Cinq mille bouteilles de 6 litres ! Quand ils ont eu cette commande, Florent et Isabelle Simmoneau n'en n'ont pas cru leurs oreilles. « Nous avons dû tout faire à la main : le remplissage, l'étiquetage… »
Un défi qu'ils ont relevé sans rechigner, car leur importateur est un bon client. Le couple l'a rencontré à Vinexpo en 1998. « Il cherchait un bordeaux rouge bio. Nous avons livré dans la foulée, direction Taïwan », raconte le vigneron à la tête du château Morlan-Tuilière, à Saint-Pierre-de-Bat (Gironde), en bio depuis 1970.
Logo Demeter
Quelques années plus tard, cet importateur taïwanais s'associe à deux Chinois : un magnat de la chaussure et un richissime industriel. Tous trois ont repéré un filon : le bio, dont la demande explose en Europe. Ils parient qu'il en sera de même en Chine. « Là-bas, tout va très vite, sourit Florent Simmoneau. Imaginez, ils sont capables de construire une ville en cinq ans ! »
Les portes de l'empire du Milieu s'ouvrent au château Morlan-Tuilière. « En 2003, nos vins pénétraient le marché. » Mais exporter du bio dans le pays n'est pas une simple formalité. L'administration chinoise est tatillonne.
Chaque année, un contrôleur vient sur la propriété. Il vérifie minutieusement l'application du cahier des charges en biodynamie. « Les vérifications sont plus poussées qu'en France, indique le viticulteur bordelais. Les Chinois découvrent la biodynamie et nous posent de nombreuses questions sur les produits que nous utilisons, comme l'ortie par exemple. » Depuis cette année, ils exigent que le logo Demeter figure sur les étiquettes.
Pour le bio, les Chinois acceptent de payer 2 à 3 € de plus qu'un bordeaux conventionnel d'entrée de gamme. Quant aux bouteilles de 6 litres, achetés 80 € HT, l'importateur en fera cadeau à ses bons clients.