« Nous travaillons depuis longtemps à la transmission des responsabilités, témoigne Bernard Bonnet, qui fut président de l'union de coopératives Plaimont pendant ces quinze dernières années. Plusieurs quadras se préparent à prendre les choses en main, mais encore faut-il qu'ils aient du temps à donner pour le collectif. Être président d'une structure comme Plaimont, qui commercialise tous ses produits et où il faut gérer à la fois l'amont et l'aval, demande un gros investissement. On finit par être présent au bureau quasiment quotidiennement. » Et pour cause : l'union, qui regroupe les caves de Saint-Mont, Aignan et Plaisance (Gers), compte 1 000 producteurs cultivant 5 300 ha de vignes. Elle emploie près de 200 salariés, commercialise 40 millions de bouteilles et a réalisé 70 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2010.
Parcours progressif
Accepter la fonction de président de Plaimont n'est donc pas une mince affaire. Cela résulte d'un parcours progressif au sein de l'union. Joël Boueilh, élu en mars 2011, a d'abord été administrateur de la cave de Saint-Mont. En 2005, il a été nommé délégué de cette cave au conseil d'administration de Plaimont. Puis, en 2008, il est devenu membre du bureau du groupement. Ces six années lui ont permis de saisir le fonctionnement et les rouages de l'union.
« En 2010, le bureau a été renouvelé et un poste de président délégué a été créé spécialement pour moi, précise-t-il. Je passais alors trois jours par semaine aux côtés de Bernard Bonnet dans les bureaux de Plaimont et j'ai pu commencer à appréhender la fonction de président. Je ne suis qu'un modeste vigneron de 43 ans. Tout cela n'est pas simple à aborder. D'autant que je dois aussi faire tourner mon exploitation. À l'époque, je compensais en travaillant chez moi le week-end. » Début 2011, Joël Boueilh a embauché un employé pour le suppléer sur son exploitation. Les indemnités que Plaimont lui verse en tant que président paient ce salarié.
« Prendre ses marques »
Pour se préparer à ses nouvelles fonctions, le jeune président a dû suivre des formations. Il a commencé par un cursus destiné aux responsables de coopératives. La première partie a eu lieu l'hiver dernier. La seconde débutera dans quelques semaines. Ensuite, il s'est formé à préparer des interventions orales et à prendre la parole en public. Important lorsqu'on est le porte-voix d'un millier de viticulteurs !
Pendant deux ou trois ans, il partagera encore certaines obligations avec Bernard Bonnet, le temps de « prendre ses marques ». « Je continue en effet à avoir des responsabilités à Plaimont, confirme l'ex-président. J'ai gardé des représentations dans les organismes régionaux et nationaux où Plaimont se doit d'être là, comme les chambres d'agricultures, Coop de France ou les interprofessions. Avec Joël, nous nous retrouvons une fois par semaine pour faire le point. Cela permet de passer le témoin en douceur. »
Une répartition des rôles qu'apprécie Joël Boueilh. « Un viticulteur seul ne peut pas assumer la responsabilité de Plaimont et le représenter dans tous les organismes périphériques, reconnaît-il. Aujourd'hui, j'ai le temps de voir comment vivent l'entreprise et la production. Je reste proche des vignerons et des présidents des caves, qui ont plus d'expérience que moi. Ce sont des relais très importants. Je dois d'abord trouver ma place et faire mes preuves en interne. »
L'avenir ? Le partage des responsabilités
« Un seul viticulteur ne peut pas suivre tous les dossiers concernant notre union de coopératives, souligne Joël Boueilh. Les réunions où Plaimont doit être représenté sont assez nombreuses pour occuper une personne à temps plein. Lorsque Bernard Bonnet, mon prédécesseur, arrêtera d'y aller, plusieurs administrateurs prendront le relais. Le partage du travail et des responsabilités est fondamental. Les viticulteurs doivent être acteurs au sein de Plaimont. De plus, les réunions du conseil d'administration sont plus vivantes lorsque chacun peut témoigner de ses expériences. »