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éditorial

Patrimoine mondial

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°226 - décembre 2010 - page 5

Au ministère de la Santé et dans la flottille d'associations qu'il subventionne pour défendre la loi Evin, certains doivent avoir du mal à avaler la pilule. Pensez donc : l'Unesco vient de reconnaître le repas gastronomique français au patrimoine mondial de l'humanité. Or, ce repas comprend un apéritif, du vin et un digestif… le début de l'alcoolisme pour les ultras de la lutte contre ce fléau, mais aussi pour les beaux esprits qui se targuent de prodiguer des avis judicieux en la matière. L'Unesco y voit, au contraire, un moment de partage et de joyeuse sociabilité.

L'organisation internationale a également inscrit la diète méditerranéenne au patrimoine de l'humanité, dont les principaux ingrédients sont l'huile d'olive, les céréales, les fruits et légumes, etc. « accompagnés de vin ou d'infusions ».

Puis l'Argentine a décrété le vin « boisson nationale ». Ses consulats et ambassades en feront la promotion lors de chacun de leurs évènements. Ce pays produit d'excellents vins. Il aurait tort de ne pas le faire savoir. En France, c'est une tout autre chanson que nous connaissons depuis trop longtemps. On ne peut y défendre le vin que du bout des doigts. Parfois, il faut même y renoncer, comme le conseil régional des Pays de Loire. Il y a quelques semaines, il a accepté de supprimer les bouteilles de vin d'une affiche vantant la diversité des produits agricoles de sa région. Problème : une jeune femme souriante était à l'image, ce qui aurait pu contrevenir à la loi Evin. L'Anpaa n'a même plus à veiller au grain, les afficheurs le font à sa place avec un zèle inespéré !

Comment inverser la tendance ? Vin et Société, l'association chargée par la filière viticole de répondre à cette question, a choisi d'avancer discrètement et prudemment afin de montrer l'esprit de responsabilité de la viticulture. Suivant ce principe, elle vient d'achever son Mémento Vin & santé présentant les dangers de la consommation excessive avant les bienfaits de la consommation modérée. Espérons que cette stratégie réussira à faire taire le soupçon pesant sur la viticulture selon lequel elle ne cherche qu'à s'enrichir au mépris de la santé publique. Car bien souvent l'envie nous démange de crier haut et fort que le vin contribue positivement à l'image de la France dans le monde.

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