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DOSSIER - LE VIN BIEN DANS SON ÉPOQUE

BRANCHÉ Corbières en appelle aux blogueurs

Michèle Trévoux - La vigne - n°225 - novembre 2010 - page 78

Cette appellation lance une campagne de communication sur internet pour rajeunir ses consommateurs. Sa première rencontre avec des blogueurs s'est très bien déroulée.
Le 8 septembre, à La Cour du Marais, un lieu de réception à Paris. Derrière leur comptoir, les vignerons des Corbières font déguster leurs vins à des blogueurs et leur demandent de dire, par Twitter, à leurs amis, celui qu'ils préfèrent. © CIVL

Le 8 septembre, à La Cour du Marais, un lieu de réception à Paris. Derrière leur comptoir, les vignerons des Corbières font déguster leurs vins à des blogueurs et leur demandent de dire, par Twitter, à leurs amis, celui qu'ils préfèrent. © CIVL

Les vignerons de Corbières veulent débarrasser leur AOC de son image pesante de vin de premier prix en grande distribution. Le syndicat de l'appellation a donc opté pour une communication décalée, privilégiant les nouvelles technologies pour toucher une clientèle jeune et urbaine. Et désormais, un nouveau logo jouant sur le nombre 20, homophone du vin, véhiculera l'image de l'appellation avec comme accroche : « En Corbières, on mise tout sur le vin. »

« Nous allons travailler Corbières comme une marque », explique Alexandre They, président de la Commission communication de l'ODG. Exit les campagnes d'affichage mettant en scène les paysages ou des produits à associer aux vins des Corbières, toute la communication est recentrée sur les vins eux-mêmes et le nom « Corbières ».

Une liberté de parole qui fait mouche

Pour toucher la nouvelle génération des 20-35 ans, les vignerons du cru ont fait appel à l'agence de publicité parisienne 6 : AM, spécialisée dans le web et appartenant au groupe FullSIX. Ils lui ont commandé une campagne visant les adeptes d'internet et de ses réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Viadéo, Linkedin). Un mode de recrutement de nouveaux consommateurs plus économique que les traditionnelles campagnes presse ou l'affichage.

Le 8 septembre, l'ODG a ainsi organisé dans un site branché de Paris une soirée conviviale pour les blogueurs. « Ce sont de nouveaux relais d'opinion qui ont beaucoup d'influence sur les jeunes urbains très branchés sur le Net, assure Jocelyn Jarnier, de l'agence 6 : AM. Ils ont une liberté de parole qui fait mouche auprès des internautes. »

Cent cinquante à deux cents bloggeurs se sont déplacés pour rencontrer la vingtaine de vignerons venus faire déguster leurs vins. « C'était un pari risqué, une rencontre entre deux mondes. Mais le courant est passé. Ces jeunes blogueurs avaient une moyenne d'âge de 32 ans. La plupart étaient néophytes en vin et ravis de rencontrer des vignerons », raconte Alexandre They. Une quinzaine d'entre eux a écrit des billets sur les vins qu'ils ont dégustés dans les semaines qui ont suivi l'opération.

Créer le buzz sur le Net

Sur sa page Facebook, l'appellation a également lancé un concours de design pour l'étiquette et le packaging des quatre à cinq cuvées primées au concours des vins de Corbières. Le gagnant empochera 1 500 euros et un week-end pour deux personnes dans la région. Là encore, l'idée est de toucher un nouveau public, en comptant sur l'imagination des jeunes designers pour rajeunir l'image du corbières. Une cinquantaine d'entre eux ont déjà mis en ligne leur projet appelant leurs amis Facebook à voter pour leur création. Les propositions sont des plus variées. Beaucoup sont en rupture avec les codes traditionnels des étiquettes de vin, employant des couleurs très vives ou au contraire, beaucoup de noir. Les candidats ont jusqu'au 30 novembre pour soumettre leur création à l'appréciation des internautes qui désigneront six finalistes.

Pour couronner le tout, l'appellation a ouvert un blog en octobre. Elle y parle de ses temps forts : Happy Languedoc, Printemps des Corbières… Les vignerons peuvent aussi s'y exprimer et présenter l'actualité de leur domaine. Objectif : créer le buzz sur le Net pour animer la marque Corbières et raccrocher son image à l'esprit de notre époque.

Des cours du vrac au plus bas

Avec une production annuelle de 550 000 hl, l'AOC Corbières est la première du Languedoc en volume. Malgré des efforts pour réduire la production, les cours stagnent à des niveaux très bas.

Durant la campagne 2009-2010, le prix moyen n'a pas dépassé 70 €/hl alors que l'appellation Languedoc, censée être d'un niveau hiérarchique inférieur, s'est échangée à 78 €/hl. En juillet, après la mise en place d'un dispositif d'aide au stockage les cours sont remontés à 80 €/hl, mais ils se sont à nouveau affaissés les mois suivants. Rien n'y fait. Le corbières souffre de son image de vin de premiers prix. « Nous produisons des vins d'une très grande diversité, capables de séduire de nouveaux consommateurs. Nous misons beaucoup sur cette campagne pour renouveler notre clientèle et ne pas rester cantonner dans les entrées de gamme », argumente Alexandre They.

Cet article fait partie du dossier LE VIN BIEN DANS SON ÉPOQUE

Consultez les autres articles du dossier :

L'INITIATIVE

Faire appel à une agence de pub spécialisée dans le web pour toucher les jeunes.

Lancer un concours de design ouvert aux jeunes graphistes pour renouveler les étiquettes et le packaging des vins.

Créer un blog pour l'appellation et ses vignerons.

Coût : 600 000 euros sur trois ans.

L'essentiel de l'offre

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