C'est avec la Route touristique des vins que commence l'histoire de l'œnotourisme jurassien. « Elle existe depuis 1990 », relate Cécile Claveirole, directrice du Comité interprofessionnel des vins du Jura. En 2008, elle obtient la distinction « Destination touristique européenne d'excellence », puis en 2009, le prix national de l'œnotourisme. Ces deux prix lui donnent un nouvel élan.
« En 2009, nous avons créé un partenariat avec le comité départemental du tourisme et les Pays de Lons-le-Saunier et de Revermont. » Depuis, des conventions s'établissent avec les prestataires de la route des vins. Ils s'engagent à respecter une charte d'accueil et à mettre en avant les vins du Jura, les restaurants promettant d'en avoir au moins un tiers à leur carte.
Culture et gastronomie
De son côté, l'interprofession se focalise sur la communication. Son site internet est une mine d'informations pour les œnotouristes. Il donne accès à un guide du vignoble très complet, répertoriant l'offre par sous-région, par type d'activité… En 2012, le CIVJ prévoit aussi d'organiser un nouvel événement, dont le thème est gardé secret. Il viendra s'ajouter à la fameuse Percée du vin jaune, qui attire chaque année près de 50 000 visiteurs.
Quant au CDT (Comité départemental du tourisme), il mise sur le patrimoine et la gastronomie, avec des séjours clés en main. « Nous voulons diversifier l'offre actuelle, axée sur la nature et la montagne », explique Jean-Pascal Chopard, directeur du CDT, qui arborera bientôt un nouveau slogan : « Le vignoble du Jura, à voir sans modération. »
25 %
25 % des touristes qui viennent dans le Jura achètent des vins de la région, d'après une enquête du CDT réalisée en 2009.
Le Point de vue de
Evelyne et Pascal Clairet, domaine de la Tournelle, 6 ha en AOC Arbois (Jura)
« Notre bistrot accueille jusqu'à deux cents personnes par jour en été »
Leur prestation
« En 2006, nous avons ouvert un bistrot d'été dans notre jardin, situé entre les derniers remparts d'Arbois et une rivière. Nous voulions faire connaître notre domaine et nos vins dans un autre contexte que celui du caveau où les gens peuvent se sentir gênés ou obligés d'acheter des bouteilles. Du jour de la fête de la musique (21 juin) au premier week-end de septembre, le bistrot accueille les visiteurs qui souhaitent déguster du vin. Nous leur proposons tous les vins du domaine au verre, ainsi que quelques vins d'autres vignerons. Ils peuvent aussi commander une de nos douze assiettes gourmandes, composées de produits sélectionnés : comté, jambon de pays, rillettes, escargots… Chaque jeudi, des musiciens animent le bistrot. L'ambiance tourne autour du jazz et de la détente. En hiver, notre caveau prend le relais. Des gens s'installent parfois à une table pour boire un verre de vin, surtout le samedi. Mais ils ne peuvent pas commander à manger. »
Leur organisation
« L'été, nous ouvrons le bistrot tous les jours de 11 heures à 14 h 30 et de 18 heures à 22 heures, des horaires appropriés pour consommer du vin. » Durant ces deux mois, cela occupe près de la moitié du temps d'Evelyne. « Nous avons aussi une employée saisonnière pour le service. Nous avons seize tables à gérer, alors nous nous organisons comme dans un restaurant. Nous faisons connaître le bistrot via le bouche à oreille et surtout grâce à internet et aux blogs de vin. »
« Les tables peuvent accueillir quatre-vingts personnes. Avec le service du midi et du soir, la fréquentation peut aller de soixante à deux cents personnes par jour en été. »
Leurs investissements
« Ce qui nous a coûté le plus cher, c'est d'équiper la cuisine et de la mettre aux normes (c'est indispensable pour pouvoir vendre des assiettes), soit environ 35 000 €. Avec le cadre particulier que nous avons - les remparts et la rivière - nous avons pu rentabiliser assez vite. Avoir un bar à vins implique aussi du temps de travail supplémentaire. Et les frais liés à l'embauche d'une saisonnière chaque été. »
Leurs résultats
« Le but n'est pas de gagner de l'argent sur la consommation au bar, mais plutôt d'attirer les gens vers notre domaine et nos vins. Depuis que le bistrot est ouvert, la fréquentation a quasiment doublé.
Cela a un impact sur nos ventes : près d'un tiers de chiffre d'affaires en plus depuis cinq ans. Cela est possible en proposant des choses simples, des produits et un service de qualité. Et en respectant toujours les visiteurs. »