« Les conditions ne sont pas optimales », regrette un démonstrateur en cette fin de matinée du 14 mai. Comme quatre de ses confrères, il prépare son épampreuse pour la démonstration prévue dans l'après-midi. L'événement va avoir lieu dans une parcelle de merlot plantée à 2,50 m de largeur, située en plaine, entre Alignan-du-Vent et Roujan, dans l'Hérault.
Le temps est beau. Le sol est sec et plan. Mais la vigne présente de nombreux pampres. Certains mesurent jusqu'à 30 cm de longueur. Et surtout, les rejets se sont développés autour du point de greffe, situé très bas. Ils affleurent le sol. De plus, le travail du sol dans l'interrang a provoqué un léger renflement de terre de part et d'autre de la ligne des souches. Les jeunes pampres se retrouvent donc au fond d'une petite cuvette protectrice. Sous le rang, le sol, désherbé chimiquement, est également assez compact et parfois bosselé. Tout ceci complique le réglage des machines. Mais tous les constructeurs finissent par y arriver.
Six fabricants sont présents : Ava Tordable, Boisselet, Braun, Ferrand, ce dernier avec deux modèles, Terral et Infaco. Les cinq premiers ont des machines hydrauliques attelées sur un tracteur. À leur côté, Infaco est venu avec sa toute nouvelle épampreuse électrique portative. Toutes ces marques ont répondu à l'invitation de la chambre d'agriculture et de la fédération des Cuma de l'Hérault, organisatrices de la démonstration qui va attirer une trentaine de viticulteurs.
La machine d'Ava et le modèle à quatre têtes de Ferrand, rapides et réalisant le meilleur épamprage, se sont démarqués. Les machines de Boisselet, Terral et le modèle à deux têtes de Ferrand s'en sont également bien sorties. Braun, en revanche, a déçu. Lors de l'essai, la machine a attrapé l'un des fils releveurs au bout de 40 mètres. Par inattention, son chauffeur a ensuite accroché deux ceps et a interrompu l'essai. Enfin, pour sa première saison en France, l'épampreuse électrique d'Infaco a suscité plus d'enthousiasme.
Ava Tordable : Propre et rapide
L'épampreuse est pourvue de six cocons déformables montés sur rotors horizontaux. Ces derniers brossent le cep en extirpant efficacement les pampres. De plus, « la machine travaille rapidement et proprement », apprécie un viticulteur. Le brossage vertical du cep génère en effet très peu de poussière. Les écailles évitent toute projection et le suivi automatique du sol offre une assistance à la conduite appréciable. La machine dispose d'un contrôle de dévers et d'un guide-fil.
Ferrand : Une machine à grand débit
Le constructeur audois présentait deux épampreuses, l'une à quatre têtes montée à l'arrière du tracteur, l'autre à deux têtes installée à l'avant sur une voûte pendulaire. En avançant à 4 km/h, la première a retenu l'attention pour son débit de chantier élevé. Elle est en effet dotée de tâteurs de suivi de sol qui assurent un réglage précis de la hauteur d'épamprage. Ils compensent utilement le manque de visibilité sur l'appareil placé derrière le chauffeur. Les têtes d'épamprages équipées de lanières rugueuses, décalées les unes par rapport aux autres, nettoient énergiquement les souches. La machine laisse toutefois quelques jeunes pampres au niveau du sol. « Elle convient pour une entreprise », remarque un participant qui la trouve un peu encombrante. Le modèle à deux têtes lui convient davantage. Il travaille aussi bien que la machine à quatre têtes, mais plus lentement. De conception plus simple, le suivi de sol et le dévers sont assurés manuellement par le chauffeur à l'aide du joystick. Comme le modèle à quatre têtes, il provoque beaucoup de poussière. « Cela peut favoriser la montée des acariens sur les souches », déplore un viticulteur.
Boisselet : Deux inconvénients
L'épampreuse de Boisselet se distingue à plusieurs titres. Les deux modules, équipés de lanières rugueuses, sont montés derrière le tracteur sur un cadre qui s'écarte en largeur. Ils épamprent deux demi-rangs. Le suivi de sol est assuré par un sabot. La position de ce dernier se règle en ajustant manuellement les roues du cadre. Durant la démonstration, la machine a effectué un travail satisfaisant mais en génèrant de la poussière. Elle présente par ailleurs deux inconvénients de taille : elle ne bénéficie d'aucune protection contre les projections et ne possède pas de relève-fils. Le constructeur a dû les relever avant son passage.
Terral : Peu convaincante
La machine du constructeur héraultais est composée de quatre têtes à lanières installées sur un mât à l'avant du tracteur. Les deux têtes avant sont montées sur deux rotors horizontaux fixés sur un parallélogramme. Les deux rotors arrière sont fixés en position verticale sur le châssis. Leur action est complémentaire. La machine dispose d'un contrôle de dévers et d'un suivi de sol automatique. Sur le sol bosselé de la parcelle, les modules avant, pourtant montés sur parallélogramme, ont eu tendance à avancer par saccades. « C'est la machine la moins convaincante, juge un viticulteur. Les têtes horizontales fonctionnent correctement. Mais il y a un risque d'attraper des rameaux avec les modules verticaux. Le réglage doit être délicat. »
Braun : Démonstration écourtée
Bien qu'ayant tourné court, la démonstration de l'épampreuse Braun a permis de tirer quelques enseignements : un montage entre roues qui autorise le passage en simultané d'un outil de travail du sol et une vitesse de 4 km/h annoncée par le constructeur. Les lanières, montées sur un axe horizontal, ont aussi généré beaucoup de poussière.
Ava Tordable
Avantages
Très bon travail. Guidage automatique au sol. Pas de projection, pas de poussière.
Inconvénients
Prix relativement élevé.
Boisselet
Avantages
Machine simple et bon marché. Montage sur tous types de cadres. Qualité de travail correcte.
Inconvénients
Machine assez lente. Absence de cache de protection et de relève-fils. Projection de poussière.
Ferrand
Avantages
Bon travail. Lanières décalées pour une couverture optimale du pied.
Inconvénients
Projection de poussière
Ferrand
Avantages
Très bon travail. Lanières décalées pour une couverture optimale du pied. Vitesse de travail élevée.
Inconvénients
Poids et porte-à-faux de la machine. Projection de poussière
Terral
Avantages
Bonne qualité de travail. Suivi de sol automatique.
Inconvénients
Projection de poussière. Avancement saccadé des têtes sur sol bosselé.
Infaco convainc son hôte
L'épampreuse portative d'Infaco se tient à deux mains, comme une débroussailleuse. Le démonstrateur de la société l'accroche à son harnais par une sangle souple. À l'approche du cep, il met le moteur en route. Les huit masselottes en caoutchouc qui tournent au bout du long bras de l'appareil éliminent alors énergiquement les pampres en brossant le tronc, sans l'abîmer.
L'opérateur glisse la tête de l'épampreuse de haut en bas du cep tout en avançant pour changer l'angle d'attaque et fignoler le travail. Dans la parcelle de merlot, pourvue de nombreux pampres, le nettoyage a pris entre cinq et dix secondes par pied. Pascal Enjalbal, le vigneron propriétaire des lieux, est emballé.
« Je vais en acheter un exemplaire pour épamprer mes six hectares de syrah, de carignan et de cabernet, des cépages qui produisent peu de rejets. Mais je continuerai à épamprer les merlots chimiquement, car il y a trop de pampres », annonce-t- il. Il l'a essayée sur une dizaine de ceps. « Elle n'est pas lourde. Le travail est beaucoup moins fatiguant qu'à la main. Il n'y a plus à se courber », apprécie-t-il.
Avantages
Confort de travail. Peu de bruit et de vibrations.
Inconvénients
Réservé aux petites exploitations. Autonomie limitée de la batterie.