LA VIGNE : Vous avez remis votre rapport sur les droits de plantation à Bruno Le Maire le 19 octobre. Vous êtes favorable à leur maintien, mais vous suggérez qu'ils soient gérés par les interprofessions. Pourquoi ?
Catherine Vautrin : Pour maintenir les droits de plantation, il nous faut absolument donner des gages à l'Europe. Je propose que chaque interprofession bâtisse un accord professionnel quinquennal, révisable chaque année, qui se base sur l'analyse des marchés pour accorder de nouveaux droits de plantation. Cela se passe ainsi en Champagne depuis longtemps et cela fonctionne bien.
Les droits de plantations doivent prendre fin après 2015. Comment la France peut-elle obtenir leur maintien ?
C. V. : Il faut obtenir la majorité qualifiée au Conseil européen. Actuellement, onze pays européens sont opposés à la suppression des droits de plantation (1). Or, la majorité qualifiée est atteinte avec quatorze états membres représentant 62 % de la population et 255 voix. Nous avons déjà le pourcentage de population (64,4 %). Il nous faut encore trouver trois pays et 67 voix. Nous devons nous tourner vers les nouveaux entrants. Il faut impérativement activer nos réseaux en France et en Europe. Il faut une mobilisation active à tous les étages. Il y a urgence.
Les vignerons français attendent un signal fort de Nicolas Sarkozy, à l'image de celui envoyé par Angela Merckel en mars 2010…
C. V. : Bruno Le Maire a annoncé fin août que « le moment venu, le Président s'engagera ». J'en ai personnellement parlé au président de la République et nous avons son soutien. La viticulture constitue un enjeu économique majeur. Or, le risque de détournement d'images en cas de libéralisation des droits est très important.
(1) Allemagne, France, Italie, Espagne, Roumanie, Grèce, Portugal, Autriche, Luxembourg, Hongrie et Bulgarie, selon Catherine Vautrin.