LA DÉMONSTRATION DU 4 MAI s'est déroulée à Marcillac (Gironde). 150 viticulteurs avaient fait le déplacement pour voir fonctionner les outils de travail du sol.
LA RAMPE DE DÉSHERBAGE THERMIQUE D'HYDRO-FRANCE pulvérise de l'eau à 135°C et à 20 bars. Elle est constituée d'une chaudière animée par la prise de force du tracteur, d'une cuve à eau d'une contenance de 1 000 litres et d'une rampe de désherbage avec deux sabots mobiles. ll faut prévoir deux ou trois minutes pour faire chauffer l'eau avant de débuter le désherbage. Le matériel consomme 1 000 litres/hectare et roule à 1,5 km/heure. Comme tous les outils thermiques, le résultat n'est visible que plusieurs jours après. © PHOTOS C. DE NADAILLAC
L'ALTERNACEP DE VITIMECA est constitué de trois lames verticales, tournant alternativement de gauche à droite, puis de droite à gauche. Le but est d'éviter l'enroulement des herbes autour de l'outil et les déplacements de terre. L'Alternacep est monté sur un boogie réglable en hauteur via un X et doté d'une extension hydraulique. Un même châssis peut ainsi travailler dans des vignes de 1,30 à 1,80 m ou de 2 à 3 m. L'outil est ici équipé d'une centrale hydraulique et doit être passé entre 3 et 4 km/h.
L'INTERCEP DE NATURAGRIFF est constitué d'une brosse métallique. Un ressort la maintient en position de travail. Dès que le tâteur détecte un cep, elle s'efface hydrauliquement. L'outil nécessite 15 à 25 l/min pour fonctionner et tourne à 60 à 80 tr/min. Il peut être utilisé seul ou combiné à d'autres outils. Ici, il est passé après un intercep rotatif.
Du 3 au 6 mai dernier, la chambre d'agriculture de la Gironde organisait des démonstrations de travail du sol. Nous nous sommes rendus à celle de Marcillac, le 4 mai. Cent cinquante viticulteurs avaient fait le déplacement. Tous, à l'image de nos témoins ci-dessous, étaient à la recherche d'alternatives au désherbage chimique.
La parcelle de démonstration ne se prêtait pas au travail du sol puisque la vigne était enherbée en plein, que l'herbe était particulièrement haute et le sol très sec. Dans ces conditions ardues, les interceps mécaniques n'ont pas très bien travaillé. Le seul à être sorti du lot est la Decalex'air de Souslikff.
Quinze outils étaient en action dans les vignes. Aviff 33, Ferrand, Hydro-France, Egretier, Souslikoff, Clemens, Arrizza, Actisol, Braun, Aguilar, Naturagrff et Vitimeca avaient répondu à l'appel.
Nous avons sélectionné pour vous les sept matériels les plus originaux. Petit zoom sur ces outils.
STÉPHANE BESSON, viticulteur à Bourg (Gironde), sur 9 ha. « Je suis séduit par les lames »
« Je suis à la recherche d'un système de désherbage mécanique sous le rang, car je suis en conversion bio. L'entretien de mes interrangs ne me pose aucun souci : soit ils sont enherbés, soit je passe les disques. Mon problème est le désherbage du cavaillon. Il existe beaucoup de systèmes, mais qui marchent plus ou moins bien. Et la plupart sont chers. Je me pose également la question d'un achat seul ou en Cuma. Aujourd'hui, je regarde les outils au travail, pour voir ce qui fonctionne. Je suis intéressé et convaincu par les lames bineuses. Les outils de tonte sous le rang fonctionnent bien également. Mais comme c'est un investissement important, il ne faut pas se tromper. »
LAURENT DENECHAUD, exploitant à Lansac (Gironde), sur 15 ha. « Je cherche un outil rotatif »
« Je travaille l'interligne un rang sur deux et j'en herbe le rang suivant. Le cavaillon est lui aussi désherbé mécaniquement, avec des lames Braun. Je suis venu ici pour voir les matériels au travail et leur efficacité, pour découvrir les nouveautés. Je constate que les outils sont tous plus ou moins identiques.
Ce qui influe le plus sur le résultat final sont le réglage du matériel et le moment de l'intervention. Les lames sont pratiques, mais on ne peut pas les employer tous les jours. Je ne suis pas vraiment satisfait. Il faut les combiner à des outils rotatifs. Je voulais notamment voir les appareils de Boisselet et Clemens. Mais je ne sais pas encore si je vais investir. »
Voici deux outils permettant de travailler en plein ou uniquement sous le rang…
LE TERRACTIV DUO DE CLEMENS reçoit ici deux lames interceps avec ailettes, cinq dents vibrantes pour travailler l'interrang et un rouleau de terrage. Le cadre est extensible mécaniquement et convient à des vignes de 1,90 à 3 m. Le constructeur recommande de le passer à 5 km/h. Les griffes du centre se relèvent si l'on souhaite travailler uniquement sous le rang.
L'APPAREIL D'ARRIZZA est équipé de deux lames interceps, de trois dents semi-rigides travaillant l'interrang, ainsi que d'un rouleau arrière. Il est muni d'une centrale hydraulique. Dans la configuration présentée, l'outil pèse 700 kg. Les interceps latéraux peuvent être inclinés indépendamment pour le travail en terrasse. Pour travailler en plein, on abaisse les griffes centrales et on relève un peu les interceps.
… et deux autres dotés d'un contrôle automatique de la profondeur de travail
LA DECALEX'AIR DE SOUSLIKOFF est composée de deux socs montés sur un cadre à géométrie variable. Ici, la profondeur de travail s'ajuste pneumatiquement en fonction des préréglages effectués, grâce à un compresseur, entraîné par la prise de force du tracteur. Il absorbe 1,5 ch. Le retrait de l'outil, au contact des ceps est assuré par un vérin pneumatique.
L'AUTO-STABLE D'ÉGRETIER reçoit une paire de lames tuilées avec cure-ceps et est doté de tateurs électro-hydrauliques. L'appareil est muni d'une centrale hydraulique, dont la pompe ne fonctionne que lorsqu'elle est sollicitée. La profondeur de travail est toujours identique, quelles que soient les conditions de travail. Elle est gérée hydrauliquement. L'Auto-stable doit être passé à 4 km/h.
Le Point de vue de
JACKY JOUBERT, viticulteur à Saint-Ciers-sur-Gironde (Gironde), sur 24 ha.
« Les appareils à réglages automatiques m'interpellent »
« Je suis venu uniquement par curiosité. Pour l'instant, je suis en conventionnel. Mes interrangs ont de l'enherbement naturel maîtrisé un rang sur deux et travaillés avec des griffes ou des disques sur l'autre rang. Le cavaillon est désherbé chimiquement. Je ne vais pas modifier mes pratiques d'entretien des sols, car je n'ai déjà pas le temps de tout faire à l'heure actuelle. Nous sommes deux pour 24 ha ! Les outils de Boisselet et Egretier m'interpellent. Ils intègrent des réglages automatiques, ce qui permet d'avancer beaucoup plus vite. C'est intéressant. »
Le Point de vue de
VINCENT PEYROU, exploitant à Périssac (Gironde), sur 40 ha.
« Pouvoir passer derrière sans avoir les reins en vrac »
« Je suis venu aujourd'hui, car je souhaite voir ce qui se fait en matière d'entretien du cavaillon. J'aimerais trouver un système vraiment innovant, qui ne nécessite pas de devoir retravailler les sols derrière. Mais je n'ai rien vu de vraiment novateur, à part le système à base d'eau chaude. Je suis conscient qu'il faut réduire les doses de produits chimiques, mais le problème c'est qu'il faut que l'on puisse passer dans les vignes derrière. Or là, il n'y a aucun outil qui laisse le sol suffisamment plat pour pouvoir rouler après. Le chauffeur ne tient pas une journée sans avoir les reins en vrac. La machine de Souslikoff est intéressante, mais après, il faut reprendre les sols. J'aurais bien aimé voir fonctionner une épampreuse horizontale comme l'Herbanet. »
Le Point de vue de
YVES ORDONNEAU, viticulteur à Peujard (Gironde), sur 18 ha.
« Je cherche un outil miracle »
« Je travaille mon interrang un rang sur deux et j'enherbe annuellement l'autre. Le cavaillon est soit désherbé chimiquement, soit mécaniquement dans mes vignes à 2 m.
Dans ce dernier cas, j'utilise des lames Boisselet. Mais elles manquent de puissance. Elles ne me donnent qu'à moitié satisfaction. Je cherche l'outil miracle, une solution pour employer le moins de produits possible. Je suis surpris par le système à l'eau chaude. Je n'y crois qu'à moitié, mais pourquoi pas. Je trouve que les interceps Braun ou Clemens fonctionnent bien en lames. Je me rends toujours aux journées où le matériel est actif. Cela permet de se faire une idée sur les outils, voire de faire évoluer des stratégies. Mais ce que j'ai vu aujourd'hui ne va pas me faire changer. Je vais faire avec mes Boisselet. »