Transmettre, c'est « faire passer d'une personne à une autre », « communiquer ce que l'on a reçu », disent les dictionnaires. S'agissant d'une exploitation viticole, on pense tout d'abord aux terres, aux bâtiments, au matériel, aux stocks. L'expérience montre qu'il faut du temps pour mener l'affaire à bien. D'abord, il faut accepter de passer la main. Ensuite, il faut prendre les décisions les plus justes et les moins coûteuses pour soi, comme pour ses successeurs. Parce que le fisc « tire sur tout ce qui bouge avec un fusil à deux coups : le premier sur le cédant avec la taxe sur les plus-values et le second sur celui qui reçoit, avec les droits de mutation à titre gratuit ». C'est ce qu'a rappelé un intervenant lors d'une conférence organisée par le syndicat des vignerons de Champagne le 21 octobre. Ceux qui n'y prennent pas garde en paient le prix fort : des droits si élevés qu'il faut vendre ou s'endetter lourdement.
L'équité, au centre des discussions
S'il faut du temps pour transmettre, c'est aussi parce que le partage peut se solder par des déchirements familiaux s'il n'est pas ressenti comme équitable. Comme il est impossible de partager des biens en parts strictement égales autrement qu'en les vendant, l'un ou l'autre des enfants peut se sentir lésé. Aux parents de les écouter et de leur expliquer leurs choix. À eux d'organiser les réunions familiales et les concertations nécessaires.
Mais la transmission ne porte pas seulement sur les biens. Elle porte aussi sur le savoir-faire, le goût du métier et les qualités de chef d'entreprise. Autant de dispositions que nos prédécesseurs ont éveillées en nous et que nous avons développées par nos propres expériences.
Partant de là, chaque transmission constitue une histoire unique. Pour certains, les choses se sont passées idéalement. D'autres ont eu une bonne surprise après des années sans autre perspective que la vente. D'autres encore ont dû déchanter lorsque le successeur pressenti s'est ravisé. Dans tous les cas, c'est une affaire profonde, l'affaire d'une vie. Une bonne raison pour lire l'expérience de vos confrères.