Les crises se suivent, mais ne se ressemblent pas. Celle de 2008 avait stoppé net le redressement de nos exportations, faisant replonger la plupart des vignobles dans le marasme. Celle de cette année semble épargner notre filière. Telles des éclaircies dans un ciel bien sombre, les statistiques viticoles confirment mois après mois l'embellie pour notre secteur. Les dernières en date constatent une baisse des stocks, de petites récoltes chez nos voisins italiens et espagnols ainsi que la progression de nos exportations. La campagne semble donc partie sur de bonnes bases. Mais l'horizon économique paraît tellement déprimé qu'il est difficile d'imaginer qu'elle ne finira pas frappée par la foudre. Qu'en sera-t-il ? Passerons-nous au travers des gouttes ? Ce n'est pas exclu. Car l'épicentre de la crise actuelle se trouve dans les pays du sud de l'Europe qui ne sont pas nos clients, mais nos concurrents. La Chine, au contraire, reste en plein essor et toujours aussi désireuse de s'ouvrir au vin. La France, et particulièrement Bordeaux, y réussit mieux que ses concurrents. Ses négociants et viticulteurs les plus audacieux et tenaces ayant ouvert le marché, elle en récolte les fruits. Et l'Amérique du Nord se redresse peu à peu. Or, les États-Unis sont en passe de devenir le premier marché mondial du vin.
Toujours au niveau mondial, l'OIV constate un recul du vignoble, principalement sous l'effet de l'arrachage financé par l'Union européenne. Ce programme, tant décrié lors de sa présentation, paraît finalement une bonne chose car il permet de repartir sur des bases assainies. Dans le même temps, le gouvernement semble décidé à tenir sa promesse d'alléger le coût du travail en agriculture, ce qui rendra les exploitations plus compétitives. Après tant d'années difficiles, l'horizon semble se dégager. Une bonne nouvelle pour tous les viticulteurs, particulièrement ceux qui sont en train de transmettre leur exploitation auxquels nous donnons la parole dans ce numéro spécial.