Retour

imprimer l'article Imprimer

Magazine - Terroir & tradition

Champagne : Sous le calcaire, la mer

Aude Lutun - La vigne - n°221 - juin 2010 - page 86

Fossiles d'escargots marins et champagne font bon ménage dans les caves d'un viticulteur passionné. Sous une colline calcaire, il a creusé un circuit paléontologique long de 200 mètres. A raison de 30 cm par jour…
Afin de comprendre dans quel milieu vivait le cérithe géant il y a quarante-cinq millions d'années, La Cave aux coquillages propose une reconstitution d'un fond marin de mer chaude. © J.-C. GRELIER

Afin de comprendre dans quel milieu vivait le cérithe géant il y a quarante-cinq millions d'années, La Cave aux coquillages propose une reconstitution d'un fond marin de mer chaude. © J.-C. GRELIER

La concentration de fossiles est très dense à Fleury-la-Rivière (Marne). Le circuit, long de 200 mètres, comprend de nombreuses niches permettant de voir les fossiles en situation réelle. © J.-C. GRELIER

La concentration de fossiles est très dense à Fleury-la-Rivière (Marne). Le circuit, long de 200 mètres, comprend de nombreuses niches permettant de voir les fossiles en situation réelle. © J.-C. GRELIER

Patrice Legrand, viticulteur passionné de paléontologie, devant un bloc de calcaire comprenant des fossiles de cérithe géant. © J.-C. GRELIER

Patrice Legrand, viticulteur passionné de paléontologie, devant un bloc de calcaire comprenant des fossiles de cérithe géant. © J.-C. GRELIER

Il y a quarante-cinq millions d'années, le cérithe géant ou Campanile Giganteum traînait sa coquille longue de 40 à 60 cm au fond de la mer. Aujourd'hui, Patrice Legrand, un viticulteur atypique, le traque avec passion et patience.

« Chercher des fossiles est mon principal loisir depuis que je suis enfant, précise-t-il. J'habitais Vandières (Marne), village où sont situées nos vignes, mais je venais souvent fouiller à Fleury-la-Rivière, car ce village abrite de nombreux cérithes géants en son sous-sol calcaire. Avec ma femme, nous rêvions de nous y installer. Nous l'avons fait en achetant une ferme à rénover en 1993. »

Dix-sept ans d'efforts

Puis, le couple achète la bâtisse voisine et décide de relier les caves des deux demeures. Un travail de Romain, puisqu'en une journée, Patrice Legrand creuse 30 cm à l'aide d'un petit marteau-piqueur électrique. En même temps, minutieusement, avec des grattoirs, des scalpels et autres pinceaux, il extrait quantité de fossiles.

Après dix-sept ans d'efforts, « La Cave aux coquillages » vient d'ouvrir au public. Le résultat est à la hauteur du temps passé : un parcours de plus de 200 mètres de long, à près de 30 mètres sous la surface d'un coteau, offert aux passionnés de géologie, mais aussi aux amateurs d'un jour.

Les visiteurs pénètrent dans la cave et découvrent dans des bulles transparentes des fossiles ayant précédé le cérithe géant. Cette mise en bouche se poursuit par la découverte de superbes cérithes en situation, bien mis en scène dans des niches éclairées. Puis, une vitrine reproduit l'univers d'une mer chaude d'il y a quarante-cinq millions d'années. On se plonge dans le milieu marin lutécien. On comprend comment vivaient les animaux, dont il ne reste que les coquilles.

La visite se poursuit dans un espace en cours de finalisation qui sera dédié au champagne. Elle s'achève dans un laboratoire où sont exposés des fossiles. Des trémies permettent aux visiteurs de trier du sable prélevé dans la cave pour découvrir les petits fossiles qui s'y cachent.

Les longues heures passées à creuser les caves ont éloigné le couple Legrand des salons et foires viticoles qu'ils fréquentaient auparavant. « Avec la paléontologie, nous nous sommes constitués un autre réseau, témoigne Patrice Legrand. Maintenant, une majorité de nos clients sont amateurs de fossiles. Nous éditons un bulletin dénommé "Paroles de cérithes" qui permet à tous nos fidèles de suivre l'évolution de notre chantier. Nous publions aussi des informations sur la vigne et le champagne. Les deux sont indissociables. D'ailleurs, nous venons de lancer la cuvée de La Cave aux coquillages, avec un habillage composé de cérithes géants. »

Chambres d'hôtes et ateliers paléontologiques

Pour compléter leur offre touristique, Anne et Patrice Legrand vont débuter des ateliers d'initiation à la paléontologie. Ils proposent plusieurs formules, de la simple initiation en laboratoire pendant une demi-heure, à l'atelier de quatre jours dans la galerie et en laboratoire à l'issue duquel le participant pourra repartir avec un Campanile Giganteum d'au moins 25 cm. Le programme précise que les journées en atelier sont clôturées par la dégustation d'une coupe de champagne !

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :