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Magazine - Histoire

Jean Baptiste Ackerman : Pionnier des bulles à Saumur

Florence Bal - La vigne - n°231 - mai 2001 - page 87

Au début du XIXe siècle, il quitte la Belgique pour s'installer à Saumur. Il applique, le premier, la méthode champenoise à l'élaboration de vins du Val de Loire.
« A partir de vins issus des coteaux saumurois que Jean-Baptiste Ackerman appelle lui-même “mes vins de champs” il réussit à obtenir “ce vin de mousse” ou “mousseux” pour lequel il parvient progressivement à atteindre la qualité de Champagne », indique Michèle Taillandier dans sa généalogie de la famille. ARCHIVES MUNICIPALES DE SAUMUR, DROITS RÉSERVÉS.

« A partir de vins issus des coteaux saumurois que Jean-Baptiste Ackerman appelle lui-même “mes vins de champs” il réussit à obtenir “ce vin de mousse” ou “mousseux” pour lequel il parvient progressivement à atteindre la qualité de Champagne », indique Michèle Taillandier dans sa généalogie de la famille. ARCHIVES MUNICIPALES DE SAUMUR, DROITS RÉSERVÉS.

C'est un pionnier. Jean-Baptiste Ackerman est le fondateur de la première maison de fines bulles du Val de Loire, à Saumur, au XIXe siècle. Il naît à Bruxelles le 24 juin 1790. Si une rumeur veut que son père Gilles ait été banquier ou ministre, en fait il n'en est rien. Sa famille est toutefois aisée.

En 1811, il se serait rendu pour la première fois à Saumur (Maine-et-Loire), selon la maison Ackerman qui fête cette année le bicentenaire de sa fondation. Il aurait alors créé la maison Ackerman-Laurance en partenariat avec un négociant de la ville, Jean-Pierre Laurance. En réalité, Jean-Baptiste Ackerman ne quitte définitivement Bruxelles que le 17 mai 1814, juste après l'abdication de Napoléon Ier. « Lorsqu'en 1814, les armées françaises accablées… furent forcées d'évacuer les Pays-Bas, je suivis un drapeau qui était devenu le mien, je vins fixer mon domicile sur le vieux sol de la France », argumente-t-il dans sa demande de naturalisation française déposée en 1830.

« Mes vins de champs »

Il part pour Charenton-le-Pont (Valde-Marne), où sa sœur Françoise et son beau-frère, un français marchand de vins, auraient vécu. Puis il s'installe à Saumur, comme en attestent les témoignages en faveur de sa naturalisation. Le maire de la ville, lui, ne l'y domicile toutefois qu'à partir de 1819. En 1829, il épouse Emilie Laurance, la fille de son associé en affaires. Ils auront trois filles, toutes décédées en bas âge et deux fils.

« Au début des années 1830, le cham pagne connaît un immense succès à l'étranger », écrit l'historien Geoffrey Ratouis dans son livre sur la maison. Rançon du succès, les maisons champenoises « commencent à acheter du vin en Anjou et en Touraine » afin d'assurer leur approvisionnement. « C'est sans doute dans ce contexte que Jean-Baptiste Ackerman réfléchit à produire son propre vin champanisé », continue M. Ratouis. « A partir de vins issus des coteaux saumurois qu'il appelle lui-même “mes vins de champs” il réussit à obtenir “ce vin de mousse” ou “mousseux” pour lequel il parvient progressivement à atteindre la qualité de Champagne », indique Michèle Taillandier dans sa généalogie de la famille.

Une médaille d'or pour ce vin champanisé

Il présente le millésime 1836 à l'exposition de la société industrielle d'Angers en 1838. Le comité d'œnologie de l'exposition conclut que ces vins, comme les champagnes, sont un produit industriel puisque la valeur de la matière première (le vin) entre au plus pour un cinquième dans son prix. Il affirme ensuite qu'ils « peuvent avantageusement lutter avec les vrais vins de Champagne. On leur trouvera la même douceur et de la légèreté ; ils sont parfaitement blancs et limpides, leur mousse est blanche, vive et pétillante ».

Le 29 août 1938, Jean-Baptiste Ackerman reçoit une médaille d'or pour « ce vin champagnisé à Saumur ». Il concourt également dans la cession horticulture, il est ainsi récompensé pour « ses 50 orchidées, ses 68 amaryllis et 8 gesneria du Mexique ainsi que… pour un régime de bananes à parfaite maturité, provenant de ses cultures à Saumur ». Il est par ailleurs officier des chasseurs de la garde nationale de Saumur et président du tribunal de commerce. Le 8 février 1840, il achète pour 15 000 FF des caves troglodytes sur le port de Saint-Hilaire-Saint-Florent (Maine-et-Loire). Un endroit stratégique au bord de Loire. Il y développe son activité et s'y installe avec sa famille. Il élabore des vins de première classe, très prisés par les belges, et des vins de seconde qualité qui alimentent les commerces locaux et parisiens.

Inauguration de la ligne Paris-Saumur

« Satisfaire le client en tout point est le leitmotiv de la maison Ackerman-Laurance », écrit-il, le 17 juin 1846 à un client. Il vend sa production locale, mais également des vins de Bordeaux, des vins de liqueur, des vins étrangers,.... en France et à l'étranger (Belgique, Brésil, Pays-Bas, Grande-Bretagne). En 1845, il milite activement en faveur du développement du chemin de fer. La ligne Paris-Saumur est inaugurée en 1849, un avantage de plus pour son entreprise.

En 1860, il propose trois types de vins de bulles « dry royal », « royal » et « brut royal ». Jean-Baptiste Ackerman meurt le 10 janvier 1866 à Saumur. Son fils cadet Louis-Ferdinand, âgé de 28 ans et associé à l'entreprise depuis quatre ans, lui succède. En 1956, le groupe Rémy Pannier achète la maison Ackerman-Laurance.

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SOURCES

Bibliographie : « Histoire et généalogie de la famille Ackerman », Michèle Taillandier - ADFA ; Ackerman, Geoffrey Ratouis. Editions La palussière.

« Ackerman avant Ackerman », de Michel Vanwelkenhuyzen, généalogiste.

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