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DOSSIER - ŒNOTOURISME : Les régions vont de l'avant

ALSACE La route des vins est capitale

Christophe Reibel - La vigne - n°227 - janvier 2011 - page 28

Dans cette région, tout s'organise le long de la route des vins qui traverse le vignoble du nord au sud. Pour continuer à séduire le touriste, l'Alsace va certifier l'accueil en cave.

La route des vins est la colonne vertébrale de l'œnotourisme de l'Alsace. Depuis son inauguration en 1953, le temps et la topographie ont joué pour elle. Elle s'étire au pied des Vosges en un ruban ininterrompu et très bien balisé. Ses 170 km sont aisés à parcourir. Traversant de splendides paysages constellés de villages à l'architecture préservée, sa réputation s'est établie sans peine.

La route et les grands sites touristiques qui la bordent drainent chaque année plus de cinq millions de visiteurs. Tous les acteurs du vignoble tentent de capter cette clientèle de passage. Ils ouvrent leurs caves sans chipoter sur les horaires. L'offre foisonne. Elle est culturelle, ludique, sportive et vinique.

5 000 participants à un pique-nique

« La gastronomie et les visites de caves sont la deuxième raison de fréquentation de l'Alsace par les touristes », constate une étude de l'Observatoire du tourisme alsacien, la première étant la découverte de la région. Pas étonnant que le pique-nique organisé chaque année par les Vignerons indépendants attire jusqu'à 5 000 personnes. A cela s'ajoutent quantité de randonnées gourmandes qui parcourent le vignoble.

Promeneurs et fêtards ont aussi l'embarras du choix. Les syndicats viticoles villageois leur ont balisé quarante-sept sentiers où ils expliquent les cépages et les vins. Avec les associations locales, ils organisent ou participent à près d'une centaine de fêtes des vins et des vendanges, entre avril et octobre.

Les marchés de Noël, qui attirent à eux seuls quelque deux millions de personnes sur cinq semaines, ont donné à sept communautés de communes autour de Colmar et à la profession l'idée de lancer les « caves de Noël ». Une vingtaine d'entreprises (vignerons, coopératives et négociants) ont décroché ce label en 2010. Elles proposent pêle-mêle des veillées viniques aux flambeaux, des histoires de Noël narrées par un conteur, des ateliers gourmands autour du kouglof et des épices, des dégustations verticales… L'essentiel de cette machinerie est mû par les initiatives privées. Le comité de pilotage qui fédère les acteurs du tourisme et du vignoble tient régulièrement des réunions pour formaliser l'offre œnotouristique et adapter ses outils de communication.

Le Conseil interprofessionnel des vins d'Alsace (Civa) fait connaître cette offre multiple hors de la région, de concert avec le comité régional du tourisme. Ce dernier met volontiers le vignoble en scène dans le cadre de sa campagne nationale « Alsacez-vous ».

Au niveau local, les associations départementales de tourisme et les offices du tourisme des communes expliquent aux touristes tout ce qui s'offre à eux : les fêtes, les sentiers, les caves, etc.

La carte de la route des vins éditée en six langues

« L'Alsace a trente ans d'avance en matière d'œnotourisme », résume Emilie Vonthron, assistante relations publiques du Civa. Pour la conserver, une certification de l'accueil en cave doit voir le jour, en 2011. Elle complétera les contrôles qui ont déjà lieu pour les chartes « Bienvenue chez le Vigneron indépendant d'Alsace » et « Bienvenue à la ferme ». Par ailleurs, les panneaux des sentiers viticoles et la carte de la route des vins seront renouvelés. Cette carte est éditée chaque année à 600 000 exemplaires, en six langues.

Enfin, cinq territoires présenteront leur candidature à la marque Vignobles & découvertes. Et la rubrique tourisme du site www.vinsalsace.com dédiera un espace aux organisateurs de voyages. De quoi amener encore davantage de monde dans les 674 caves qui sont ouvertes aux visiteurs et doper la vente directe qui atteint déjà des sommets avec 18 % du total des ventes de la région, alors que la moyenne nationale se situe à peine à 8 %.

5,5 millions de visiteurs empruntent

5,5 millions de visiteurs empruntent la route des vins d'Alsace tous les ans. Et en 2009, les hôtels du vignoble alsacien ont vendu un million de nuitées.

Le Point de vue de

Pierre Sparr, domaine Charles Sparr à Riquewihr (Haut-Rhin)

« Nous proposons des prestations pour toutes les bourses »

 © M. FAGGIANO

© M. FAGGIANO

Son offre :

Elle est multiple, depuis la simple visite de la cave jusqu'à des cours de cuisine. De plus, le domaine transforme son caveau en restaurant pour des groupes souhaitant goûter des vins en mangeant.

« J'ai choisi de ne pas seulement parler du vin, mais aussi d'art, de gastronomie et de culture », explique Pierre Sparr. Le siège du domaine se trouve à Riquewihr, la cité la plus pittoresque du vignoble alsacien, qui voit passer chaque année quelque 1,5 million de visiteurs. Mais il est éloigné de quelques dizaines de mètres de l'artère principale du village.

« Pour attirer les touristes, je devais diversifier mon offre », explique Pierre Sparr. En 2010, il a été l'un des premiers à participer à l'initiative « caves de Noël ».

Il a organisé dans son caveau des ateliers où une passionnée a enseigné l'art de la confection des couronnes de l'Avent et des décorations de Noël.

Sa tarification :

La simple visite de cave est gratuite. La visite guidée du vignoble en minibus revient à 8 euros par tête. Les huit formules de dégustation commentée sont facturées entre 6 et 15 euros par personne en fonction de la prestation (de deux à cinq vins, avec kouglof ou tarte flambée). Le cours de dégustation et d'œnologie coûte entre 40 et 60 euros par personne. La demi-journée de « vendanges touristiques » vaut un repas et une bouteille souvenir à ses participants. Les offres plus originales consistent en un atelier chocolat et des cours de cuisine dispensés pour des groupes de huit à dix personnes par un chef ayant son restaurant près de Colmar (Haut-Rhin). Selon le plat choisi, il en coûte 40 à 100 euros par tête, vin et repas inclus.

Son organisation :

Une salariée gère le calendrier et s'occupe de l'accueil. Danielle, l'épouse de Pierre Sparr, donne un coup de main si nécessaire. Sur huit mois, le domaine a accueilli quelque 70 groupes. La plupart viennent de l'hôtel trois étoiles de cinquante chambres dirigé par Danielle Sparr. Les autres se sont inscrits sur le site internet du domaine ou sont venus sur les conseils de l'office du tourisme.

Ses investissements :

Pierre Sparr a investi 60 000 euros dans une cuisine professionnelle.

Ses projets :

En 2011, Pierre Sparr prévoit d'aménager, dans sa cour, une zone verte pour les randonneurs et les cyclotouristes. Il veut aussi ouvrir deux appartements haut de gamme dans les combles, voire transformer le local qui loge encore sa ligne d'embouteillage en une grande cuisine ouverte sur le caveau.

« Quand on dispose d'autant de surface dans un endroit aussi touristique, il est stupide d'y laisser l'outil de production », conclut-il.

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :