitier, œnologue de la cave coopérative d'Aghione. « De nouvelles sociétés cherchent du vrac. Cela est dû au succès du rosé. » © P. JOUCK

« Ce sont des négociants extérieurs qui viennent acheter en Corse, explique Bernard Sonnet, directeur de l'interprofession des vins de Corse. Il y a une petite activité locale, mais négligeable dans la globalité des échanges de vrac. »

A la direction des organismes de gestion des AOC de Corse et du vin de pays de l'Île de Beauté, Nathalie Pierrini ajoute : « Ici, les petits producteurs ne vendent pas au négoce. Des négociants achètent bien quelques cuvées en bouteilles auprès de caves particulières, mais cela reste confidentiel. Seules les structures coopératives sont actives sur le marché du vrac. »

Amélioration de l'outil technique des caves

Les négociants achètent aux coopératives essentiellement des vins de pays de l'Île de Beauté rosé, qu'ils embouteillent sur le continent pour des raisons de coût. Les vins d'AOC, eux, sont consommés à 80 % sur l'île. Cette consommation est alimentée par le tourisme et elle absorbe l'essentiel de la production des caves particulières.

Dans son ensemble, le négoce souligne l'amélioration de l'outil technique des caves corses. La qualité des vins et le développement des achats ont suivi.

A Aghione (Haute-Corse), la cave coopérative est spécialisée dans la vente en vrac. Elle produit 70 000 hl, dont 60 % de rosés. « Pour être à l'abri d'une trop grande dépendance, nous avons préféré varier nos clients. Nous en avons soixante-deux aujourd'hui entre la France et l'export, explique Christophe Paitier, l'œnologue. Depuis quelques années, de nouvelles sociétés cherchent du vrac. Cela est dû au succès du vin rosé et au développement des MDD. Pour répondre à cette demande, notre production a augmenté de 30 % depuis cinq ans. »

Le VDP le plus cher de France

Sur le plan technique, les cahiers des charges des négociants et de la MDD exigent beaucoup de rigueur en termes d'hygiène et de traçabilité.

« Mais les MDD se sont trop bien développées, affirme Pierre Salles, le directeur de l'Uvibà. Il y a une tension sur les volumes. Il manquerait 40 000 à 50 000 hl en Corse par rapport à la demande des marchés. » En conséquence, les cours sont très hauts : 81 €/hl en moyenne en octobre 2009. « Nous avons le VDP le plus cher de France », note Pierre Salles.

Fabien Gross, acheteur pour Grands chais de France dans le Grand Sud appuie : « Nous avons des AOC sur le continent à ce prix-là. Ces cours élevés et le manque de volume pourraient limiter le développement de ces vins corses qui ont le vent en poupe. Pour le moment, nous profitons des partenariats solides construits ici depuis dix ans avec la création de marque et des volumes d'achat en augmentation. »

30 %

Le poids du négoce 30 % des vins de pays de l'Île de Beauté et moins de 10 % des AOC sont achetés par le négoce.

(Source FranceAgriMer et estimation « La Vigne »).

Les trois premiers acheteurs

Trilles (filiale du groupe Val d'Orbieu), Grands chais de France et Castel

(Evaluation « La Vigne » d'après des sources professionnelles)

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :