C'est un vin rouge puissant, avec une grande concentration d'arômes et de fruits mûrs, caractéristique de l'appellation Beaumes-de-Venise. Mais pas seulement. Cette cuvée baptisée Vivre, sortie cette année, symbolise la politique environnementale menée par la cave coopérative de Beaumes-de-Venise (180 coopérateurs, 1 200 hectares et 52 000 hectolitres), dans le Vaucluse.
Les 20 000 bouteilles de cette cuvée sont vendues au caveau. Sur chaque bouteille, un livret accroché au goulot raconte en quelques mots la charte Vivre (Vignerons investis en viticulture respectueuse de la vie et de l'environnement). C'est en 1995 que la coopérative la met en place. Les objectifs ? Prendre en compte la lutte raisonnée, protéger l'eau des sources et des rivières, les paysages et limiter les intrants.
« C'était une démarche visionnaire qui partait d'un mouvement volontariste des vignerons, amoureux de leur terroir. Nous avons la chance de travailler sur de petites parcelles, avec une forte biodiversité. Les exploitations sont familiales. Nous sommes fiers de nos paysages et de notre environnement », lance Claude Chabran, président de la cave coopérative, qui sera la première en France à être certifiée selon la norme d'assurance qualité ISO 9002, en 1996.
Ce n'est pas tout. En 2000, elle décroche la norme environnementale ISO 14001, puis elle enchaîne avec la certification Agriculture raisonnée pour ses adhérents. Reste une question de taille pour les vignerons : comment faire connaître leur profession de foi dans le développement durable ?
« Nous avons réalisé un fascicule qui explique les objectifs de la charte Vivre et que nous communiquons aux journalistes et aux acheteurs, répond Claude Chabran. Nous l'utilisons également à l'export. Mais dans le fond, rien ne vaut une visite dans les vignes. »
Norme ISO 26000
La cave n'hésite pas à faire découvrir ses vignes plantées au pied des Dentelles de Montmirail, notamment via l'œnotourisme. Il y a toujours un viticulteur pour expliquer la réduction de la pollution des eaux et du sol, l'embellissement des collines, l'enherbement, l'entretien des talus et la protection des bosquets. Si le visiteur est un importateur d'Europe du Nord, alors le discours fait mouche.
« De plus en plus de clients norvégiens et suédois exigent des démarches de développement durable dans leurs appels d'offres. Cela va devenir la clé d'entrée pour être sur ces marchés », estime Claude Chabran. La cave veut donc aller plus loin. Elle travaille à l'obtention de la norme ISO 26000, relative à la responsabilité sociétale qui tient compte de l'équilibre des écosystèmes, de l'équité sociale et d'une bonne gouvernance des entreprises.
Malgré tout, la communication est difficile : « Nous n'avons pas de label fédérateur à notre disposition. Il faudrait un sigle et une image européenne », martèle le président, qui croit dans la norme internationale ISO 26000 pour apporter de « la lisibilité et faire en sorte que chacun parle le même langage ».